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Défense

Dassault Aviation et Airbus prennent les commandes du Système de Combat Aérien Futur

Published by
Gil Roy

Dassault Aviation et Airbus s’associent pour assurer le développement et la production du Système de Combat Aérien Futur (Future Combat Air System ou FCAS). L’objectif est de remplacer les Eurofighter et les Rafale actuellement en service et de doter l’Europe d’un système de combat aérien moderne performant et crédible. 
Les deux partenaires s’accordent pour présenter cet accord comme historique. Seule la suite confirmera cette affirmation ou l’infirmera.

Si aujourd’hui le Rafale et l’Eurofighter se retrouvent régulièrement face à face lors d’appels d’offres internationaux, c’est parce qu’au début des années 80, l’Europe n’a pas été capable de se mettre d’accord pour concevoir l’avion de combat de 4ème génération. Il s’agissait à l’époque de préparer le remplacement des F104 Starfighter, Mirage F1, Super Etendard, Mirage 2000, Crusader, Jaguar ou encore les F-16 de première génération qui équipaient les forces aériennes des état-membres de la Communauté européenne.

Une autre époque

Les divergences en matière de spécifications et la difficulté à se mettre d’accord sur un partage industriel cohérent ont entrainé les partenaires européens dans l’impasse. Du coup, la France s’est concentrée sur le Rafale de Dassault tandis que l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont fait équipe sur l’Eurofighter. Cette cacophonie européenne a ouvert un boulevard au F-35 JSF de Lockheed Martin.

L’américain retente le coup de maitre qui avait consisté, dans les années 70, à doter les principaux partenaires de l’Otan de F-16 au dépends du Mirage F1E. Ainsi l’Italie, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont opté pour le F-35, tandis que la Belgique ne cache pas son intérêt pour le monoréacteur furtif américain.

L’agressivité commerciale des Etats-Unis qui placent ainsi des F-35 en Europe est, plus que jamais, une réelle menace pour l’industrie militaire européenne. Or aujourd’hui aucun pays européen, à commencer par la France, n’a les moyens financiers pour réaliser seul son propre avion de combat. Dès lors une coopération s’impose avec les compromis inévitables qu’elle sous entend.

Un accord en passe de devenir historique

Éric Trappier, Président-Directeur général de Dassault Aviation et Dirk Hoke, Chief Executive Officer (CEO) d’Airbus Defence and Space, qui ont conclu ce partenariat, à Berlin, dans le cadre du salon aéronautique, présentent leur accord industriel comme « historique ». Il le sera effectivement, si les deux groupes réussissent à se répartir de manière équitable les rôles.

Pour cela, ils vont devoir se faire mutuellement confiance et accepter des concessions. Ils ne devront jamais perdre de vue, que ce partenariat doit permettre « de garantir la souveraineté et le leadership technologique de l’Europe dans le secteur de l’aviation militaire au cours des prochaines décennies ». C’est eux qui le disent…

Un calendrier serré

A ce stade, le ciel est dégagé. « Nos deux entreprises s’engagent à travailler ensemble de façon pragmatique et efficace. Notre feuille de route commune pour le programme SCAF comprendra des propositions pour le développement de démonstrateurs à partir de 2025. », a déclaré Eric Trappier, en apposant sa signature au bas du parchemin.

« Au vu du calendrier serré, nous devons nous mettre immédiatement au travail afin d’élaborer ensemble une feuille de route commune qui nous permettra de répondre aux exigences et de respecter les délais qui seront fixés par les deux États. », a ajouté Dirk Hoke.

Un avion de combat et un « système de système »

Schématiquement, l’accord entre Dassault et Airbus porte sur le développement et la réalisation d’un avion de combat européen de nouvelle génération qui complètera, puis remplacera les Eurofighter et Rafale actuels d’ici 2035-2040. Ce partenariat s’étend également à la conception d’un « système de systèmes » comprenant drones, connectivité et communications sécurisées (SCAF). Les démonstrateurs sont promis à partir de 2025.

Le SCAF est un système de systèmes associant un large éventail d’éléments interconnectés et interopérables, comprenant un avion de combat de nouvelle génération, des drones MALE (moyenne altitude, longue endurance), la flotte d’avions existants (qui sera encore en service après 2040), de futurs missiles de croisière et des drones évoluant en essaim. Le système complet sera connecté à un vaste périmètre d’avions de mission, de satellites, de systèmes de l’OTAN et de systèmes de combat terrestres et navals, avec lesquels il pourra opérer.

La France et l’Allemagne ouvrent la voie

C’est un défi de taille auquel s’attaquent Airbus et Dassault. Dirk Hoke se veut rassurant : « Les deux compagnies ont démontré leur capacité à travailler ensemble sur des programmes complexes, à l’image du programme européen de drone moyenne altitude, longue endurance de nouvelle génération ». Le contexte a également changé par rapport aux années 80.

La volonté politique est là et les deux industriels semblent en mesure de ne pas se laisser entraîner par leurs états-clients sur des pentes savonneuses. Les dérives du programme A400M doivent servir de leçon. Et puis, les deux partenaires n’ont pas le choix. Ils ont besoin l’un de l’autre ; Dassault de la puissance d’Airbus, Airbus du savoir-faire de Dassault.

L’industriel français qui peut s’enorgueillir d’un excellent palmarès en matière de conception d’avions de combat sera plus que jamais soucieux de préserver ses compétences son leadership et surtout son indépendance.

Reste cependant dans le puzzle qui se met doucement en place à savoir qui fournira les moteurs et les équipements du système d’arme d’un appareil de cinquième génération qui sera forcément performant et complexe.

Pour l’Europe, le succès d’un tel programme conditionne l’avenir d’une grande partie de son industrie aéronautique militaire, d’autant que la donne à changer. Les USA ne sont plus les seuls concurrents. Il faut désormais compter avec des concurrents russes et des chinois dont les ambitions sont bien réelles.

Gil Roy

 

 

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Ce serait quand même malheureux que l'UE , ou l'Europe (UE et pays "attachés" ) ne sache pas faire son boulot de ...1ère puissance (économique ,et un jour , J 'espère bien , politique ) mondiale .
    Je me bats depuis des années (env.10 !) pour que les grands médias fassent la promo de notre "garde-fous " majeure , l'Union Européenne , seule entité qui puisse nous éviter la vassalisation , soit aux USA (2ème sur la liste ) , soit à la Chine (moitié du PIB euro ou US !) -et , dans les fantasmes popus , à la Russie , qui est pourtant loin derrière !.
    Le fait que l'UE "ne soit pas un pays " n'empêche que si on ne veut pas le faire , ni le faire connaitre , il ne se fera Certainement Pas !!!

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