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Défense

Attention, voilà le F-35 !

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Frédéric Lert

Le nouveau président américain fait sauter tous les verrous et évoque la possibilité de proposer le F-35 à l’Inde. Une mauvaise nouvelle pour le Rafale ?

La vente de matériels militaires à l’Inde est un processus long et complexe, Dassault Aviation en a fait l’expérience au cours des années passées avant de finalement décrocher une commande de 36 Rafale Air. Il y a 18 mois, la version embarquée Rafale M a été officiellement sélectionnée face au Super Hornet de Boeing pour équiper la marine indienne, avec un besoin officiellement affiché de 26 avions.

On pensait que la visite de Narendra Modi en France la semaine dernière à l’occasion du sommet sur l’intelligence artificielle pouvait être l’occasion de signer le contrat mais cela n’a pas été le cas. Le premier ministre indien a visité, inauguré, discuté, salué, mais il n’a pas signé.

A l’issue de son séjour français, il a repris son avion et il a poursuivi vers l’ouest, direction Washington où il a retrouvé Donald Trump. C’est à cette occasion que le président américain a ouvert la boite de Pandore, une de plus, en évoquant une possible vente de F-35 à l’Inde. Les Etats-Unis, ont déjà placés en Inde pour plusieurs milliards de dollars d’hélicoptères, de munitions (missiles et bombes), de drones, d’avions de transport C-17 et de patrouille maritime P-8. La vente de l’avion de combat furtif permettrait de cocher simultanément plusieurs cases : rééquilibrer les échanges face pays le plus peuplé de la planète, ajouter un petit caillou supplémentaire dans la chaussure chinoise, en mettre un autre dans l’espadrille française (le Rafale est pour l’instant le principal concurrent des productions américaines) et planter un clou supplémentaire dans le cercueil des exportations russes dans le pays.

L’idée d’une exportation du F-35 en Inde n’est en fait pas nouvelle, puisqu’elle avait déjà été avancée au début des années 2010 à l’occasion de la compétition MRCA dont le Rafale était sorti vainqueur. Lockheed Martin proposait alors le F-16IN « Super Viper », tout en évoquant la vente ultérieurement de F-35 si le F-16 venait à être choisi. Cette cession de F-35 semblait alors douteuse, pour des raisons qui restent toujours d’actualité.

D’abord parce qu’un achat de F-35 s’accorderait mal avec la volonté d’indépendance de l’Inde, l’utilisation de l’avion se faisant toujours avec un étroit contrôle direct ou indirect de Lockheed Martin et de la Maison Blanche. Autre obstacle, des transferts de technologie et la politique du « Make in India »  seraient extrêmement compliqués pour ne pas dire illusoire sur ce programme, à fortiori dans un pays gardant des liens étroits avec l’industrie russe (il faut bien faire voler les Sukhoi 30MKI et entretenir les systèmes de défense sol-air les plus modernes achetés à Moscou).

Dernier élément, qui laisse croire que la remise en question de la vente des Rafale M n’est pas à l’ordre du jour, les processus décisionnels indiens sont extrêmement longs. Après avoir annoncé officiellement la sélection du Rafale M, on imagine mal New Delhi renverser la table, repartir de zéro et perdre cinq années supplémentaires pour évaluer la solution F-35…

Les besoins en avions de combat terrestre restent en revanche inassouvis et rien ne dit que le F-35 ne pourra pas se glisser un jour ou l’autre dans les méandres du processus d’acquisition indien…

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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  • "Personne n’a l’air de se souvenir qu’à cette occasion ils nous avaient obligés à limiter à 60 films notre production annuelle cinématographique". J'ignorais ce détail croustifondant, merci de le rappeler. Ceci dit, l'exemple ne me parait pas probant, il pourrait être confondu avec une mesure de salubrité publique... Il aurait été autrement plus ennuyeux qu'ils rationnent la production littéraire de Hougron, Bodard, Volkoff, Houellebecq ou Bacquié...

  • Oui, c'est compliqué. Depuis le plan Marshall les Américains plombent nos industries compétentes. Personne n'a l'air de se souvenir qu'à cette occasion ils nous avaient obligés à limiter à 60 films notre production annuelle cinématographique. Hé oui, avant la seconde guerre mondiale, Hollywood produisait moins que nos propres studios… Quand est-ce que nos voisins vont comprendre que l'Europe n'existera qu'au travers d'une industrie de défense unie ? Kissinger le disait bien : "L'Europe, mais quel numéro de téléphone ?"

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Frédéric Lert

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