Après son expulsion du programme F-35, Ankara cherche maintenant à étoffer son parc de F-16. En attendant la mise en service de l’hypothétique TF-X de fabrication locale ?
En juillet 2019, la Turquie a été chassée du programme F-35 pour avoir acheté le système de missile sol air S400 auprès de la Russie. Deux ans plus tard, le pays adresse aux Etats-Unis une demande portant sur l’achat de quarante F-16 block 70 (déjà utilisés par le voisin grec) et près de 80 kits de modernisation pour sa flotte déjà en service. Le montant de la transaction serait d’environ 6 milliards de dollars selon les médias turcs.
Rien n’est fait toutefois, parce que rien n’est clair avec la Turquie. Le pays est membre de l’Otan, il a même été longtemps le pilier de l’Alliance Atlantique en Méditerranée (attention, oxymore de qualité !) avec ses gros bataillons positionnés sur le flanc sud de l’URSS. Ce rôle clef vu de Washington avait permis aux Turcs d’envahir tranquillement en 1974 la partie nord de l’Ile de Chypre.
Pour obtenir ses F-16, la Turquie ressort la menace russe, évoque la défense du flanc sud de l’Otan et le déséquilibre régional créé par l’acquisition de Rafale par la Grèce . Pas certain que le Congrès américain, qui a son mot à dire dans les ventes d’armes, gobe ces histoires d’ogres destinées à faire peur aux enfants. D’autant que s’ajoute à cela des histoires de gros sous : la Turquie juge injuste et illégale son éviction du programme F-35, pour lequel elle fabriquait en source unique plusieurs centaines de pièces. Elle explique avoir investi 1,4 milliards de dollars dans l’avion, une somme qu’elle voudrait voir déduite de sa facture pour l’achat des F-16.
La présentation officielle du démonstrateur est attendue pour mars 2023, mais rien n’est gagné pour l’instant : il y a loin de la fabrication sous licence de F-16 à la conception d’un chasseur moderne et de sa motorisation.
La clef de voute des capacités turques repose aujourd’hui sur une flotte de plus de 250 F-16 dont les capacités sont très variables : il y a un monde entre les block 30 entrés en service en 1987 et les block 50, et leur itération block 50+, dont l’achat fut financé dans les années 1990 par les états du Golfe et qui furent également assemblés localement. Avec Turkish Aerospace Industries, Ankara dispose de certaines capacités technologiques en interne, qui lui permettent par exemple de moderniser une partie de sa flotte (ou de celles de pays tiers) et d’en augmenter le potentiel pour la faire durer. Mais un saut qualitatif, avec le passage au block 70, ne pourra se faire qu’avec le feu vert américain et l’appui de Lockheed Martin.
Frédéric Lert
légendes
1
F-35 ou F-16 block 70, dans tous les cas c’est Lockheed Martin qui gagne ! 47 ans après le premier vol du YF-16, le chasseur léger de General Dynamics continue de faire le bonheur de l’industrie américaine…
2
Avec officiellement 270 appareils mis en service au fil des ans, la Turquie possède l’une des premières flottes au monde de F-16 après celle des Etats-Unis. © Lockheed-Martin
Les hélicoptères Puma HC2 âgés d’un demi-siècle seront retirés du service en 2025. Ils seront… Read More
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More