A Cognac, où de nouveaux appareils sont attendus, les contractuels américains ont passé les commandes du Reaper aux pilotes français. D’autres évolutions se profilent : création d’un escadron de transformation opérationnelle et pourquoi pas d’une escadre, autonomie complète en matière de mise en œuvre et ouverture des postes aux sous-officiers. Et si, à l’image de la Grande-Bretagne, la France regroupait ses moyens de surveillance en faisant cohabiter drones et avions légers ?
L’escadron de drones « Belfort » dispose aujourd’hui de quinze équipages complets (pilote à distance, opérateur capteur, coordinateur tactique et opérateur image) dont quatre se relaient à Niamey pour y faire la guerre… La présence d’un drone à Cognac permet d’y conduire maintenant les actions de formation qui se faisaient auparavant à Niamey. C’est infiniment plus simple à gérer et on apprécie au sein de l’escadron « un retour à une situation plus saine ».
L’autre nouveauté, c’est que les pilotes à distance et opérateurs capteur français formant le LRE (Landing & Recovery Element) sont à présent formés aux Etats-Unis sur la base de Creech. La France n’est donc plus dépendante de l’assistance de General Atomics pour les phases de décollage et atterrissage. A Cognac, la dizaine de contractuels américains ne s’occupent plus que de la maintenance et de la mise en œuvre des appareils au sol.
On reconnaît d’ailleurs facilement ces opérateurs américains avec leur casquette anonyme vissée sur la tête, la barbe soigneusement taillée et le pantalon de toile couleur sable. Avec en toile de fond le haut mur en béton qui isole l’activité drone au milieu de la base, tout cela donne de faux airs de Kandahar à la base charentaise…
Là question des contractuels américains va encore évoluer d’ici quelques mois, puisque des mécaniciens français partiront aux Etats-Unis dès l’année prochaine pour y être formés sur le Reaper. Les stages, organisés à Syracuse dans l’état de New York, dureront de 4 à 9 semaines suivant les spécialités. A noter que le Belfort va directement former sur Reaper ses mécaniciens jusque là affectés au drone Harfang. Une évolution rendue possible par la fin des opérations sur l’appareil d’origine israélienne. Après avoir bourlingué en Afghanistan et au Niger, les quatre appareils (pas un seul de perdu en neuf années d’opération soit dit en passant…) sont revenus à Cognac en juillet 2016. Ils quitteront le service actif début 2018 et rien n’a filtré sur leur devenir après cette date.
Revenons d’un mot sur les LRE : une équipe américaine de General Atomics est toujours employée à Niamey, mais c’est là un choix de l’armée de l’Air pour épauler les équipages militaires qui travaillent en flux très tendus. Le LRE américain réalise une partie des décollages et atterrissages et passe la main aux militaires pour la partie opérationnelle proprement dite.
A Cognac en revanche, les LRE sont donc 100% français et l’escadron tourne à plein rendement avec des missions de transformation opérationnelle et de maintien des qualifications pour les équipages déjà formés. La mise en service d’un simulateur l’an prochain permettra encore d’accélérer le rythme. Le simulateur n’est en fait qu’un simple émulateur, une grosse boite électronique qui se greffe sur les cockpits déjà existant. Ce qui paraît simple à obtenir et à mettre en service ne l’est apparemment pas tant que ça…
Si l’on résume, la montée en puissance de l’escadron drone va faire passer ses effectifs de 170 à 300 personnes dans les trois ans à venir. Avec entretemps, à l’horizon 2019, l’arrivée de nouveaux appareils et la mise en œuvre de deux Reaper à Cognac.
Cette croissance va avoir un impact profond sur la structuration de l’activité drone au sein de l’armée de l’Air. La cellule « transformation opérationnelle » du Belfort devrait par exemple prendre du volume et se transformer en escadron de transformation opérationnelle drone (ETOD), à l’image de ce qui se fait par exemple avec les avions de combat (Escadron de Transformation Rafale à st Dizier ou Mirage 2000D à Nancy…). Le 1/33 Belfort se recentrera alors sur son cœur d’activité, l’activité opérationnelle.
