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Défense

Cognac, le véritable nid des aiglons

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Frédéric Lert

Après la fin des formations sur Alphajet à Tours, et en attendant l’arrêt prochain de celles de Cazaux, la base aérienne 709 de Cognac occupe désormais une place centrale dans la formation des pilotes de chasse et des navigateurs de combat français. Le Pilatus PC-21 monte en puissance.

Mercredi dernier, le 16 septembre 2020, la première promotion de pilotes formés sur PC21 était macaronnée à Cognac en présence du chef d’état-major de l’Armée de l’air et de l’espace. Il s’agissait tout à la fois d’un aboutissement et d’un commencement.

Aboutissement, parce que cette cérémonie venait clore un premier chapitre long de cinq ans, avec dans l’ordre chronologique la sélection du PC-21 et de la co-entreprise F-Air 21 (qui réunit Babcock et Dassault Aviation) pour en assurer la mise en œuvre, la création des enseignements, la réception des avions, des simulateurs, la formation des instructeurs et donc l’entrainement d’une première promotion d’élèves.

Les instructeurs ayant pratiqué au préalable le Rafale sont unanimes pour dire que l’avion suisse donnera les bonnes clefs au futur pilotes et navigateurs de combat pour bien préparer leur arrivée dans les forces. © Armée de l’air et de l’espace

Du Cirrus SR20 au Pilatus PC-21

Ceux-ci ont commencé leur formation au pilotage à Salon de Provence, sur monomoteur à pistons Cirrus SR20, au cours de ce qui est appelé la phase 1. Ils ont ensuite enchainé sur monomoteur Grob 120 à Cognac (au sein de ce qui s’appelait encore l’EPAA, Ecole de pilotage de l’armée de l’air) pour la phase 2A dite « tronc commun ». Puis, au lieu de bifurquer sur Epsilon pour la phase 2B de pré-spécialisation chasse, ils ont donc fait connaissance avec le PC-21. Et enfin, ils n’ont quitté ni l’avion ni Cognac pour la phase 3 qui se faisait auparavant à Tours sur Alphajet.

Pour le lieutenant-colonel Stanislas de Roquefeuil, commandant de l’Ecole d’Aviation de Chasse (EAC) désormais installée à Cognac, « toute cette évolution s’est faite sans hiatus, signe que le travail de préparation en amont a été très bien menée. Les résultats obtenus à la fin de ce nouveau cursus de formation ont été au niveau des attentes. Nos élèves ont acquis le niveau de compétence requis à l’issue de ce nouveau programme et leur macaronnage a pu se faire suivant le calendrier anticipé initialement ». (NDA : malgré le Covid).

Phase 4 : emploi tactique de l’avion

Voilà pour l’aboutissement. Entrons maintenant un peu plus dans le détail et voyons pourquoi la cérémonie du 16 septembre 2020 marquait aussi un commencement. Les onze pilotes macaronnés vont à présent rester à Cognac et poursuivre leur formation au cours de la phase 4. Dès ce mercredi 23 septembre 2020, ces onze stagiaires vont inaugurer cette nouvelle étape de la formation, antichambre de l’entrée dans les forces, au sein de l’escadron 3/13 Auvergne. Le syllabus, élaboré et validé dès l’an dernier, comprendra 75 missions réparties sur 20 semaines, avec environ un tiers de séances en simulateur et deux-tiers de vols.  Le vecteur étant bien maitrisé après les phases 2 et 3, l’effort portera sur l’emploi tactique de l’avion.

» Impressionnés par le Pilatus et sa capacité à offrir une transition directe vers la méthode de travail Rafale. »

L’idée d’utiliser un avion à hélice pour préparer au Rafale et aux derniers Mirage 2000 a généré quantité de questions et de doutes. Ceux-ci ont été en grande partie levés en premier lieu parce que la France n’est pas la première à se lancer dans cette voie : la Suisse et l’Australie, pour ne citer que ces deux pays, ont également fait ce choix depuis quelques années, sans traumatisme apparent. Un autre élément de réponse tient dans la présence à Cognac d’instructeurs ayant une expérience préalable sur Rafale. « Ces pilotes sont impressionnés par le Pilatus et sa capacité à offrir une transition directe vers la méthode de travail Rafale souligne le lieutenant-colonel de Roquefeuil. C’est un gain de temps et d’argent conséquent ».

Le transfert de la phase 4 vers Cognac va s’accompagner d’un accroissement du nombre d’avions et des moyens de simulation avec l’installation d’un entraineur de vol (comme ici) et d’un simulateur de mission supplémentaires. © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr

Appréhender un système d’arme complexe

Le Pilatus PC-21 se distingue toutefois par l’absence totale d’armement embarqué, alors que l’Alphajet permettait d’apprendre le B-A-BA du tir air sol, avec canon et bombes d’exercice, pendant la phase 4.

Cette absence n’est pas anodine et l’avenir dira jusqu’à quel point la simulation, au sol et en vol, permettra de la compenser. L’Armée de l’air et de l’espace est confiante et note que ce passif sera plus que compensé par la capacité offerte par le PC21 d’appréhender un système d’arme complexe et même de se familiariser avec le travail radar. « On perd un peu d’un côté, on gagne beaucoup de l’autre » explique-t-on à Cognac.

La mise en place de la phase 4 et l’augmentation attendue des flux de stagiaires va se faire maintenant dans le cadre du projet Mentor.

Selon ce scénario, l’Armée de l’air et de l’espace devrait recevoir d’ici 2022-2023 neuf Pilatus PC-21 supplémentaires, quatre autres appareils étant en option. Un appel d’offre est en cours pour choisir l’opérateur qui assurera la maintenance de ces nouveaux avions. F-Air 21 verra-t-il son champ d’action étendu ou une autre société entrera-t-elle sur le marché ? Réponse dans quelques mois…

Les Fouga Magister ont quitté Cognac à partir de 1984. Les Grob 120, en arrière-plan, devraient les suivre dans les années à venir, avec un regroupement des avions légers sur la base de Salon de Provence. La formation des pilotes et navigateurs dans l’Armée de l’air est un chantier perpétuel… © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr

Des travaux d’infrastructure sont également attendus à Cognac, avec la construction d’un nouveau bâtiment pour l’EAC et des abris pour les avions en piste.

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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    • la bizarrerie a cessé, la photo d'ouverture avait été prise avant l'arrivée officielle de l'avion dans l'armée de l'air. La cocarde et le code étaient masqués...

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