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Défense

30 Rafale égyptiens qui renforcent la stature internationale de Dassault

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Frédéric Lert

Avec un total de 336 commandes, le Rafale a d’ores et déjà acquis une stature internationale solide qui confère à Dassault Aviation une rare légitimité, au plan mondial, dans le domaine des avions de combat. Autant d’atouts qui placent l’avionneur français en position avantageuse dans le cadre d’une complexe coopération internationale autour du Système de combat aérien du futur (SCAF).

Le Caire a donc annoncé la signature de trois contrats distincts, avec Dassault Aviation, Safran et MBDA, pour un montant global de 3,75 milliards d’Euros. Avec ces trente avions supplémentaires, l’Egypte disposera d’une flotte totale de 54 appareils, devant l’Inde, le Qatar et la Grèce (respectivement 36, 36 et 18 appareils).

On le souligne volontiers chez Dassault Aviation : un client qui revient sur un produit est un client satisfait. De ce fait, la vente de 30 appareils supplémentaires à l’Egypte, six ans après la première commande de 24 avions qui avait lancé la carrière internationale du Rafale, est un signe fort qui sera reçu 5/5 par tous les prospects actuels. La première commande avait d’ailleurs eu un effet d’entrainement sur le plan international ; la seconde aura-t-elle le même effet bénéfique ?

Passage obligé à la cadence 2

Les avions commandés seront au standard F3R, qui est aussi en service au sein de l’Armée de l’air et de l’espace et de la Marine nationale et qui se distingue notamment par l’intégration du missile Meteor, de la munition AASM à guidage terminal laser et du pod de désignation Talios.

Le premier appareil sera livré trois ans après l’entrée en vigueur du contrat, ce qui nous amènera à l’horizon 2024, avec un puzzle industriel qui se présente plutôt bien pour Dassault. Les trente avions devraient être fabriqués en trois ans, ce qui correspond peu ou prou à une « cadence 1 », c’est à dire un avion par mois. Mais d’autres clients devront être livrés sur la même période, ce qui se traduira alors à Mérignac par une cadence 2 (deux avions par mois) globale.

2021 sera-t-elle l’année du Rafale, avec un, deux ou trois nouveaux clients à l’export ? © Dassault Aviation

Pour mémoire, les livraisons à l’Inde et au Qatar se termineront en 2022. Les pistes de Mérignac vibrent en ce moment au rythme des vols d’essais, de réception et de livraison pour ces deux clients. Prendront ensuite le relais sur les chaines d’assemblage les commandes pour la France et la Grèce. Avant la commande d’Athènes, il était prévu de fabriquer 28 avions pour la France. Or ces appareils seront désormais complétés par 6 Rafale neufs pour la Grèce et 12 pour l’Armée de l’air, ces derniers étant destinés à remplacer les douze appareils d’occasion cédés à Athènes. Le grand total donne donc 46 avions à construire à partir de 2022.

Ces fabrications ne seront pas achevées quand commencera l’assemblage des trente appareils égyptiens. Et enfin devrait débuter en 2027 la fabrication de la cinquième tranche de Rafale, 30 appareils prévus par la loi de programmation militaire dont la commande est attendue en 2023 et qui devrait faire tourner la chaine jusqu’en 2030 au moins.

Dix ans de visibilité sur la fabrication du Rafale, c’est exceptionnel et permet de lever nombre d’hypothèques sur l’approvisionnement des pièces dont les cycles sont les plus longs.

Au-delà de cette seule question du plan de charge industriel, la commande égyptienne vient à point pour renforcer la position de Dassault Aviation dans le cadre du programme SCAF.

La vie d’un avionneur est une marche en avant perpétuelle qui se fait en prenant appui sur une génération d’appareils pour préparer la suivante. Les avions de combat signés par la maison Dassault remplissent ce rôle sans faillir depuis 70 ans. On avait pu craindre que le Mirage 2000 représente une ultime réussite commerciale, avec 600 appareils fabriqués, utilisés dans neuf pays.

