Après des années de réflexions, c’est finalement Dassault et Thales qui remportent le contrat de renouvellement des capacités de renseignement aéroporté de l’Armée de l’Air. En clair, Dassault fournira à l’Armée de l’Air trois Falcon équipés du système de guerre électronique CUGE (Charge Utile de Guerre électronique) qui sera développée par Thales et intégrée par Dassault.
Le tandem Dassault et Thales bénéficie déjà d’une grande expérience en matière d’intégration de moyens de guerre électronique de pointe sur des aéronefs. Le système de guerre électronique Spectra sur Rafale, considéré comme une référence mondiale en la matière, en est le meilleur exemple.
Ces trois avions bourrés de technologie prendront la relève autour de 2025 des deux C160 Transall Gabriel entrés en service en 1989 ; la conception de leur système de mission, signé Thales, remonte aux années 80. Ces appareils initialement prévus pour espionner les activités soviétiques en Allemagne de l’Est ont été depuis déployés sur tous les théâtres d’opérations.
Ces laboureurs du ciel espionnent, écoutent, localisent et analysent en temps réel tous les signaux électromagnétiques des communications ou des radars afin de déterminer l’ordre de bataille adverse. En clair il s’agit de savoir qui sont les ennemis, quelles sont leurs possibilités et ou ils se trouvent… On parle alors de SIGINT, ou signal Intelligence. Les Gabriel sont en outre dotés d’une capacité photo très appréciée pour corréler les données des moyens d’écoute.
Enfin, la clé de voute du système est son formidable système de localisation des émissions, basé sur des techniques d’Interférométrie. Un bijou technologique également proposé par Thales. Le tout servi par des opérateurs triés sur le volet et polyvalents.
Alors certes, au regard des gros RC135 américains qui sont régulièrement interceptés par les chasseurs russes, nos Gabriel semblent limités en termes d’altitude et de vitesse. Et leur système de mission, bien que dépoussiéré de temps en temps, n’est pas de la première jeunesse. Mais le système D propre aux aviateurs français compense largement ces manques.
Les Falcon Epicure, qui seront probablement des triréacteurs (comme le laissent supposer les visuels mis en ligne par Dassault sur son site internet), bien que plus petits que le Transall, devront bénéficier d’une génération électrique musclée, de capacités d’interception et de localisation des communications à grande distance dans la gamme qui va de la HF jusqu’au SHF, idéalement de 2MHZ à 40 GHZ….
« Le Falcon Epicure servira les Forces françaises comme le font déjà les Falcon 10, 200, 50, 900, 2000 et 7X. » Eric Trappier, P-DG de Dassault Aviation.
Le système CUGE devra être capable de démoduler les signaux des communications et des radars les plus complexes, et d’en extraire l’information utile aux armées. Ainsi l’analyse d’un système anti aérien intercepté permet par exemple de doper les capacités de brouillage des avions de combat et d’augmenter leurs chances de survie en opérations.
Sur le Gaby, le système de mission est imposant, il occupe une large part de la cellule et de la soute, et de nombreuses taches reposent sur les opérateurs. Nul doute que sur Epicure, les progrès de l’électronique et de l’informatique, avec peut être une touche d’intelligence artificielle, permettront d’obtenir des résultats bien meilleurs avec moins de spécialistes
Enfin, la capacité des Falcon à évoluer plus haut que le Gabriel, au-delà de 8.000 mètres d’altitude permettra d’écouter des signaux sur une plus grande distance. Une capacité qui avait été perdue avec le retrait du regretté DC8 Sarigue d’Evreux.
En revanche, pour les missions nécessitant de longues heures de permanences sur zone, la capacité de ravitaillement en vol des Gabriel est appréciée. Est elle retenue sur les Falcon ?
Ce choix de « Bizjets » comme porteurs de moyens d’écoute électronique est identique à celui effectué par de nombreux pays tels que la Suède avec ses deux Gulfstream S102B « Korpen » ou encore Israël et Singapour qui ont opté pour un Gulfstream G550 muni d’un système de mission signé de l’israélien IAI.
A l’inverse, le Royaume Uni et les Etats-Unis préfèrent des cellules plus spacieuses munies d’un système de mission dernier cri mais installé sur des avions de conception ancienne telles que le RC-135 Rivet Joint (sur base de B707). Pour sa part, la Russie met en œuvre des vénérables IL-20 et un TU-204.
En 2011, la France s’est engagée dans cette voie du porteur lourd en lançant le programme DC8 Sarigue NG, avec NG pour « Nouvelle Génération ». Malgré les sommes colossales investies dans le remplacement du DC8 Sarigue, l’unique avion de renseignement français à vocation stratégique, le projet n’a jamais atteint le stade opérationnel. Le programme Epicure semble né sous une meilleure étoile.
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