Londres anticipe le remplacement de ses drones Reaper. Le futur appareil sera encore mieux armé et il pourra circuler dans l’espace aérien contrôlé européen. La France, qui doit de son côté réceptionner prochainement son deuxième système de drone Reaper, se heurte au défi de former les équipages.
En juillet dernier, les Britanniques avaient profité du salon de Farnborough pour annoncer le choix du drone General Atomics CPB (Certifiable Predator B) alias « Protector » : en fait un MQ-9 Reaper modernisé et conçu pour opérer dans l’espace aérien contrôlé.
Cinq mois plus tard, les Etats-Unis viennent de donner leur accord tout en précisant le volume de la commande : seize appareils et huit stations de contrôle dans un premier temps, avec une option sur dix appareils et quatre stations supplémentaires. Si l’on ajoute quelques autres équipements de communication et des charges utiles spécifiques, la facture atteindrait un milliard de dollars.
Les premiers appareils basés en Grande-Bretagne
C’est une belle réussite pour l’américain General Atomics : après avoir placé son Reaper dans quatre pays européens (Grande-Bretagne, France, Italie et Hollande), la société pousse un peu plus loin encore son avantage avec une nouvelle itération de son best seller spécifiquement pensée pour une insertion dans les espaces aériens contrôlés.
Une fenêtre s’ouvre donc pour les Britanniques qui pourront baser leurs appareils chez eux, ce qui n’est pas le cas des Reaper actuellement utilisés par la Royal Air Force. Celle-ci les avait reçu en 2007 dans le cadre d’une urgence opérationnelle née de l’engagement en Afghanistan. Les premiers Reaper étaient arrivés à Kandahar en octobre de cette année là.
Sept ans plus tard, quittant Kandahar, la Grande-Bretagne envisageait de se séparer de ses engins inutilisables en Europe parce que non autorisés dans l’espace aérien. C’est alors que commencèrent fort opportunément les combats contre l’Etat Islamique en Irak et en Syrie. Les Reaper ont donc filé directement vers le Moyen-Orient sans avoir à toucher terre en Grande-Bretagne. Ils seraient aujourd’hui basés dans la région d’Erbil, au Kurdistan irakien.
Le Protector, un Reaper plus agressif
En choisissant de remplacer ses 10 Reaper actuels par 26 Protector, Londres fait un important en bond en avant en quantité et en qualité. Pour mémoire, la France ne dispose à ce jour que d’un seul système Reaper (c’est à dire trois aéronefs). Un deuxième commandé en décembre 2015 sera livré dans les semaines à venir et un troisième est attendu en 2019.
Les illustrations de General Atomics montrent que le Protector sera très proche du Reaper mais avec une voilure allongée et renforcée, dotée de six points d’emports (au lieu de quatre sur le Reaper). L’endurance est donnée pour une quarantaine d’heures, avec un plafond opérationnel de 45.000 pieds. Il va sans dire qu’évoluant à moyenne altitude et chargé comme un mulet, le Protector tiendra l’air beaucoup moins longtemps…
Pas de pilote à bord, mais des équipages nombreux au sol
Tous les utilisateurs de drones s’accordent à dire que plus les engins sont nombreux, plus ils sont utilisés : l’offre crée la demande. Revers de la médaille, les avions sans pilote (à bord) sont paradoxalement très demandeurs en ressources humaines et à ce titre très coûteux à l’emploi. La France qui utilise trois Reaper depuis Niamey au Niger déploie quatre équipages complets qui se relaient jour et nuit pour la mise en œuvre des appareils.
Chaque équipage est composé d’un « pilote à distance », d’un officier renseignement et d’officiers « capteur » et « image ». Le drone coûte donc cher en main d’œuvre et celle-ci se fait rare, faute de motivation. Difficile de trouver des volontaires pour passer six mois loin de la maison et devant un écran…
Le cas des « pilotes à distance » est le plus difficile à gérer, tant il est difficile de les motiver : le port de la combinaison de vol ne suffit pas pour oublier que le siège sur lequel ils sont assis est immobile. La frustration est d’autant plus grande que les Reaper français ne sont toujours pas armés. Il se dit dans les milieux autorisés que larguer une bombe depuis un avion serait moral, le faire depuis un drone ne le serait pas…
Frédéric Lert
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Intéressant.
Pour avoir discuté de ces matériels : avec des personnels USAF il y a quelques jours à Aviation Nation (où un Predator et un Reaper étaient exposés cote à cote)
Le Predator a un Rotax de 115ch et emporte de mémoire 2 bombes de 250 livres.
Le Reaper est sensiblement plus gros, a un turboprop Garrett de 600ch ... Il emporte 2 (ou 4 ? j'ai un doute) bombes de 250 livres et 2 (ou 4) Hellfire ...
Et désormais le Protector (qui a un nom un peu moins sinistre) ... La famille se porte bien !