Le Rafale dans le sillage commercial du Mirage 2000

Le Rafale est à présent sur la bonne pente pour accrocher ce niveau de vol : on en est aujourd’hui à 336 appareils commandés et cinq pays utilisateurs. Une masse critique qui signifie que le programme va vivre encore plusieurs décennies : les standards vont se succéder bien au-delà du F4 actuellement en préparation.

Au-delà du seul avion, l’Egypte compte également sur les armements associés au Rafale, et en particulier les missiles de croisière, pour conforter sa stature régionale. © Dassault Aviation

Le Typhoon porté par quatre pays a dépassé quant à lui les 600 exemplaires utilisés par neuf pays. Des chiffres étonnamment proches du Mirage 2000, avec cette différence bien entendu que les fruits du Mirage 2000, comme ceux du Rafale d’ailleurs, ne vont que dans la corbeille de la France alors que ceux du Typhoon sont à partager entre les quatre pays partenaires.

Le SCAF en ligne de mire

Un programme Rafale solide est également synonyme pour Dassault et ses partenaires, Safran et Thales, d’argent qui rentre, de capacité d’autofinancement (à condition de ne pas être excessivement généreux avec les actionnaires…) mais aussi de meilleure visibilité sur le long terme. Quand on est adossé à un solide carnet de commandes, on est en meilleure position pour engager un bras de fer dans le cadre d’une coopération internationale exigée par le pouvoir politique…

Eric Trappier pensait-il à ce contrat égyptien quand il mettait les pieds dans le plat devant les sénateurs français en mars dernier ?  Pensait-il également aux autres compétitions et prospections en cours ?

Si les Egyptiens sont satisfaits de l’avion et de ses armements (on évoque ici ou là l’emploi de missiles de croisières MBDA par leurs appareils) il semble inconcevable que les Indiens ne le soient pas. Or les besoins de l’Inde sont immenses et les appels d’offre en cours portent sur plus de 150 appareils pour la force aérienne et la marine. On imagine mal que les Indiens aient autant investi pour l’intégration du Rafale dans leurs forces, pour ensuite se limiter à une flotte de 36 appareils.

Dans l’attente de futurs contrats export pour le Rafale

Encore plus à l’est, l’Indonésie revient avec beaucoup d’insistance dans la liste des acheteurs potentiels. Plus près de nous figurent également les Emirats Arabes Unis et la Croatie. La technique entre en jeu, les méthodes de financement, mais aussi les partenariats stratégiques qui se nouent ou se dénouent.

Nul n’ignore dans le monde que la France connaitra une élection présidentielle l’an prochain. Sera-t-elle synonyme d’inflexions de la politique française ? Avant de se choisir un fournisseur, les pays clients aiment être certains de sa fiabilité sur le long terme.

Reste enfin la Suisse et la Finlande. Pour ces deux pays, les dés sont jetés et les décisions peut-être même déjà prises. Ce ne sont pas le choix des Egyptiens qui les influenceront. Tout au plus, on peut l’espérer, ce sera de nature à les conforter…

Frédéric Lert

 

 

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Selon le site croate jutarnji, principale organe de presse du pays, le gouvernement aurait porté son choix sur l'offre française, portant sur 12 Rafale d'occasion, au détriment de F16 et de Gripen.

  • Selon le site américain breakingdefense, l'Egypte serait fortement intéressée par le futur standard F4 du Rafale, et compterait acquérir un lot supplémentaires d'appareils dans les années a venir, afin de porter sa flotte de 72 à 100 appareils.
    Cet intérêt pour l'avion français proviendrait en partie du refus américain de moderniser les F16 égyptien, ou du moins de limiter cette modernisation, en réprimande à l'acquisition par le Caire d'appareil russes.
    Il semblerait par ailleurs que le partage de données entre les Rafale, les Mig29 et les S-35 égyptiens serait particulièrement efficiente.

