Exercice Athena : pour les Forces Spéciales, il s’agit de la dernière répétition avant leur engagement en « opex » dans le Sahel et au Levant (Irak, Syrie). Près de 300 opérateurs, épaulés par les C-160 Transall, C-130 Hercules et DHC-6 Twin Otter du 3/61 Poitou et les Caracal du 1/67 Pyrénées, multiplient les entraînements dans le grand sud-ouest…
Hélicoptères, avions, commandos… En matière de forces spéciales (FS), l’armée de l’Air dispose d’un triptyque qui est aujourd’hui bien engagé simultanément sur deux théâtres d’opération : le Sahel et, dans une moindre mesure, le Levant, c’est à dire l’Irak et la Syrie. Ces forces sont impliquées dans des actions offensives, des missions de renseignement et des missions dites « d’environnement » (formation et encadrement d’armées de pays amis).
On retrouve aujourd’hui trois unités au cœur de ces FS : l’escadron de transport 3/61 Poitou équipé de C-160 Transall, C-130 Hercules et DHC-6 Twin Otter, l’escadron d’hélicoptères 1/67 Pyrénées équipé de Caracal et enfin le CPA 10 (Commando Parachutiste de l’Air). Au total 640 hommes (pour la plupart) et femmes.
Mais le microcosme FS va bien au-delà de ce premier cercle d’unités : des unités dites « conventionnelles » sont également à la manœuvre en deuxième rideau pour fournir des « modules d’appui aux opérations spéciales » (MAOS). Il s’agit de capacités de niches qu’il serait inutile de dupliquer : maitre-chiens du CPA30, spécialistes du génie de l’Air, moyens de communication et de contrôle aérien de l’EAC2P etc.
Et puis vient ensuite un troisième cercle constitué d’unités référentes dans leur domaine d’expertise. Le meilleur exemple est fourni par l’escadron de chasse 2/30 Normandie Niémen, interlocuteur privilégié des FS. Non pas qu’il soit le seul escadron travaillant avec celles-ci, mais c’est à lui que revient de faire l’interface avant de transmettre aux autres escadrons les leçons apprises.
Ce sont donc ces trois cercles, avec en outre quelques éléments des forces spéciales de l’armée de Terre et de la Marine, que l’on retrouve dans le grand sud-ouest cette semaine. « L’exercice s’inscrit dans un processus de qualification explique un officier : dans le cadre de scénarios calqués sur les opérations réelles, les opérateurs profitent d’Athéna pour cocher les cases qui leur manquent avant de partir en opération ». L’exercice est également l’occasion de parfaire la coopération entre tous les intervenants, qui se retrouveront un jour ou l’autre en opex.
Environ 300 personnes sont engagées, avec deux Caracal du Pyrénées, un Transall et un Twin Otter du Poitou, un Tigre, un Cougar et une Gazelle du 4ème RHFS de l’Alat. La base aérienne de Mont-de-Marsan sert de base arrière, mais l’exercice se déploie dans un large périmètre s’étendant jusqu’à Cahors ou Pau, avec une importante activité de tirs réels sur le terrain de Captieux, dans les Landes, un terrain qui connait d’ailleurs un fort développement.
Le champ de tir, qui affiche grosso modo la superficie de Paris, vient de se doter d’un nouveau pas de tir permettant de faire travailler simultanément forces au sol et hélicoptères d’appui. Un autre pas de tir est en construction, qui permettra l’entrainement des tireurs d’élite longue distance (TELD) jusqu’à 2500m.
Autre projet dans les cartons pour Captieux, la mise en service d’une piste sommaire d’environ 1.000m pouvant recevoir tous les avions tactiques de l’armée de l’Air, depuis le Twin Otter jusqu’à l’A400M. Un détachement du 25ème Régiment Génie de l’Air était d’ailleurs chargé dans le cadre de l’exercice Athena de l’évaluation de deux zones potentielles.
L’amiral Isnard, commandant les opérations spéciales, plaidait récemment en faveur d’une hausse des formats projetables auprès de la commission « Défense » à l’Assemblée nationale. Il souhaiterait disposer des ressources permettant de déployer simultanément deux forces d’environ 300 opérateurs disposant chacune de moyens aériens, avions et hélicoptères.
Très impliquées dans le Sahel, mais victimes des disponibilités insuffisantes de leurs aéronefs, les forces spéciales Air n’ont, par exemple, pas la capacité de mettre en place un deuxième plot permanent avions et hélicoptères au Levant.
La situation est également tendue au niveau des effectifs : le CPA10 est lui-même en sous-effectif avec 240 opérateurs pour un effectif théorique de 290. Le général Fontant, commandant les FS Air, annonçait récemment pour ce CPA des recrutements à venir directement au sein de la société civile. Des jeunes gens sans antécédents militaires donc, mais qui devront faire preuve d’une solide motivation. Ce qui ne laisse pas d’étonner car l’armée de l’Air dispose de deux autres CPA, les CPA20 et 30, principalement affectés à la protection des installations de l’armée de l’Air. Leurs effectifs ne seraient apparemment pas suffisants pour servir de vivier au CPA10…
Depuis le début des opérations en Afghanistan et plus encore depuis le déclenchement des combats dans le Sahel, les FS françaises connaissent une activité incessante et un développement notable. L’exemple américain est là toutefois pour nous rappeler que les FS ne sont qu’un outil au service d’une politique et que leur développement n’est pas une solution en soi. Fin 2001, les Etats-Unis disposaient de 33.000 militaires labellisés « Forces Spéciales », avec un théâtre d‘opération : l’Afghanistan. En 2018 le nombre de FS américaines a doublé, passant à 70.000, et elles sont à présent actives dans plus de 150 pays dans le monde. Ce qui ne règle rien : la guerre est devenue mondiale et perpétuelle !
Frédéric Lert
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Secouer le cocotier , neutraliser les bandits , quand faut y aller ... Bonne chance aux hommes et femmes de bonne volonté' !