Les opérations sur point d’envol simulées au sol ont contribué à crédibiliser le projet de Boeing, le plus avancé des trois compétiteurs. © Boeing
Excellente nouvelle sur le long terme pour Boeing, qui fournit déjà les Super Hornet de la Navy et qui gagne donc le programme de drone ravitailleur embarqué sur porte-avions (13 milliards de dollars). L’US Navy entreprend l’adaptation de ses porte-avions avec notamment l’implantation d’un cockpit de contrôle à bord et une redéfinition du rôle de ses« chiens jaunes ». Un boulevard s’ouvre devant Boeing…
Un an seulement après avoir formalisé l’expression de besoin pour un appareil de ravitaillement en vol autonome, l’US Navy a tranché et retenu le projet de Boeing. Le contrat de 805,2 millions de dollars porte dans un premier temps sur la fabrication de quatre prototypes. Au delà, la Navy a d’ores et déjà annoncé son intention de se procurer jusqu’à 72 MQ-25 « Stingray » pour un coût estimé aujourd’hui à 13 milliards de dollars.
Le calendrier actuel prévoit que les premiers appareils seraient opérationnels dès 2024, deux ans plus tôt donc que ce qui était auparavant évoqué. La rapidité exceptionnelle de la compétition s’expliquerait par la relative simplicité des deux critères de sélection retenus : la capacité à opérer depuis un porte-avions avec la plus grand niveau d’automatisme possible (la Navy ne veut pas d’inflation des effectifs sur le pont de ses porte-avions) et à livrer du carburant en vol.
Plus de 7 tonnes de carburant livrables à 500 nautiques du porte-avions : le MQ-25 va rendre aux chasseurs-bombardiers de l’US Navy l’allonge qui leur faisait défaut. © Boeing
Dès lors, les compétiteurs avaient toute latitude pour faire preuve de créativité. Et c’est bien ce qu’a reflété la compétition où Boeing était opposé à Lockheed Martin et General Atomics.
Ce dernier, bien connu pour sa famille de drones Reaper, proposait un appareil imposant qui dépassait largement semble-t-il les exigences d’emport de la Navy. Lockheed Martin offrait une version remaniée de son aile volante embarquée « Sea Ghost », développée quelques années auparavant dans le cadre du programme UCLASS (drone de combat embarqué).
Boeing était parti quant à lui d’une feuille blanche pour proposer un appareil d’architecture relativement classique, avec un fuselage, une voilure à grand allongement et un empennage papillon.
A vrai dire, la compétition opposait principalement Boeing à Lockheed Martin (de la même manière que le Super Hornet s’oppose au F-35C), General Atomics étant marginalisé par son absence d’expérience sur porte-avions. A noter enfin que Northrop, qui avait pourtant participé au programme UCAS et fait opérer son X-47B avec succès depuis l’USS George Bush en 2013, avait renoncé assez tôt à participer à la compétition.
S’il est encore trop tôt pour établir avec certitude ce qui a permis à Boeing de l’emporter, on peut simplement souligner que l’avionneur de Chicago avait pris une longueur d’avance sur ses concurrents en fabriquant déjà un premier prototype et en le faisant évoluer au sol, en simulant les opérations sur un pont de porte-avions.
L’US Navy va à présent modifier le porte-avions George Washington (CVN73) pour accueillir le MQ-25. Le navire a débuté en 2017 une phase d’entretien de longue durée, comprenant notamment le rechargement de son cœur nucléaire, et qui va le laisser à quai jusqu’en 2021.
Il sera donc fait usage de cette période d’entretien programmé pour adapter les installations du navire à l’emploi de drones, avec notamment l’adaptation du système d’appontage, l’installation d’au moins un cockpit de contrôle à bord du navire et de tous les équipements de transmission pour le contrôle de l’appareil. Autant de développements qui sont de la responsabilité de la Navy et qui constitueront, à n’en pas douter, les véritables points durs de ce programme.
En plus de l’aéronef, Boeing devra de son côté développer le système qui permettra à son drone d’évoluer sur le pont d’envol aux ordres des « chiens jaunes », à l’instar des appareils actuels. A l’époque du X-47B, Northrop avait opté pour une solution simple et rustique : le drone manœuvrait sur le pont d’envol en étant guidé par un téléopérateur placé dans l’ombre des chiens jaunes.
Lockheed Martin misait sur une caméra placée dans le nez du drone pour relayer les images vers un opérateur placé à l’écart. A peu de chose près, une solution comparable à celle de Northrop. Quelle sera la solution de Boeing, le drone pourrait-il par exemple avoir la capacité d’interpréter seul la gestuelle des chiens jaunes ?
La furtivité n’était officiellement pas recherchée pour le MQ-25. Il n’empêche, il doit bien exister une contrepartie aux contraintes générées par l’entrée d’air dorsale choisie par Boeing. © Boeing
Une fois qu’il aura mis un pied sur les porte-avions avec un premier drone embarqué, Boeing aura un boulevard devant lui pour développer cette nouvelle activité. Le projet de Boeing présente d’ores et déjà des caractéristiques compatibles avec certaines exigences de discrétion radar. Des qualités qui pourraient être développées par le futur.
On peut aussi imaginer que les réservoirs du MQ-25 pourraient être remplacés par une soute à munitions et/ou à capteurs, donnant à l’appareil une première capacité ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) ou de bombardement. Donner une MQ-25 une capacité offensive serait un intéressant retournement de l’histoire puisqu’avant le Super Hornet, la mission de ravitaillement en vol avait été confiée à d’anciens avions de bombardement relégués dans une mission de soutien.
Frédéric Lert
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