Dassault Aviation et le ministère des armées s’engagent sur le lancement du futur standard F4 : plus de connectivité, une dose d’intelligence artificielle, intégration de nouveaux armements, nouveau calculateur moteur, maintenance prédictive, etc. Dix-sept ans après son entrée en service, le Rafale continue à évoluer et à progresser pour rester dans la course au niveau mondial.
Cinq ans pratiquement jour pour jour après la visite de Jean-Yves Le Drian venu lancer le standard F3R (à présent qualifié par la DGA), c’est au tour de Florence Parly d’avoir fait le déplacement à Mérignac pour signifier le lancement cette fois du standard F4. Les étapes s’enchainent donc souplement pour l’avion de combat français qui bénéficie d’un soutien cohérent de l’état et de l’industrie pour vivre et se développer.
La ministre a été accueillie à Mérignac par Eric Trappier, dans un hall d’assemblage abritant une bonne dizaine de Rafale aux couleurs qatariennes en cours d’assemblage. « Le standard F4 représente l’assurance que le Rafale restera au meilleur niveau mondial afin que nos forces aériennes de combat puissent mener l’ensemble de leurs missions de la façon la plus efficiente (… ) a expliqué le PDG de Dassault Aviation dans son discours, avant d’ajouter que « (…) le Rafale restera une référence crédible à l’export ».
Le budget de développement sera d’environ 1,9 milliards d’euros, réparti entre les différents partenaires et échelonné dans le temps. La connectivité de l’avion tiendra une place centrale dans les futures capacités de l’avion et lui permettra de maintenir un fort niveau d’interopérabilité avec les alliés dans le cadre d’opérations en coalition, avec en toile de fond l’émergence et la prolifération de moyens dits « de dénis d’accès ». Des systèmes de combat air-sol mobiles et à longue portée qui exigeront, pour être combattus, un travail poussé en réseau et des échanges rapides de volumes importants d’information.
Au niveau franco-français, le Rafale communiquera plus et mieux avec les Airbus ravitailleurs qui entrent actuellement en service, avec les futurs drones Euromale, avec les futurs appareils optimisés pour la guerre électronique. De nouveaux modes de tir collaboratifs entre avions de combat pourront également être développés, tandis que les capacités du radar RBE2 et de Spectra seront étoffées. Une inconnue de poids demeure sur le niveau de collaboration qui pourra être instauré avec les appareils américains de 5ème génération, et en particulier le F-35, pour lesquels de nouveaux réseaux sont en cours de développement.
On doute toutefois côté français que sous prétexte de tuer la concurrence européenne et en particulier celle du Rafale, les Américains se privent d’un allié en renonçant à un langage commun…
Deux équipements impatiemment attendus feront leur apparition sur le Rafale F4 : la liaison satellitaire (une antenne satellite sera installée au pied de la dérive dans une soute laissée vacante) et le viseur de casque qui sera fournit par Thales.
Le standard F4 sera également l’occasion de recommencer à injecter de l’innovation dans le moteur Snecma M88, avec le développement d’un nouveau calculateur de régulation moteur. Objectif, augmenter un peu plus encore la fiabilité du moteur (jugée déjà très bonne par les utilisateurs) et introduire de nouvelles capacités dans le traitement préventif des pannes. L’idée d’un M88 à la poussée augmentée à 9 tonnes, qui avait été parfois évoquée par le passé semble quant à elle définitivement enterrée. Les opérationnels ne semblent pas prêts à sacrifier de l’autonomie sur l’autel de la course à la puissance…
Au chapitre de l’armement, le Rafale F4 promet des évolutions sans rupture majeure : mise en service du missile air-air MICA NG (l’ouverture du point 3 sous la voilure permettant d’emporter jusqu’à 8 missiles simultanément), rénovation du SCALP-EG et développement d’une AASM d’une tonne à guidage mixte inertiel/GPS et imageur infrarouge ou laser (en remplacement de l’actuelle GBU-24 jugée obsolète par les utilisateurs, avec son guidage uniquement laser).
Les nacelles Talios (désignation laser) et Reco NG (reconnaissance) seront également modernisées, avec l’introduction d’une dose d’intelligence artificielle (IA) permettant un prétraitement de l’image présentée à l’équipage. L’IA promet beaucoup, et dans de nombreux domaines, mais il semble qu’un certain nombre d’options proposées par les industriels n’aient pas été retenues pour le standard F4. Soit qu’il ait fallu faire des choix financiers, soit que les technologies n’aient pas semblé encore assez matures. Rendez-vous est pris pour la rénovation à mi-vie ou un futur standard F5 de l’avion…
Un dernier mot sur le Rafale marine, qui bénéficiera avec le standard F4 d’une plus grande précision dans son positionnement à l’appontage. Avec à la clef un abaissement des minimas mais aussi une étape de plus franchie vers la mise en œuvre dans le futur d’un drone embarqué (avec une exigence extrême en matière de précision).
Certaines des fonctions attendues avec le standard F4 pourraient être disponibles dès 2022, mais l’ensemble du standard F4 ne devrait pas être qualifié avant 2025. Un calendrier précis d’industrialisation et de mise à niveau de la flotte française devrait être connu avant la fin de l’année.
Rappelons qu’à ce jour 152 Rafale ont été livrés à la France et 28 restent en commande. Ces derniers appareils seront livrés de 2022 à 2024. Une commande supplémentaire de trente avions (qui seront fabriqués directement au standard F4) est également attendue en 2023, pour parvenir in fine à 210 avions livrés.
A l’export, le Qatar garde toujours une option sur 36 appareils supplémentaires et l’Egypte sur 12 autres. Le Rafale est en compétition en Inde pour la fourniture de 110 appareils pour l’Air Force et 57 pour la Navy. Des compétitions sont également attendues en Suisse et en Finlande. Après une adolescence turbulente, le Rafale est à présent un jeune adulte serein…
Frédéric Lert
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