Comint ou la grande oreille du Patroller de Sagem

A l’occasion du dernier salon aéronautique du Bourget, en juin 2013, Sagem a présenté son drone Patroller équipé d’une charge utile « Comint ».

Le Patroller est un drone basé sur l’avion léger Stemme 15 fabriqué en Allemagne et capable d’emporter une charge utile de 250 kg. L’avion est équipé d’origine de deux points d’emports sous les ailes permettant d’accrocher des réservoirs de carburant supplémentaires ou bien des charges utiles spécialisées. Son autonomie serait de 20 à 35 heures suivant la configuration choisie. Une configuration avancée par Sagem comprend par exemple un radar maritime à ouverture de synthèse accroché sous une aile, équilibré par un réservoir sous l’autre. En le couplant à un récepteur AIS (l’AIS, pour Automatic Identification System, est au trafic maritime ce que l’IFF est à l’aviation…) et en corrélant les informations, le Patroller peut très facilement donner une image claire d’une situation de surface et par exemple débusquer des navires non identifiés ou sans code valide.

La charge utile COMINT aujourd’hui présentée prend également la place d’un réservoir supplémentaire. Elle pèse 40 kg et sera capable d’intercepter les communications en UHF et VHF. Le Patroller gardant également l’usage de sa tourelle Euroflir 410, on peut imaginer l’utilisation combinée des deux capteurs : l’antenne COMINT détectant l’origine des émissions électromagnétiques et la tourelle FLIR ralliant la position détectée pour une identification précise.

Avec son drone, Sagem vise l’exportation (avec notamment un prospect au Moyen Orient) mais aussi et surtout le marché français : le Patroller est un appareil d’une tonne, qui s’inscrit donc dans le segment le plus léger des drones Male. Il ne vise pas à répondre aux besoins de l’armée de l’Air, qui lorgne elle vers des machines plus lourdes comme le Reaper de 5 tonnes. Clairement, c’est ici l’armée de Terre, utilisatrice de longue date du Sperwer, qui est dans le collimateur. Le Sperwer est lancé par catapulte et récupéré par parachute. Un mode opératoire qui n’a plus aujourd’hui les faveurs des opérationnels, qui mettent à présent l’accent sur l’utilisation de drones plus performants à partir d’une piste.

Sur le créneau des « Male » léger, le Patroller va croiser le fer avec le Watchkeeper qui marie un drone israélien avec une charge utile Thales. Sagem n’espère qu’une chose aujourd’hui : le lancement d’un appel d’offre national qui lui permettrait de mettre en avant une maîtrise 100% française sur le Patroller de la charge utile, de son intégration dans l’appareil, de la liaison de données et du segment sol.

Frédéric Lert