L’abordage de deux Rafale C de l’armée de l’Air et de l’Espace pendant le meeting de Cognac le 22 mai 2022 aurait pu avoir une fin tragique. Les dégâts ne furent toutefois que matériels sur les deux avions impliqués. Le rapport publié par le Bureau Enquêtes accidents pour la sécurité de l’aéronautique d’Etat est une fois de plus aussi édifiant que passionnant à lire.
Lors du Meeting National Air de Cognac en 2022, la patrouille « Vautour Bravo » effectue une présentation tactique basique. Après un « show of force » en formation de manoeuvre offensive (FMO) sur l’axe de présentation, le leader fait un virage serré à droite puis cabre plein réduit pour effectuer une oreille par la gauche et permettre à son équipier de le rassembler en patrouille serrée. Voici l’abordage tel que le présente le rapport : « Le leader a une vitesse plus faible que d’habitude. L’équipier arrive derrière le leader par le dessous et, constatant une vitesse de rapprochement importante, lui demande d’accélérer. Le leader augmente la puissance et rend la main. L’équipier le percute alors par le dessous ». Deux chocs successifs se produisent et provoquent notamment la perte de la partie haute de la dérive de l’équipier et des dommages importants sur le plan canard droit du leader.
La patrouille annonce alors l’arrêt de la démonstration à la radio et le contrôle aérien déclenche immédiatement le klaxon crash. Les deux avions restent pilotables et reviennent se poser. Les deux aéronefs sont fortement endommagés, les deux pilotes sont indemnes. Au sol, une maison a été légèrement endommagée par la chute du module Spectra (une pièce d’environ 1,60m de long) de l’équipier.
Avec le niveau de précision et de pertinence que l’on est habitué à retrouver dans ses rapports, le BEA-É met en évidence le faisceau de causes ayant conduit à l’accident. En premier lieu, « la variété des vols de l’équipier la semaine du meeting et leur densité opérationnelle ont pu estomper le bénéfice du dernier entraînement à la présentation effectué le mardi qui précède l’événement ».
Par ailleurs, « l’exécution de l’oreille de rassemblement ayant conduit à l’évènement a été modifiée au cours des entraînements sans que les nouveaux paramètres ne soient formalisés et validés. Cela rend possible une exécution différente d’une présentation à l’autre, introduisant de nouveaux risques non pris en compte (…) Un sentiment erroné de simplicité de la mission a pu favoriser une diminution de l’attention portée à ces risques. » Le rapport met également en évidence « l’effet public », c’est à dire la volonté consciente ou non de resserrer le tempo pour plaire au public, familles et autorités et peut être même aux autres patrouilles présentes ce jour-là à Cognac. Comme à son habitude, le rapport se conclut par plusieurs recommandations en rapport avec ces faits.
Dix-huitième président de l’Académie de l'Air et de l'Espace, Bruno Stoufflet a officiellement pris ses… Read More
Un hélicoptère Fennec de l'armée de l'Air et de l'Espace connait un atterrissage dur au… Read More
New Glenn, le lanceur géant partiellement réutilisable de Jeff Bezos et Blue Origin, a finalement… Read More
Lockheed Martin a livré 10 hélicoptères S-70i Black Hawk en 2024 au ministère philippin de… Read More
Honeywell et NXP Semiconductors N.V. ont annoncé au CES 2025 de Las Vegas (7-10 janvier… Read More
La compagnie aérienne nationale Air India veut "anticiper une pénurie de pilotes". Pour se préparer,… Read More
View Comments
M'ouais ...
"Un sentiment erroné de simplicité ... une diminution de l’attention ... l’effet public ... la volonté consciente ou non de resserrer le tempo pour plaire au public ..."
Je me méfie de cet éloge des facteurs humains, ou, pour parler plus crument, de ce réquisitoire qui me rappelle celui de l'AF447 où dans son introduction du rapport final le BEA accablait les pilotes. (heureusement le tribunal n'a pas suivi...)
On dit que le risque zéro n'existe pas. En passant par toutes les activités humaines, le risque est toujours présent, plus encore en meeting où les avions se frôlent pour le plus grand plaisir du public.
Fatalement si les avions se sont touchés c'est qu'ils n'étaient pas sur la trajectoire idéale.
L'exercice sera revu et corrigé mais le risque restera présent.
S'ils étaient restés au sol, le risque aurait été éliminé.
Ayant vu plusieurs accidents en meeting aérien dont celui du Fouga de la PAF au Bourget je suis totalement opposé aux spectacles où des gens pour donner du frisson aux spectateurs prennent des risques tels qu'ils mettent leur vie en danger. Je pense aussi aux acteurs dans les cirques : funambules, trapézistes, acrobates de tout poil.