Rafale et Sukhoi 30 se sont retrouvés dans le ciel français pour la sixième édition de l’exercice franco-indien Garuda. Au menu de la rencontre, combat air-air et air-sol et découverte des appareils et des savoir-faire de chacun.
La coopération franco-indienne est une longue histoire qui remonte à l’achat de MD450 Ouragan en 1953. Ensuite sont venus les Mystère, Jaguar et autres Mirage 2000, et enfin les Rafale, 36 commandés, dont les premiers exemplaires devraient être livrés à l’automne.
La première édition de Garuda dès 2003 a permis de nouer des liens au niveau opérationnels en organisant des entraînements conjoints. Pour la sixième édition de l’exercice, quatre Sukhoi 30 MKI du Squadron 24 « Hunting Hawks » ont fait le déplacement depuis leur base de Bareilly Air Force Station, dans le nord de l’Inde. Accompagnés par un Iliouchine 78 MKI de ravitaillement en vol du Squadron 78 « Battle cry », les appareils se sont posés le 28 juin 2019 à Mont-de-Marsan à l’issue d’un convoyage de 48 heures qui les a fait passer par les Emirats Arabes Unis et l’Egypte.
Sur la dernière branche du vol, les avions indiens ont été ravitaillés par un C-135FR de l’armée de l’Air, en utilisant les nacelles de voilure. Deux C-17 de l’Indian air force ont également participé à la manœuvre logistique pour la mise en place et le démontage de l’exercice.
L’objectif des deux semaines d’exercice était d’améliorer le niveau d’interopérabilité des équipages français et indiens dans les missions de défense aérienne et d’attaque au sol. Côté français, outre la participation des Rafale et des équipages du grand 2/30 Normandie Niemen, à la manœuvre pour l’organisation de la rencontre, l’armée de l’Air avait également engagés des Mirage 2000D, 2000-5 et Alphajet, un Boeing ravitailleur, un E-3F, des avions de transport tactique, tous ces avions partant de leurs bases respectives.
La première semaine a été consacrée à la découverte du fonctionnement de la base aérienne 118, de l’espace aérien local et des terrains environnants ainsi que des spécificités françaises… Les premières missions ont suivi des scénarios assez simples, avec des engagements air-air en portée visuelle en 1 contre 1, 1 contre 2 puis 2 contre 2.
« Nos camarades indiens se sont très vite adaptés aux conditions d’exercice et nous avons pu rapidement aborder des scénarios plus riches en deuxième semaine » souligne le lieutenant-colonel Courty, commandant du Normandie Niémen. « Nous sommes alors passés à des missions d’entrée en premier, avec des COMAO (NDA : force composite rassemblant différents types d’aéronefs) d’une quinzaine d’appareils permettant d’enchainer des engagements air-air et air-sol complexes ».
Les Sukhoi sont venus sans réservoirs supplémentaires, sans missiles d’exercice ni nacelles de désignation laser. Quelques passes de tir canon « dry » (sans ouverture du feu) ont été réalisées sur le champ de tir de Captieux. Tous les tirs de missiles pendant les combats air-air étaient également simulés en reproduisant des niveaux de performance fixés arbitrairement, avec par exemple une portée de 30 nautiques pour les tirs « F3 » (missiles à guidage actif). C’est une procédure courante lorsqu’il s’agit de s’entrainer entre nations partenaires sans dévoiler le niveau exact de performance de ses propres engins.
Dans la salle de débriefing du Normandie Niemen, chaque mission était rejouée en détail grâce au système Tacview : le logiciel se nourrit des informations fournies au retour du vol par les enregistreurs GPS de chaque avion. Les trajectoires de tous sont ensuite consolidées à l’écran, présentant une image dynamique et précise des engagements.
Les Sukhoi 30 MKI venus à Mont-de-Marsan étant tous des biplaces, et les Rafale biplaces étant également nombreux sur la BA 118, une quinzaine de pilotes indiens ont pu goûter au Rafale depuis la place arrière et autant de français en ont fait autant à bord des Sukhoi. Pour les premiers, c’était la découverte d’une interface homme machine très poussée, avec des commandes de vol exceptionnelles. A bord du Sukhoi, c’est l’impression de puissance et les dimensions bluffantes de l’avion qui dominaient…
Le Sukhoi est un monstre qui entre au chausse-pied sous les sunshade et c’est une montagne qu’il faut escalader avant de se glisser dans le cockpit. « Titan », l’indicatif radio des avions indiens, était particulièrement approprié…
Une particularité de l’avion tient également à sa poussée vectorielle, avec des tuyères orientables. Un dispositif qui vient s’ajouter aux plans canard, à l’empennage et aux ailerons pour donner à l’avion toute sa manœuvrabilité. Attention toutefois : le Sukhoi est un appareil de la classe des 30 tonnes, près de deux fois plus lourd qu’un Rafale et qui peut très vite dégrader son énergie. Le plus fort au combat n’est pas forcément le plus musclé…
Les Indiens sont extrêmement discrets sur les capacités et les équipements de leurs avions. On peut dire toutefois que les Sukhoi sont finalement très représentatifs de la force aérienne qui les emploie, avec un mélange constants entre matériels en provenance d’Inde, de Russie, des Etats-Unis, et de quelques autres pays comme la France ou Israël… On souhaite bonne chance aux responsables du soutien, mais il est vrai que l’Inde a la réputation de s’épanouir dans la gestion des processus bureaucratiques complexes…
Garuda était également l’occasion de vérifier in situ l’étrange mélange des genres qui a cours au sein de la force aérienne indienne, avec par exemple des mécaniciens allant le matin aux avions en marchant (partiellement) au pas, et des pilotes amateurs de ray ban et de patches à la mode occidentale. Dans le hangar mis à la disposition du détachement indien, les tables étaient installées pour la vente de souvenirs. Dans une pièce attenante transformée en salle à manger, le couvert était mis pour nourrir le détachement de 110 personnes. Le cuisinier indien était à l’œuvre et ça sentait fort les épices…
Frédéric Lert
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