  • La conclusion du contrat indonésien est imminente, pour une trentaine d'appareils.
    Le ministre indonésien de la défense a signé l'accord qui n'attend plus que le paraphe du président pour libérer la ligne budgétaire.
    La décision croate devrait être prise à la fin du moi de mai.
    Selon la presse du pays le Rafale (des Rafale d'occasion compensés par un achat d'appareils neufs pour l'Armée de l'Air française) serait en courte finale face au F-16.
    Les suisses doivent se prononcer à la fin du moi de juin. Mais la compétition s'annonce plus serrée en particulier face au Super Hornet. de Boeing.

  • Est-ce qu'avec cette commande, la cadence de fabrication va enfin passer d'artisanal à industriel ?

    • C'est indiqué dans l'article. Cadence de deux Rafale par moi jusqu'en 2027, puis au moins un par moi assuré jusqu'en 2029. (Actuellement Dassault est à un appareil par moi)

  • @Sommer
    Navré, cher monsieur, je ne suis ni militaire, ni actionnaire de Dassault, et mon but n'était d'impressionner personne, même si visiblement vous avez été vexé.

  • @Sommer... En sommes vous êtes comme les platistes. Vous contestez tout et êtes incapable de fournir une preuve de votre antithèse.
    Les arguments de M.Jost sont plus que suffisant pour que ce soit à minima à vous d'exposer des contres arguments. Quant à votre parallèle avec des banques d'affaires il est évident qu'ils font références dans le domaine de la gestion du risque...

  • J'ai du mal à comprendre le renforcement de la stature internationale du Rafale, l'Egypte étant le premier client du Rafale, ce n'est pas un nouveau client ! De plus le financement du contrat qui fait porter un risque direct sur le contribuable Français en cas de non payement, interroge plus que le succès très relatif de cette vente !

    • C'est un renforcement de la stature de Dassault dans la branche militaire.
      Même si l'Egypte était déjà cliente du Rafale, le fait qu'elle en recommande prouve aux potentiels clients, qu'à l'usage elle est satisfaite de l'appareil.
      Plus Dassault vend de Rafale, plus les potentiels clients sont rassurés sur la pérennité de l'appareil, de ses futures évolutions, et la disponibilité des pièces à très long terme.

      Concernant la garantie financière de l'état, l'Egypte est un client de longue date des entreprises de défense françaises (récemment, corvettes GOWIND, BPC Mistral, frégate FREMM, Rafale, satellite de défense ... ) et elle n'a jamais fait défaut dans ses paiement.
      Les autres pays exportateurs pratiquent les mêmes garanties financières, comme par exemple l'Allemagne pour ses corvettes MEKO.
      Il faut quand même préciser que l'état garantie 80% car 20% sont réglés en acompte à la commande, et que si le client ne règle pas, les appareils ne sont pas livrés. Le risque est donc tout à fait relatif puisqu'un Rafale peut être réorienté vers un autre client ou vers une commande française.

      • Merci pour votre réponse, mais elle ne me convainc absolument pas. C'est une réponse typique de militaire ou d'actionnaire de Dassault ! De la propagande quoi ! L'argument de la pérennisation de matériels appréciés est erroné, l'Egypte étant déjà un client captif depuis longtemps. Leur recommande n'a pas de réel impact sur le prestige du Rafale, c'est ce qu'ils (les Egyptiens) ont toujours fait du temps des mirages ! Dites moi donc qui pensez vous impressionner, à part vous mêmes ? :) Quand à vos certitudes sur la solvabilité de l'Egypte, quelle drôle de démonstration. Parce qu'on leur vend déjà tout un ensemble de matériels qu'ils doivent payer, y a jouter une charge supplémentaire vous donne l'assurance d'une sécurité de paiement dans la mesure ou ils n'ont jamais fait défaut jusqu'ici ! Décidément, vous n'avez pas de notions de management du risque cher monsieur ! Dans une banque d'affaire, on vous montrerait la porte avec des arguments comme ceux-ci.

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