Dans les derniers jours de 2019, la marine chinoise a officiellement mis en service son deuxième porte-avions, le « Shandong », embarquant des J-15. La construction du troisième est déjà lancée et le pays table sur quatre navires opérationnels à l’horizon 2030. Reste à savoir avec quels avions…
La Chine ne cache pas son ambition de devenir la première puissance militaire du monde à l’horizon 2050, devant les Etats-Unis. Le pays dispose de bons atouts en main : puissance économique, effectifs pléthoriques et capacité à planifier sur le long terme, sans s’encombrer de l’opinion publique et des aléas propres aux élections. Et pour aller vite, un art consommé de la copie et du vol de technologies.
La courbe de croissance de la marine militaire chinoise confirme cette ambition : tous les quatre ou cinq ans, Pékin construit l’équivalent du tonnage de la marine militaire française ! Avec donc comme pièce maitresse le porte-avions…
Le premier, le Liaoning, est entré en service en 2011. Les débuts sont modestes : le navire, semblable à l’Amiral Kouznetsov équipant la marine russe, est acquis en 1998 auprès de l’Ukraine. Officiellement il s’agit d’en faire un casino flottant. Très drôle ! Le navire est remis en état et accueille ses premiers avions en 2012.
Au même moment sont découpées les premières tôles du Shandong. Le projet de ce deuxième porte-avions est révélé en 2013. Le navire est lancé en 2017 et quelques mois plus tard, les essais à la mer voient le navire aller faire des ronds dans le détroit séparant la Chine continentale de Taiwan. Le porte-avions joue déjà sa partition d’outil de gesticulation diplomatique.
Le 17 décembre 2019, le navire est donc officiellement mis en service en présence du président chinois, Xi Jiping. Le Shandong est le premier navire de ce type construit par un chantier naval chinois. Mais il reste très similaire au Lianing, à peine plus long d’une dizaine de mètres. Il déplace 70.000 tonnes à pleine charge et pourrait emporter jusqu’à 36 chasseurs dit-on (pas beaucoup mieux que le Charles de Gaulle pour un déplacement près de deux fois supérieur…).
Mais comme son prédécesseur, le Shandong n’est équipé que d’un tremplin pour le décollage, ce qui limite fortement l’efficacité de son groupe aérien. D’autant que l’avion de combat embarqué, le J-15, copie du Sukhoi 33 russe, se distingue par une masse à vide très élevée : 18,4 tonnes. Soit 4 tonnes de plus que le Super Hornet ou 8 tonnes de plus que le Rafale (on retrouve d’ailleurs entre le J-15 et le Rafale le même ratio de surpoids qu’entre leurs porte-avions respectifs…)
L’occasion de rappeler ici la première qualité de l’avion français : sa compacité et son extraordinaire capacité d’emport, rapportée à sa masse à vide. Obligé de trainer sa ferraille sur un tremplin, le J-15 n’a aucune chance de pouvoir décoller avec les pleins de carburant et des charges offensives significatives.
Avec le Shandong, les Chinois restent donc dans le monde de la copie : copie du navire lui-même, copie des avions et des hélicoptères embarqués. Mais cela va changer avec un troisième navire dont la construction aurait déjà débuté. Il s’agirait pour le coup de venir concurrencer directement les porte-avions américains, avec un navire à propulsion nucléaire, qui serait équipé de catapultes électromagnétiques, sur le modèle de l’USS Ford. Mais pour lancer quel avion ?
Le J-15 n’est pas conçu pour être catapulté et on a vu qu’il affichait son âge dans sa masse à vide élevée. Inversement, les Chinois ont conçu ces dernières années une nouvelle génération d’avions de combat, avec en tête de gondole le J-20 (aujourd’hui déclaré opérationnel au sein de la force aérienne) et le FC-31, clone de F-35. Ces deux appareils pourraient ils être embarqués ? Ou bien la Chine pourrait-elle développer un nouvel appareil optimisé pour son aéronavale ?
Les chasseurs devront en outre être épaulés par un avion de guet aérien et peut-être même par des drones, sur le modèle du MQ-25 américain.
Le niveau d’ambition de la Chine étant ce qu’il est, il ne fait guère de doute que des appareils entièrement nouveaux prendront place un jour ou l’autre sur le pont des futurs navires chinois. Reste la question à 13 milliards de dollars (prix de l’USS Ford) : quel sera le rôle des porte-avions chinois ?
S’il s’agit de dépasser le voisin indien, le contrat sera vite rempli. Si l’objectif est de faire jeu égal avec l’US Navy à l’échelle planétaire, ce sera plus complexe. Mais s’il s’agit simplement de tenir cette dernière à distance dans ce que Pékin considère comme son pédiluve et qui va du Japon à l’Indonésie, en passant par Taiwan, les Chinois pourront certainement crier victoire dans une ou deux décennies.
Frédéric Lert
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