Ces deux escadrons étant en place, il serait alors légitime de penser à la création d’une escadre pour chapeauter leur activité. On regarde avec envie à Cognac du côté de la base britannique de Waddington où la Royal Air Force a regroupé dans une même unité toutes ses compétences ISR (Intelligence Surveillance Reconnaissance). Un mouvement similaire en France pourrait donc aboutir – le conditionnel est de rigueur – au regroupement sous l’ombrelle d’une escadre cognaçaise des drones et des avions ISR légers que l’armée de l’air s’apprête à mettre en service.
Deux appareils seulement sont pour l’instant commandés et ils seront basés à Evreux. Mais si leur nombre devait augmenter, la tentation serait grande de les faire migrer vers Cognac… « Car il y aura des synergies à développer au niveau des opérations, mais aussi des opérateurs de charge utile et des pilotes » plaide-t-on en Charente.
Car dans ce domaine aussi la situation est bouillonnante ! Traditionnellement réservée aux officiers, la spécialité « opérateur capteur » vient de s’ouvrir aux sous-officiers de toutes spécialités, même si certaines se révèlent plus adaptées que d’autres : on songe par exemple aux moniteurs simulateurs, aux interprétateurs photo ou encore aux opérateurs de défense sol-air.
Tous ont une bonne pratique de l’anglais aéronautique et sont familiers des opérations dans la troisième dimension. Cinq sous-officiers ont d’ailleurs déjà suivi leur formation aux Etats-Unis et sont intégrés dans des équipages du Belfort. Hors de question pourtant d’ouvrir le poste de pilote à distance aux sous-officiers. L’armée de l’Air souhaite garder l’exclusivité de cette position aux pilotes qualifiés, qui sont obligatoirement des officiers dans le système actuel.
L’intégration dans des espaces aériens complexes et demain l’arrivée de l’armement renforcent les militaires dans cette logique. Une évolution possible pourrait être toutefois la création, qualifié à Cognac de probable, d’une filière de formation drone spécifique. Après un tronc commun sur avion léger avec les autres pilotes, les futurs « pilotes à distance » rejoindraient directement l’ETOD sans passer par la case Pilatus PC21 ou Alphajet. Mais quid ensuite de l’acquisition des compétences tactiques pour le tir des armements ? La question demeure posée, mais il reste encore quelques années pour lui apporter une réponse satisfaisante…
Frédéric Lert
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deleùontez : les drones ne sont pas encore armés ! mais ca va le devenir ! et c'est souhaitable. L'homme dans la machine pose trop de contraintes techniques de limitation de temps de problèmes physiologiques, et la perte humaine doit être évitée... chez nous. Le monde n'a pas vocation à la paix, la surpopulation mondiale fait ses dégâts exponentiels, les conflits se multiplient, et il est de notre devoir de nous défendre, sachant que la meilleure défense est souvent l'attaque. On est loin d'une philosophie d'un monde de paix, qui tient lieu d'espoirs utopiques. Alors vive les drones. Et enfin, on va mettre des sous-officiers aux commandes, d'abord par droit et ensuite qu'ils n'auront pas besoin de subir toute la batterie de tests physiques.
Tiens !? Un trumpiste ! Il faut éliminer les "autres" et garder sa suprémacie.
Que c'est beau un engin de mort sans rien risquer !
Il fut un temps pas si lointain ou il y avait des pilotes et de navigateurs sous off !
la jeune génération ( pour moi 75 ans!) est fan du joystick donc pas de problème pour que des Sous-Officiers puissent piloter des Drones! d'ailleurs presque tous les avions de transports se pilotent avec un joystick ainsi que les chasseurs!
une nouvelle époque depuis longtemps
Machines volante à tous faire mais machine à tuer.
Et alors ?
On est pas en mesure de produire ce genre de machine en France ?
Pierre
La question qui tue!! tout simplement parceque industriesl et surtout politiques n'ont pas été foutus de se mettre d'accord sur un programme commun ,notamment une alliance franco allemande. Ca aurait pu être un autre pays mais il faut en trouver un.. La Sagem en produisait un mais petit et pas très puissant, mais il a rendu des services.
Alors comme ça urge maintenant , eh bien on achéte américain alors qu'on a les compétences chez nous.. Déjà qu'on a pas été capables de prévoir un successeur l' Alpha Jet, donc on a acheté Suisse ;Qui est bien d’ailleurs ), mais on se demande pourquoi on a une construction aéronautique avec un tas d'ingénieurs capables..chez nous.