Même si la volte-face de la Corée qui renonce finalement à ses 60 F-15 Silent Eagle, Boeing qui a (aussi) raté le marché des avions de combat de cinquième génération reste convaincu que les F-15 Eagle et F/A 18 E/F Super Hornet demeurent des atouts pour damer le pion à ses concurrents.
C’est ce qu’on appelle un retour gagnant. L’avionneur américain Boeing a bien failli sortir du marché des avions de combat. Tout simplement parce que son plus dangereux rival, l’insolent Lockheed Martin qui possède le record de ventes d’avions de combat avec son F-16 (plus de 4500 exemplaires), s’est adjugé le marché des avions de cinquième génération avec son F22 Raptor et son F35 Lightning II, plus connu sous le nom de JSF.
Faute de nouveaux appels d’offres de la part du Pentagone à l’horizon, Boeing était donc condamné à envisager la fermeture des chaines de sa gamme actuelle, composée de F/A 18 Super Hornet et de F-15 Eagle à moyen terme. Mais c’était sans compter sur les déboires de Lockheed Martin.
Après des années de développement, l’avion de supériorité aérienne et d’attaque F22 Raptor est au mieux une demi réussite du faite de son prix supérieur à 250 M$ et de son haut niveau technologique le rendent inexportable. Et quand bien même, ce bijou de technologie qui n’est toujours pas guéri de ses maladies de jeunesse commence à accumuler des problèmes d’obsolescence. Et que dire du développement de son petit frère furtif le F35 qu’on nous annonçait dans les années 90 comme le nec plus ultra des avions d’arme à prix discount ?
Force est de constater aujourd’hui que les années de développement laborieux, jalonnées de soucis techniques, de retards et de surcoûts importants commencent à faire réfléchir plus d’un client potentiel. Certains mettent même en doute les performances de l’appareil face à des systèmes de défense modernes. Bref le crédo du « tout furtif » à tout prix ne fait plus recette.
Une tendance bien comprise ailleurs dans le monde. Ainsi l’Eurofighter, le Gripen et le Rafale conçus sur le vieux continent, qui ne sont peut être pas aussi furtifs que les avions de Lockheed Martin, mais qui revendiquent un juste compromis prix/performances. Autrement dit, le meilleur avion de combat, c’est encore celui qu’on peut se payer…
Et ce n’est pas tout. Les Russes qu’on disait finis dans les années 90, reviennent sur le devant de la scène avec le MIG-35 et des évolutions toujours plus performantes des SU-30 et SU-35. Des appareils à la signature radar diminuée et dont les systèmes d’arme seraient capables, dans certaines conditions, de détecter les avions furtifs. Pour couronner le tout, Sukhoi promet une version d’exportation du prometteur T-50 Pak FA sous peu… enfin dès que son radar et ses moteurs seront prêts.
Au sol, la perspective de la dissémination systèmes de détection et de défense sol-air toujours plus performants tels que les S-300 et 400 russes relèguent au rang de cibles tous les avions produits dans les années 80 et 90.
Fort de ce constat morose, Boeing, qu’on croyait condamné avec sa gamme vieillissante ne s’avoue pas vaincu pour autant. L’avionneur américain estime qu’il y a un marché dans les pays qui veulent un avion de combat qui serait à la fois moderne, furtif, éprouvé et performant. Ce mouton à cinq pattes destiné à damer le pion à tous ses concurrents américains, russes et européens serait en quelque sorte un JSF « Made in Boeing », le prix indécent et les maladies de jeunesse en moins. A défaut de pouvoir financer sur ses fonds propres un nouvel appareil, l’avionneur américain parie sur ses deux produits phares, dont la conception initiale remonte aux années 70, à savoir le F15 et le F/A 18. A chaque fois la recette est la même : on modernise le système d’arme et on réduit la signature radar.
Après avoir dévoilé dans un premier temps une version bodybuildée du légendaire F15 Eagle désignée « Silent Eagle », c’est au tour du F/A 18 E de subir une cure de jouvence.
L’ « Advanced Super Hornet » en cours de tests par Boeing est un FA/18 E « Super Hornet » de base sur lequel des matériaux absorbant les ondes radar ont été apposés. Les interstices entre les différents éléments du fuselage et de la voilure ont été réduits au minimum. L’autre point noir en termes de furtivité se situe au niveau des points d’emport. Sur un avion de combat classique, Les missiles et les réservoirs de carburant externes avec les fixations associées sont autant de points brillants pour les radars de défense aérienne adverse.
A défaut de disposer de réservoirs de carburant internes conséquents et d’une soute interne comme le F22 Raptor et le JSF, la partie dorsale du fuselage de l’ « Advanced Super Hornet » se voit dotée de réservoirs additionnels conformes tandis que les missiles prennent place dans un container ventral profilé et furtif. Ainsi équipé, le bon vieux Hornet ne sera pas plus rapide que ses devanciers, avec une vitesse maximale voisine de Mach 1.6. Il conservera cependant ce qui fait sa force, à savoir une robustesse, une maniabilité et une polyvalence air-air et air-sol de très bon niveau. Il y gagnera même un peu en rayon d’action.
En revanche sa signature radar en secteur avant sera réduite de moitié ! Pour les pilotes cela se traduit par des chances de survie accrues lors de missions d’attaque au sol où il est important de ne pas être détecté par les défenses adverses. Pour l’Oncle Sam, ce gain de performances se traduit par un surcoût de 10% par rapport au Super Hornet de base. Et ce n’est pas tout, bientôt Boeing le promet, le Super Hornet furtif sera doté d’un capteur infrarouge IRST afin d’acquérir ses cibles sans utiliser son radar à antenne active. Un peu à la manière des MiG-29 et SU-30.
Il sera ainsi possible de détecter et d’identifier une cible en l’air ou au sol à 50 km de distance environ et ce, en toute discrétion. Dans le cockpit les écrans multifonctions actuels seront remplacés par un unique écran tactile. Le moteur fera lui aussi l’objet d’améliorations pour augmenter sa poussée et réduire sa consommation. Boeing vise principalement le marché de la modernisation et la prolongation des centaines de Super Hornet de l’US Navy et des appareils australiens.
Avec cette stratégie intelligente de remise à jour des F-15 et F/A 18, Boeing espère tenir ses concurrents à distance en espérant cette fois-ci gagner la compétition finale, celle de l’avion de combat de sixième génération.
La rédaction
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