Deux RF-4 E Phantom à Mont-de-Marsan

Organisé par l’escadron 2/33 Savoie et ses Mirage F1CR, la deuxième édition de Recce Meet accueillait cette année, sur la Base Aérienne 118 de Mont-de-Marsan, des unités de Rafale, des appareils espagnols et, en guest star, deux RF-4E Phantom venus de Grèce !

A l’occasion de la deuxième édition de l’exercice « Recce Meet » (exercice consacré aux missions de reconnaissance) organisé par l’escadron de reconnaissance 2/33 Savoie, deux RF-4 E Phantom de la force aérienne grecque ont fait le déplacement depuis leur base de Larissa (Thessalie). Après 2h30 de vol et une escale à Solenzara, les deux appareils sont arrivés en trainant derrière eux leur célèbre signature, un panache de fumée comme on n’en voit plus guère sur les aéroports, civils ou militaires…

Entre 1958 et 1981, McDonnell Douglas a fabriqué 5.195 Phantom et au plus fort de la guerre du Vientam, il sortait 72 exemplaires de l’avion chaque mois (six ans de production du Rafale !) de l’usine de St Louis (Missouri). A sa mise en service, l’avion faisait alors figure de parangon de puissance : plus de 27 tonnes au décollage et plus rapide qu’une balle de fusée expliquait la propagande américaine. General Electric fournissait les deux réacteurs J-79 d’environ 8 tonnes de poussée unitaire. Un chiffre un peu désuet aujourd’hui, mais qui n’avait rien d’anodin à la fin des années cinquante…

L’avion allait vite, emportait une quantité phénoménale de charges sous ses ailes et son fuselage, mais il ne brillait guère pas sa manoeuvrabilité. Le Phantom était parfois décrit comme étant « le triomphe de la puissance sur l’aérodynamique » et on aurait pu écrire un livre sur les surnoms qui lui furent donnés. Avec les deux chaudières à charbon lui servant de réacteurs, il ne brillait pas non plus par sa discrétion…

Les appareils grecs venus à Mont-de-Marsan appartiennent au 348 MTA, un escadron spécialisé dans la reconnaissance, tout comme le 2/33 Savoie équipé de Mirage F1CR. Cédés d’occasion par la Luftwaffe au début des années 90, ces avions en portaient encore le camouflage fait de différentes tons de vert si prisés par nos voisins d’Outre Rhin. A leur arrivée, les deux équipages ont été accueillis par un « spook » plus vrai que nature : le « spook » était un personnage dessiné par un technicien de McDonnel Douglas qui accompagna l’avion tout au long de sa carrière et fut décliné sur un nombre incalculable d’objets associés à l’avion.

Le Mirage F1CR comme le RF-4 E sont les derniers témoins d’une époque aéronautique aujourd’hui révolue : celle des avions (et dans une certaine mesure des équipages) optimisés pour une mission bien précise. Une solution riche en vérité, qui n’est plus acceptable aujourd’hui. Certes le Mirage F1CR et ses pilotes ont été souvent engagés ces dernières années dans des missions opérationnelles très différentes de la reconnaissance, avec de nombreux bombardements et même tirs canon à porter à leur crédit en Afghanistan, en Lybie ou encore au Mali. Mais l’avenir appartient à des avions comme le Rafale, polyvalents par nature.

Frédéric Lert