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Défense

Deux étonnants prototypes chinois d’avions de combat

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Frédéric Lert

En l’espace de quelques heures, deux aéronefs chinois ont été révélés par des images prises à la volée et diffusées sur internet. On ne sait pas si ces deux engins volants sont complémentaires ou concurrents. Une chose est certaine, ils se rapprochent par une recherche poussée de furtivité.

Le plus petit des deux aéronefs observés reprend la forme en plan d’une aile volante sans dérive. La qualité des images ne permet pas toutefois d’établir la présence ou l’absence d’un cockpit. Avion « piloté » ou pas, l’interrogation la plus basique demeure donc.

Les images diffusées sur X montrent toutefois que l’appareil est biréacteur, avec des entrées d’air latérales placées de part et d’autre de la barque de fuselage, sous l’emplanture de l’aile. Sa voilure présente une flèche très prononcée, avec un bord de fuite présentant une large extension au niveau des tuyères des moteurs. Les images diffusées ne sont pas de très bonne qualité et ne permettent pas de distinguer d’autres détails.

En d’autres temps la nouvelle aurait fait l’objet d’une bombe, mais  l’apparition de cet engin ferait presque figure de routine, à l’aune des autres images que les Chinois avaient complaisamment laissé « fuiter » quelques heures plus tôt.

Difficile de croire que ce deuxième aéronef, évoluant en plein jour au-dessus d’une zone urbaine  était destiné à rester secret ! Le fait qu’il ait été escorté par un J-20S biplace de développement laisse penser qu’il s’agit d’une production de Chengdu Aircraft Corporation.

Spectaculaire aile volante trimoteur dont les images ont circulé dans les dernières heures du 26 décembre, heure française. Difficile de croire que la diffusion de ces images sur X s’est faite sans l’accord tacite des autorités chinoises qui ont choisi de faire voler l’avion en plein jour… © via X

Ce deuxième avion est bien plus bizarre que le premier. Il s’agit également d’une aile volante, mais avec cette fois une voilure en diamant, avec un apex très prolongé venant se raccorder à la pointe avant du fuselage. On distingue un cockpit sur les images, sans pouvoir dire si l’avion est monoplace ou biplace, et dans ce dernier cas s’il s’agirait d’un biplace en tandem ou en côte à côte. L’ambiguïté demeure également sur la qualité de l’avion : s’agit-il d’un chasseur lourd ou d’un bombardier ? Par nature, les ailes volantes sont des engins subsoniques et peu manoeuvrants, ce qui ferait pencher la balance en faveur de la deuxième hypothèse.

Le plus étonnant sur cet engin est la présence de trois entrées d’air (deux sur les cotés du fuselage et une sur le dessus) et de trois tuyères. Les esprits rationnels en concluront qu’il s’agirait d’un trimoteur, une formule extrêmement rare sur les avions militaires. Elle a été plus courante sur les avions civils (Yak, Tupolev, Boeing, Dassault Falcon…) quand il s’agissait d’obtenir un surcroit de puissance ou bien une conformité avec les réglementations ETOPS de survol océanique.

Sur un avion militaire, non contraint par les réglementations civiles, l’intérêt s’exprimerait avant tout en terme de puissance, au prix toutefois d’une singulière complexification de l’avion. L’avantage d’avoir les trois moteurs groupés comme sur l’appareil chinois est qu’en cas de perte d’un moteur, le dissymétrie de poussée resterait modeste. Inversement, la proximité des trois moteurs pourrait être catastrophique en cas d’incendie ou d’explosion de l’un d’entre eux.

Les trois entrées d’air et leurs veines d’air coudées entourent les soutes à munition placée au centre de l’avion. On distingue sur les images deux grandes trappes, avec de part et d’autre deux autres portes plus petites. L’avion disposerait donc d’une grande soute centrale encadrée par deux autres plus petites. Le train d’atterrissage principal rappelle celui du Saab VIggen ou du Sukhoi 34, avec les deux roues placées l’une derrière l’autre au lieu d’un traditionnel diabolo.

La multiplication des surfaces mobiles sur le prototype d’avion de combat chinois est pour le moins surprenante. © via X

Mais l’incongruité majeure réside dans la forme en diamant de la voilure. Une forme qui a été testée sur le drone X-47A de Boeing, sur le Petit Duc de Dassault ou encore sur le LOUT d’Airbus Allemagne. Les deux premiers ont volé mais leur descendance (X-47B et Grand Duc) a abandonné cette forme de voilure pour revenir à une formule plus classique, avec une flèche positive du bord de fuite. Le LOUT est quant à lui sagement resté un animal de soufflerie.

S’ils l’avaient fait voler, les ingénieurs allemands se seraient rapidement aperçu que le plan en diamant est certes excellent pour la furtivité électromagnétique, mais pose des problèmes de tenue en lacet pratiquement rédhibitoire sur une aile volante en raison de la flèche négative du bord de fuite.

Un bord de fuite qui est également une source d’étonnement sur l’appareil chinois, avec une multiplication des surfaces mobiles : on compte en effet deux volets crocodiles à très grande débattement (très visibles sur les photos) et trois élevons par demi-voilure, auxquels s’ajoutent semble-t-il plusieurs surfaces mobiles à l’arrière des trois tuyères. Ce qui ferait une quinzaine de surfaces mobiles au total, un record en la matière !

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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