Bien que les filles poursuivant des études techniques et scientifiques ou intégrant des écoles d’ingénieurs ne représentent encore que 15 à 20% des élèves, l’industrie aéronautique, avec l’aide d’associations telles qu’Airemploi ou Elles bougent notamment, est fortement mobilisée pour attirer une proportion plus importante encore de jeunes femmes. Cependant de sérieuses barrières subsistent au sein des entreprises, notamment dans les secteurs de l’automobile ou de l’aéronautique considérés comme plus « masculins », reconnaît d’Isabelle Yung-Lafargue, Présidente de Keonys.
En 2012Rapport de l’INSEE 2013, seulement 28% des postes du secteur industriel étaient occupés par des femmes. Un chiffre déjà faible qui diminue à mesure que l’on plonge dans les branches plus spécifiques du monde de l’industrie. Dans l’aéronautique et malgré des efforts pour recruter, le secteur ne compte encore que 20% de femmes dans ses effectifs source : GIFAS. Dans certains secteurs comme celui des logiciels PLM (Product Lifecycle Management), la présence des femmes est quasi inexistante, notamment dans les comités de direction.
Autre époque, autres mœurs : il est intéressant de rappeler que lors de la première moitié du XXe siècle et notamment pendant la Seconde Guerre Mondiale, la présence des femmes dans les industries d’armement aéronautique était forte voire encouragée. A la fin de la guerre, les hommes reprendront leur place dans les usines mais l’iconographie qui a débouché de cette parenthèse alimente toujours la lutte pour l’égalité homme-femme.
En France, il faut attendre 1947 pour que la notion de « salaire féminin » soit abrogée au profit d’un texte prônant l’égalité salariale. Pourtant, soixante-dix ans plus tard, malgré des progrès et une transition vers un équilibre des secteurs qui cimente le travail féminin, les femmes ne sont toujours pas égales devant l’emploi, notamment dans le secteur industriel.
Ces dernières années, les grands groupes industriels ont été à l’origine d’efforts qui ont considérablement fait progresser l’égalité hommes-femmes. Les médias et les associations ont eu un vrai rôle dans cette progression dictée notamment par l’adoption de textes de loi instaurant un gel des nominations et des quotas de présence au sein des grandes entreprises. En 2011, l’État Français a donné six ans aux entreprises pour mettre ce quota en place et recruter des femmes notamment dans les grandes entreprises et les ETI où la présence de femmes ne doit pas descendre en dessous de 40%.
A l’heure de cette échéance, force est de constater qu’il y a eu des avancées significatives. Cependant de sérieuses barrières subsistent au sein des entreprises, notamment dans les secteurs de l’automobile ou de l’aéronautique considérés comme plus « masculins », contrairement au milieu du pétrole où la place des femmes est assez forte. Si les femmes peinent à se faire une place dans ces secteurs encore trop genrés, celles qui parviennent à des postes à hautes responsabilités sont plus rares encore. Une segmentation qui prend déjà racine dans les promotions universitaires de ces secteurs qui se conjuguent davantage au masculin qu’au féminin. Face à cela, les écoles, notamment d’ingénieurs, travaillent à féminiser leur population pour permettre une multiplicité de profils pour un même poste.
La France prend de plus en plus de mesures pour redresser ces inégalités. Dans le concert des nations, elle se place d’ailleurs en bonne position, face à des pays comme l’Allemagne où il est encore très mal vu que des femmes avec enfants en bas-âge travaillent. L’hexagone a la chance d’affranchir ses femmes de ce jugement- là. En effet, même si la maternité reste vecteur de préjugés dans le monde du travail, la France est un pays qui permet aux mères de famille de travailler et de faire carrière.
Aujourd’hui, 3 créateurs d’entreprises sur 10 sont des femmesSelon l’APCE. Soutenu par de nouvelles mesures financières, fiscales et sociales, l’entrepreneuriat féminin bénéficie d’initiatives relatives à la création d’entreprise comme des prêts préférentiels, des réseaux de contacts ou des célébrations de ses icones qui osent, entreprennent et innovent dans ce qui reste encore majoritairement un monde d’hommes. Ces mesures se démocratisent de plus en plus et ouvrent aux femmes l’accès à l’entrepreneuriat, même si l’écart perdure dans les faits comme dans les esprits.
Aujourd’hui, les réseaux sociaux ne permettent plus seulement d’amplifier des phénomènes sociétaux, mais de les faire émerger jusqu’à ce que la presse s’en saisisse. L’utilisation de plateformes telles que Youtube et Twitter pour interpeller les sphères du politique et du monde de l’entreprise est de plus en plus fréquente. Il suffit de voir la viralité et les conséquences d’une vidéo postée par une interne de médecine en début d’année pour comprendre l’importance de ces canaux notamment auprès des nouvelles générations.
