Français, Britanniques et Américains se retrouvent en ce moment sur la base américaine de Langley (Virginie) dans le cadre de l’exercice Atlantic Trident. Chaque pays apporte ses moyens de combat les plus modernes, avec notamment pour les Etats-Unis, la première participation de F-35A de l’US Air Force.
L’exercice est né de la Trilateral Strategic Initiative (TSI) qui rassemble depuis 2010 les armées de l’air de la France, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis au sein de ce que les officiers rencontrés à Langley comparent à un « club d’excellence très fermé ».
La TSI est un partenariat stratégique permettant à ces trois armées de préparer les coalitions de demain en matière de combat air-air dans des conflits dits « de haute intensité », avec l’emploi de chasseurs et de missiles de dernière génération. « Nous sommes aujourd’hui dans des opérations de basse intensité (NDA : au Sahel ou au Levant) explique le général André Lanata, Chef d’état-major de l’armée de l’Air. Mais on voit bien que plusieurs nations développent des stratégies de déni d’accès et il faut apprendre à y faire face dès à présent, sinon on ne pourra plus entrer sur un théâtre » prévient-il.
L’armée de l’Air est venu à Langley avec six Rafale appartenant à trois escadrons différents : le 1/4 Gascogne de St Dizier, qui a amené trois biplaces, et les 1/30 Normandie Niémen et 2/30 Lorraine de Mont-de-Marsan qui ont apportée les monoplaces. Le détachement comprend 120 militaires, dont 7 pilotes de monoplaces et autant d’équipages de biplaces (un pilote et un navigateur de combat par équipage).
Deux Boeing de ravitaillement en vol sont arrivés le 24 avril. Ils participeront à deux missions avant de repartir vers la France avec les Rafale en fin de semaine. Les Rafale ont retrouvé sur place huit Typhoon britanniques, des F-22 (six sont engagés dans l’exercice, mais la base de Langley en héberge une quarantaine au sein du 1st Fighter Wing) et six F-35A de l’US Air Force.
« La venue des F-35A a été une grosse surprise pour nous reconnaissent les Français. C’est une excellente chose d’apprendre à travailler avec cet avion qui sera amené à remplacer les F-16 dans de nombreux pays ».
La première semaine de la rencontre a été consacrée à des entrainements au combat à vue, alias « BFM » pour « Basic Fighting Maneuvers ». Une fois de plus, les pilotes de Rafale ont pu regretter de ne pas être équipés de viseurs de casque : « Nous avons appris à nous battre contre le Typhoon qui en dispose, mais on ne peut pas nier que si nous en étions également équipés, les choses seraient plus simples pour nous » expliquent-ils.
A noter que les F-35A n’ont pas participé à cette première semaine d’entraînement. S’agissait-il pour les Américains de ne pas prêter le flanc aux critiques ? En l’état actuel des choses, les F-35 ne sont équipés ni de canon ni de missiles à guidage infrarouge. On se souvient également qu’en janvier 2015, opposé en combat BFM à un F-16 biplace équipé de réservoirs largables, le F-35 s’était fait laminer. A l’heure où l’avion américain se retrouve une fois de plus opposé à des appareils européens sur les marchés export, peut-être l’Air Force et Lockheed Martin n’ont ils pas souhaité donner des munitions nouvelles à la concurrence…
En deuxième semaine, Rafale, Typhoon, F-22 et F-35 ont travaillé ensemble pour faire barrage à des raids « rouges » joués par des F-15 E et T38. Un pilote américain expliquait qu’avec seulement deux missiles dans sa soute mais d’excellentes capteurs, le F-35 pouvait être vu comme un joueur de fond de cour, capable de distribuer les cibles et de diriger ses partenaires.
De défenseurs, les acteurs français, anglais et américains passent maintenant à l’offensive pendant la troisième semaine de l’exercice « poussant » des raids contre des lignes de défense tenues par les F-15 E et T-38. Avec toujours le même effet de masse mettant à rude épreuve hommes et machines :
« Une mission peut mettre en l’air une quarantaine d’avions de toutes natures souligne un pilote français. Gérer une bataille aérienne de cette ampleur avec des appareils évoluant à des vitesses supersoniques est très vite épuisant mentalement ». Et le travail se poursuit en profondeur au sol, avec des débriefings pouvant durer jusqu’à trois heures. « On va vraiment au fond des choses, les Américains savent très bien faire ça avec des « airboss », les animateurs de l’exercice, qui sont expérimentés et très francs quand il faut l’être ! »
Au cours de ces longues séances de travail en commun, les trois armées bâtissent l’interopérabilité de demain, mais pas seulement. Au-delà de la technique, la connaissance mutuelle prend également une place importante à tous les niveaux hiérarchiques. Depuis les mécaniciens de piste jusqu’aux chefs d’état-major (les trois généraux concernés se sont retrouvés pour une journée à Langley), en passant bien entendu par les équipages. Les jeunes capitaines qui transpirent ensemble dans le ciel de Virginie se sont déjà croisés dans les opex, ou bien le feront un jour.
Frédéric Lert
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