La Russie rend hommage à Pavel Osipovich Sukhoi, ingénieur aéronautique, dont le bureau d’études OKB Sukhoi, fut fondé durant l’été 1939. Pourtant, si en 2019, plus de 90% des chasseurs et chasseurs-bombardiers commandés pour l’armée russe sont des Sukhoi, l’avionneur a bien failli disparaître après la guerre…
Pavel O. Sukhoi, est né le 22 juillet 1895 à Glubokoye, un village de Biélorussie. De 1925 à 1938, il fut ingénieur auprès de l’institut aérodynamique TsAGI, et du bureau d’études OKB Tupolev. En 1938, il n’était pas l’aérodynamicien le plus en vue auprès du Politburo : les OKB de N. Polykarpov et A. Tupolev régnaient à la tête de la recherche aéronautique militaire. Mais depuis 1925, Pavel Sukhoi étudiait un monomoteur à haute altitude, le futur Su-1, alors qu’il oeuvrait encore chez Tupolev. Cela suffit à convaincre les dirigeants d’URSS, qui lui octroyèrent son propre bureau d’études, l’OKB Sukhoi, en 1939.
Pendant la guerre, les performances des Sukhoi étaient jugés médiocres par les autorités qui leur préféraient les chasseurs Yak, Ilyushin, et MiG pour une production massive. Après 1947, Sukhoi faillit même rater la révolution du réacteur, et disparaître, en développant des dérivés du Me-262, les Su-9 et 11, inférieurs au MiG-15.
Jusqu’en 1958, les MiG et les Yak avaient les faveurs de l’armée. Sukhoi était marginalisé. Seulement, en 1958, le vent tourna en faveur de Sukhoi, qui sortit le Su-7, 1er bombardier mono-réacteur Mach.2 russe. Après 1970, les Su-7 B ont remplacé la totalité des bombardiers nucléaires tactiques et d’appui-feu.
L’armée russe appréciait les performances des avions tactiques Sukhoi, au point qu’une lignée de dérivés du Su-7B, fut mise au point, culminant avec le Su-17 M3 de 11,2 t. de poussée max. (avec PC), avec 4,2 t de bombes. Dès 1975, sont apparus les Su-24, bombardiers tout temps avec 8 t. de bombes : la frayeur de l’OTAN. Le Su-24 a été développé en un temps record de 26 mois seulement, et demeure opérationnel de nos jours, notamment en Syrie.
Son contemporain, le Su-25, un jet « anti-guérilla » blindé, a été développé bien avant la guerre d’Afghanistan – où il s’est illustré – sur une intuition technico-opérationnelle que d’autres bureau d’études n’avaient plus à l’époque pour les bombardiers légers. Il est toujours en service.
Dans les années 80, Sukhoi s’imposa avec un chasseur au potentiel inédit : le Su-27. L’achat de centaines de Su-27/Su-30MKK par la Chine, et Su-30 MKI par l’Inde, a sauvé la marque, menacée de disparition avec l’URSS. Le Su-27 a donné naissance à des dérivés tels que le Su-34, un « inclassable » alliant les qualités air-air du 27, et le potentiel du bombardier nucléaire Su-24.
De nos jours, les Su-35 et 57 défient les lois de la gravité en poussée vectorielle, et étendent la notoriété de la marque jusque dans les chaumières d’occident.
François Brévot
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La photo prise à Varsovie me rappelle à quelle point il est fascinant de voir des avions et autres matériels militaires, dans des endroits pour le moins surprenant des pays de l'Est (stations services, cours de HLM, champs de blé, etc.)
Article bien documenté
Le plaisir de lire et découvrir un auteur avec beaucoup d'objectivité. Bel article qui enrichit une éventuelle encyclopédie.
Toujours très agréable de recevoir de tels commentaires. Merci, en fait il faut toujours prendre du recul, notre passion étant pavée d'idées reçues. J'ai eu l'occasion de faire de plus longs développements sur ces matériels Sukhoi avec photos à l'appui, dans plusieurs bouquins. Je préfère être en-dessous de ces avions, avec un peu de matériel photo. Les Flanker sont une " drogue dure", une fois qu'on y a goûté.