Devenu un véritable contre-pouvoir en inversant la chaîne médiatique, les réseaux sociaux se structurent autour d’acteurs comme #JamaisSansElles, un mouvement en faveur de la mixité, ou la Commission « Femmes du numérique » du SYNTEC, qui incarne une communauté mettant en avant l’action des femmes dans ce domaine. Dans ce contexte, les nouvelles générations émergent, de plus en plus décomplexées sur ces questions. Les millenials et leurs aînés disruptent ainsi les enjeux féministes : pour la première fois, les hommes défendent les droits des femmes et franchissent la barrière de ces combats jadis uniquement féminins.
Pour ces générations qui n’ont presque connu que l’école mixte, des mères au travail et des femmes indépendantes, la mixité dans le monde professionnel n’est pas un obstacle : elle est nécessaire car elle apporte notamment davantage de performance, d’innovation ou d’équilibre. Cette pensée progressiste, en décalage avec les grandes entreprises, pousse les nouvelles générations en quête d’égalité à se diriger vers des entreprises qui délaissent des valeurs trop hiérarchiques ou paternalistes.
Isabelle Yung-Lafargue
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Bonjour,
s'il n'y a que 28% de femmes dans le secteur industriel et que 20% dans le secteur aéronautique, la raison est aussi à chercher par exemple dans les choix des études. Par exemple, en école d'ingénieur, il y a moins de 30% de filles. Et encore, ce chiffre a augmenté depuis quelques décennies. Alors, si on considère qu'il faut 30 ans pour arriver aux plus hautes fonctions dans une entreprise et qu'il y a une certaine logique à ce que les grandes entreprises industrielles soient plutôt dirigées par des ingénieurs (quel qu'en soit le genre/sexe) que par des financiers ou des juristes, ça explique que finalement, un Comex "normal" ait environ 30% de femmes dans 20 à 30 ans.
Lorsque vous dites qu'il subsiste beaucoup de barrières dans l'industrie aéronautique, je ne suis pas d'accord avec vous et cela ne correspond absolument pas à ce que je vois depuis 15 ans que je travaille dans l'industrie aéro.
Je pense très sincèrement qu'une femme attirée par les métiers de l'aéronautique aura exactement les mêmes chances qu'un homme et sera traitée de la même manière dans son évolution de carrière et ce à tous les niveaux : du compagnon au cadre sup.
Ce qui fait la différence lors d'une embauche et d'une évolution de carrière, c'est l'attrait du métier, la motivation et l'implication. Ces histoires de quotas me choquent énormément .
D'autant que pour les professions très féminisées, personne ne trouve rien à redire. Par exemple, saviez-vous que les promotions de l'école de la magistrature comptent 80% de femmes? (alors que l'on pourrait penser que la parité serait souhaitable pour une équité de traitement du justiciable)
Alors s'il vous plaît arrêtons de parler de barrières, il n'y en a presque plus et les dernières sont en train de tomber (ex pilote de chasse, sous-marinier), parlons d'attrait pour les différents métiers de l'industrie.
Et arrêtons de parler de quotas et laissons les professionnels parler de leur métier pour laisser les jeunes femmes et hommes choisir une filière en connaissance de cause et sans préjugés.
Ce qui est discriminant c'est de vouloir à tout prix faire augmenter la proportion de femmes dans certain milieux. Il ne devrait pas y avoir de barrières pour les femmes pour occuper tel ou tel poste, par contre je ne vois pas pourquoi ça devrait être facilité à outrance. Il n'est pas "anormal" de ne pas avoir une proportion de 50/50 dans tous les métiers. Personne ne s'inquiète que des métiers comme sage femme soient occupés (très) majoritairement par des femmes (ou que les éboueurs soient en majorité des hommes ...).
Pas mieux...
Imposer la parité 50/50 dans tous les domaines est une ineptie colossale ! Et personne ne parle de compétence (l'accès aux écoles est ouvert depuis longtemps) et encore moins on ne parle de gout et d'envie pour les "uns" ou les "unes" de faire tel ou tel métier !
Je conçois que 50% des sage-femmes ne soit pas des hommes car un homme n'a pas l'envie de faire ce métier et que les mamans ne soient pas encline à se faire accoucher par des hommes... Je conçois que 50% des éboueurs ne soient pas femmes parce qu'elles ne veulent pas ! Doit-on imposer 50% de femme éboueur ?
On se retrouve devant des cas fabuleux ou telle entreprise ou ministère ne peux pas embaucher un homme très compétent et plébiscité parce qu'il faut 50% de femme dans le conseil... Femmes qui n'ont pas forcément envie de faire ça et on embauche quelqu'une même à compétence moindre ou sans envie...
J'ai dans mon métier aéro un secteur exclusivement féminin : la préparation des cires de moulage des aubes de réacteur : l'expérience montre qu'il n'y a rien de mieux que des femmes pour ces taches très méticuleuses et précises. Les hommes ne sont pas performants dans le domaine. Mais à 100 mètres de là, ce ne sont que des hommes qui manient le métal fondu par paquets de centaines de kilos devant des fours à 800°C... Ici pas une femme...
Soyons sérieux : ce qu'il faut c'est faire disparaitre la discrimination à l'embauche et aux salaires, mais pas imposer une parité numéraire sans fondements.