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Défense

Drones tactiques : le Watchkeeper devance le Patroller

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Frédéric Lert

L’achat de drones tactiques par l’armée de terre française met aux prises Thales et Sagem, avec d’un côté le Watchkeeper et de l’autre le Patroller. La compétition de laquelle s’est fait éjecter l’Artemis d’Airbus Defence and Space, devrait se terminer avant la fin 2015.


L’opération Barkhane actuellement conduite dans le Sahel est marquée par des élongations prodigieuses, des zones d’engagement dispersées et une force militaire dérisoire : 3.000 hommes engagés sur un territoire grand comme l’Europe de l’ouest. Faute de pouvoir tenir le terrain avec aussi peu d’hommes, tout plaide pour l’utilisation intense de moyens de surveillance aériens. La France déploie cinq drones (deux Harfang et trois Reaper) à Niamey. Mais il s’agit d’appareils imposants, hébergés sur un aéroport.

Il manque à la France des appareils tactiques, pouvant être engagés au plus près des forces au contact et traditionnellement mis en œuvre par l’armée de Terre. Celle-ci dispose encore d’une vingtaine de SDTI (Système de Drone Tactique Intérimaire) « Sperwer », entrés en service en 2005 et largement utilisés en Afghanistan. Ces appareils (une douzaine ont été perdus tout de même en Afghanistan, et aucun du fait de l’ennemi) sont aujourd’hui à bout de souffle et devront impérativement être remplacés avant 2017. D’où la compétition en cours.

Remontage d’un Watchkeeper aux couleurs de la British Army après son arrivée sur le théâtre afghan. En arrière plan, les antennes servant à la transmission des données. © DR

 

Le remplaçant du Sperwer sera donc un SDT (sans le I de Intermédiaire) pour lequel deux concurrents restent aujourd’hui en lice : le Watchkeeper de Thales et le Patroller de Sagem. Airbus qui proposait l’Artemis, version francisée du Shadow M2 de Textron, serait aujourd’hui hors course pour une raison qui laisserait pantois si elle était avérée : son offre n’aurait pas été remise dans les délais et la DGA, une fois n’est pas coutume, aurais été intransigeante sur ce sujet. Watchkeeper et Patroller restent donc seuls en course avec une décision finale attendue avant la fin de l’année.

Avec le Patroller, Sagem change totalement d’échelle en proposant une solution basée sur la cellule d’un véritable avion biplace. © DR

 

L’armée de terre n’a jamais fait mystère de sa préférence pour le Watchkeeper de Thales, un ancien chef d’état-major ayant même publiquement souhaité son achat sur étagère, sans appel d’offre. Le Watchkeeper est en service chez les Britanniques et il a été utilisé en Afghanistan quelques semaines à l’automne 2014. Mieux, les militaires français ont déjà eu l’occasion de s’entrainer sur l’appareil en Grande-Bretagne. Thales a plus qu’un pied dans la porte du contrat SDT, il a la jambe entière.

Le Patroller au décollage. Par sa taille, il se rapproche indéniablement des drones MALE aujourd’hui utilisés par l’armée de l’Air. © Sagem

 

Du côté de Sagem, on rame à contre courant pour garder le marché du SDTI. La société du groupe Safran porte à bout de bras le Patroller, développé sur fonds propres en prenant comme base un motoplaneur biplace Stemme S15. Le prototype qui vole depuis 2009 n’en finit pas d’exhiber ses différentes charges utiles, radar, guerre électronique, capteur optroniques etc. dans les salons et sur les terrains d’essais. Cela suffira-t-il ?

L’Artemis d’Airbus est très proche du drone Shadow de Textron, utilisé en opération par les US Marines. Il peut être catapulté au décollage. © DR

 

Ce qui laisse perplexe dans cette affaire est la variété des solutions proposées : l’Artemis d’Airbus mesure moins de 4m de long et pèse 340 kg au décollage (il peut d’ailleurs être catapulté pour faire l’économie d’une piste), contre 6m10 et 500 kg pour le Watchkeeper et 8m50 et 1 tonne pour le Patroller. Il y a donc un rapport de un à trois entre les différentes solutions proposées, avec, on peut l’imaginer des différences aussi conséquentes en terme de coût d’achat et de mise en œuvre.

Une vingtaine de drones Sperwer serait encore en service dans les armées françaises. L’appareil a été utilisé en Afghanistan mais pas au Mali. © DR

 

Par définition, le drone tactique est censé être mis en œuvre directement au profit des unités au contact, au plus près des combats. L’inflation des performances et des caractéristiques à laquelle on assiste aujourd’hui tend à les rapprocher des appareils MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) déjà mis en œuvre par l’armée de l’Air et utilisés pour renseigner les échelons de commandement supérieurs. Vous avez dit confusion des genres ?

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Drones tactiques : le Watchkeeper devance le Patroller
    Le PATROLLER est un drône polyvalent et adaptatif en temps réel à la mission. Il peut être redimensionné techniquement sur le théâtre d'opérations avec un minimum d'interventions et de temps, et qui plus est sa finesse aérodynamique permet de de l'utiliser en vol dégradé et en semi-planeur.

    C'est pour cela qu'il a été retenu.

  • Drones tactiques : le Watchkeeper devance le Patroller
    Le patroller est optionnellement pilotable, ce qui permet une intégration dans le traffic aérien européen possible immédiatement.
    Le patroller pourra aussi probablement être armé (plus difficile pour le watchkeeper) ce qui le rendrait complémentaire du Reaper.
    Après quelque soit le choix, il serait pertinent d'un point de vue volume d'achat et MCO d'avoir un parc d'engins étendu à d'autres missions (surveillance maritime, surveillance incendie...)

  • Drones tactiques : le Watchkeeper devance le Patroller
    Il y a quand même de nombreuses erreurs dans ce sujet:
    _ Airbus n'a pas rendu dans les temps car ils se sont purement et simplement retirés du marché cherchant à recentrer leur activité;
    _ Au moins 2 drones SPERWER d'afghanistan semblent avoir été touchés par l'ennemi
    _ Le WATCHKEEPER n'est plus vraiment en ordeur de sainteté étant donné qu'il est LARGEMENT moins performant que le PATROLLER et de plus, il n'est pas évolutif contrairement au drone de SAGEM.
    _ Le WATCHKEEPER reste dans le domaine des drones tactiques puisque appartenant aux drones de moins d'une tonne, le PATROLLER ne l'est pas.

    D'une part, je ne pense pas que posséder le PATROLLER soit vecteur de confusion entre l'armée de terre ou l'armée de l'air, chacuns ayant ses missions, complémentaires qui plus est.

    Personnellement, si le choix se porte sur le WATCHKEEPER, ce sera un bien mauvais choix pour notre armée.

  • Drones tactiques : le Watchkeeper devance le Patroller
    L'offre qui se rapprochait le plus du drone tactique n'a pas était remise ...
    Les deux offres qui restent correspondent effectivement plus à des drones MALE ...

    Si ça n'accouche pas d'un mouton à 5 pattes on aura de la chance ...

  • Drones tactiques : le Watchkeeper devance le Patroller
    Confusion des genres qui prouve que le cahier des charges n'est pas bien écrit, ou que le client ne sait pas bien ce qu'il veut...

    • Drones tactiques : le Watchkeeper devance le Patroller
      … ou que la grenouille veut toujours se faire aussi grosse que le boeuf….

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