Boeing a commencé la livraison de nouvelles voilures pour les A-10 de l’US Air Force. Le célèbre avion d’appui-feu gagne ainsi quelques années de vie opérationnelle, alors même que l’USAF souhaite toujours ardemment le retirer du service. Bienvenue chez les fous !
Le haut commandement de l’US Air Force n’a jamais aimé le A-10 Thunderbolt qui lui a été imposé au cours des années 1970. Pratiquement dès la mise en service de l’avion, en 1977, différents plans ont vu le jour pour écarter l’avion au profit de chasseurs « pointus », supersoniques et bien plus sexy. A chaque fois, le Congrès américain, qui a la haute main sur la politique d’équipement des forces armées, s’est battu pour que l’avion reste en service.
Depuis 2014, l’Air Force est revenue à la charge pas moins de cinq fois pour retirer l’avion du service. Faute d’y parvenir, elle a alors choisi de maltraiter la flotte en retardant les entretiens nécessaires. C’est dans ce contexte trouble que se place aujourd’hui la livraison par Boeing de cinquante jeux de nouvelles voilures.
L’USAF dispose aujourd’hui sur le papier de 281 A-10. Dans la première moitié des années 2010 un premier programme de modernisation a permis de doter 173 appareils de nouvelles voilures, leur offrant ainsi un sursis de plusieurs milliers d’heures de vol. Après ce chantier, faute de financement pour moderniser les avions restant, les outillages ont été stockés.
Puis, en 2019, après que le Congrès eut copieusement tordu le bras de l’Air Force, un nouveau contrat a été passé avec Boeing (et Korean Aerospace Industries comme sous-traitant) pour la production de 112 voilures supplémentaires pour environ un milliard de dollars.
Il a fallu déstocker les outillages et remettre en route la ligne de production. Un travail qui a pris un peu plus de douze mois, auxquels se sont ajoutés 20 autres mois pour la production des premiers kits comprenant les ailes, les surfaces mobiles, le caisson central et l’interface d’intégration au fuselage. Et nous voici donc en mai 2022 avec la livraison d’un premier lot de 50 voilures. Leur installation se fait sur la base de Hill (Utah) où l’USAF dispose d’installations industrielles.
L’avion gagne donc quelques années de vie supplémentaires, mais rien n’est pourtant clair concernant son avenir. L’USAF continue de dire que l’avion est vieux et qu’il n’aurait aucune chance dans un conflit de haute intensité comme on le voit en Ukraine.
Et tandis que le Congrès lui impose de dépenser un milliard de dollars pour la rénovation des voilures, l’US Air Force continue sans cesse de planifier la mise au rebut de l’avion. En 2021, elle a présenté un plan pour retirer 42 avions. Refusé par le Congrès. Cette année, nouvelle tentative avec un plan pour remplacer l’an prochain les 21 A-10 du 122nd Fighter Wing de la Garde Nationale de l’Indiana par des F-16. Nouveau bras de fer en vue avec le Congrès.
A moyen terme, dans les cinq à dix ans à venir, elle souhaite toujours en terminer avec l’avion une bonne fois pour toutes. Si elle arrive à ses fins, elle enverra au cimetière des avions tout juste rénovés…
Frédéric Lert
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Ce financement par le congrès américain, d'un avion américain obsolète ne me surprend pas. Il est dans la logique de privilégier certains industriels et lobby au détriment des contribuables américains. Nous avons maintenant le même fonctionnement en France et en Europe.