Emmanuel Macron s’est engagé à livrer à l’Ukraine les Mirage 2000-5 de l’Armée de l’Air et de l’Espace avant la fin de l’année. Il ne reste donc que six mois pour former les pilotes sur l’avion et sur la mission, mais aussi le personnel de maintenance. L’armée de l’Air et de l’Espace est invitée à s’investir lourdement dans cette tâche, mais rien ne sera simple !
La formation des pilotes et des techniciens est une question essentielle. Sébastien Lecornu avait expliqué en début d’année que le MCO (Maintien en Conditions Opérationnelles) du Mirage présentait « des défis terriblement compliqués ». Quatre mois plus tard, ce ne serait plus le cas ?
L’Ukraine, qui est sans doute impliquée jusqu’au cou dans la réception des premiers F-16, se charge là d’un sacré fardeau. A moins que la France ait fait le forcing pour livrer des Mirage pour des questions d’affichage ? Et que le président ukrainien n’ait pas eu la possibilité de refuser le cadeau ? Souvenons-nous que la Suède, ayant bien noté que l’Ukraine souhaitait se concentrer sur le F-16, a renoncé à donner des Gripen à Kiev.
Parlons maintenant de l’entrainement des pilotes. On sait que des jeunes pilotes ukrainiens sont actuellement en formation sur Alphajet. Si l’Ukraine compte sur eux pour mettre en oeuvre les Mirage, les choses sont claires : les avions ne pourront pas être utilisés efficacement dans le ciel ukrainien avant plusieurs mois ou plusieurs années !
Sans compter que tout escadron nouvellement formé ne possèdera pas de cadres expérimentés sur l’avion et la transmission du savoir sera pour le moins embryonnaire. A moins que des Français s’y collent ? Un passage des futurs pilotes sur Mirage 2000B biplace semble également indispensable, sans que cela soit toutefois une règle absolue. F-35 et F-22, pour ne citer qu’eux, ne donnent pas le choix à leurs pilotes en formation : c’est le monoplace direct après une bonne dose de simulateur. Mais la France n’est pas riche en simulateurs de Mirage…
La troisième escadre de Nancy, qui regroupe Mirage 2000D et Mirage 2000B, dispose de trois entraineurs de vol et un seul FMS (Full Mission Simulator). Tous offrent une cabine biplace… de Mirage 2000D avec pilote devant et navigateur derrière. Un antique simulateur monoplace de Mirage 2000C, hérité du 2/5 Ile de France, complète la panoplie. Les entraineurs de vol et FMS peuvent toutefois simuler des phases de pilotage « fines », comme le décollage en patrouille serrée ou le tir canon air-sol, ce qui pourra être utile aux Ukrainiens.
L’Armée de l’air ne dispose plus par ailleurs que de six Mirage 2000B biplaces. Donc trois ou quatre disponibles à l’instant « T ». Ces avions suffisent tout juste aujourd’hui à satisfaire les besoins français pour la formation des pilotes de Mirage 2000-5 et de Mirage 2000D de Nancy. Equipés de radars RDI, ils ne sont d’ailleurs pas adaptés à l’entrainement au combat avec les missiles MICA.
A la question des avions s’ajoute aussi celle des instructeurs : le vivier de pilotes disponibles, qui avait été largement hérité de l’escadron 2/5 Ile de France d’Orange, est pratiquement épuisé. Une première solution palliative mise en place à Nancy consiste à prendre des pilotes opérationnels de Mirage 2000D et à leurs confier également des missions d’instruction sur les 2000B. L’autre solution est de faire appel à des pilotes abonnés ou des réservistes. Mirage 2000D, 2000B et -5 : la communauté Mirage française jongle depuis plusieurs années déjà entre les avions, les standards, les missions et les équipages. L’arrivée des Ukrainiens va ajouter une délicieuse dose de complexité, avec sans doute quelques bouleversements à venir dans les planifications. Gros changements de couleurs en vue dans les tableaux Excel !
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Si la France devait céder tout ou partie de ses 2000-5, elle pourrait, afin de palier la déflation de son parc d'avions de chasse, céder sa place dans les tours de l'Air Baltic Policing, qui monopolise quatre appareils pendant quatre mois tous les deux ans.
J'ai 2 questions ingénues :
• Qui paye tous ces avions ?(et tout le reste) sur quel budget ?
• Si Poutine sort des décombres sur le sol russe les débris identifiables d'un missile estampillé français, et s'il riposte par un missile classique (non nucléaire) genre thermobarique sur une base française "Mirage", quelle serait alors la marge de manoeuvre pour la riposte ?
Devant l'imprévisibilité du soutien américain, notamment dans la perspective des élections présidentielles et d'une éventuelle victoire de Trump, le Mirage présente, face au F16 et au Gripen, l'avantage d'un matériel non américain (les réacteurs et les commandes de vol électriques du Gripen son US).
Par ailleurs, comme indiqué dans l'article 2/4, plusieurs nations envisagent de se séparer de leurs Mirage 2000-5 ou -9 dans les proches années à venir.
Pour peu que ces cessions puissent être anticipées, les 24 grecs, les 18 qataris, et la grosse soixantaine des Emirats Arabes Unis, forment une petite centaine d'appareils "disponibles" à moyen terme.
Sans compter une cinquantaine de 2000D qui pourraient abonder ce parc.
Le Gripen étant un appareil plus récent, les nations qui l'emploient ne sont pas aussi enclines à les céder.