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Défense

F-16 en Ukraine : nous y voilà…

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Frédéric Lert

Les premiers F16 sont arrivés en Ukraine, c’est aujourd’hui une certitude. Un peu plus d’un an après le feu vert donné par le président Biden, voici venue l’heure de vérité. Tous les discours et les écrits de ces derniers mois sur l’emploi de ces avions vont maintenant se heurter à la réalité.

Si les Russes avaient encore des doutes, il leur suffirait de lire le web pour se faire une raison. Des F-16 circulent en Ukraine. L’information n’est pas encore confirmée officiellement par Kiev, mais elle l’a été officieusement par plusieurs officiels européens. Ces annonces font suite à la diffusion de plusieurs images montrant un F-16 évoluant dans le ciel de Lviv. 

On parle d’une poignée d’avions, moins d’une demi-douzaine. Le Washington Post expliquait quant à lui très récemment que seulement six pilotes seraient qualifiés sur l’avion à ce jour.

On est donc dans une capacité militaire qui reste largement symbolique mais c’est une étape clef pour l’Ukraine qui va à présent entrer dans le dur avec cet avion. En face, la Russie, qui a eu largement le temps de se préparer, va de son côté tout essayer pour se payer un avion, en vol ou plus certainement au sol. Si Moscou fait pour une fois les choses correctement, on peut imaginer que plusieurs équipes de ses forces spéciales se déplacent déjà en Ukraine en civil pour repérer les cibles stratégiques, avec maintenant en tête de liste les avions de combat américains. Moscou annonce par ailleurs offrir des primes à qui permettra leur destruction.

Pour échapper à la menace des équipes de sabotage, des drones ou des missiles balistiques, les Ukrainiens vont devoir être très mobiles et faire bouger leurs avions très fréquemment, peut-être même tous les jours. Un exercice compliqué mais qu’ils pratiquent déjà depuis plus de deux ans avec leurs MiG et Sukhoi. On espère aussi pour les Ukrainiens qu’ils auront fait les choses dans l’ordre avec la mise en place des infrastructures, abris, terrains de desserrement, leurres et autres batteries de missiles pour protéger leurs précieux avions.

Une hypothèse indique qu’ils pourraient très bien garder un minimum d’avions dans le pays tout en stockant les autres dans un pays de l’OTAN (au besoin en effaçant leurs marques de nationalité) où se ferait également la maintenance lourde. Avec cette exigence toutefois que les missions de combat ne pourraient être lancées et récupérées que depuis le sol ukrainien. Moscou a déjà prévenu : l’utilisation d’un terrain étranger pour lancer une mission contre ses troupes serait considérée comme un casus belli, OTAN ou pas OTAN… Ceci nous laisse d’ailleurs évoquer la possibilité que le F-16 aperçu dans le ciel de Lviv ne soit pas encore basé dans le pays mais soit venu de l’extérieur, la Pologne n ‘est vraiment pas loin…

Une fois les avions sécurisés se pose la question de leur emploi. La logique voudrait que les Ukrainiens commencent par les missions les plus simples, comme par exemple la défense aérienne de zone loin du front. Le temps de leur permettre de se familiariser avec l’emploi des avions. On parle là des mécaniciens, des pilotes, mais aussi et peut-être essentiellement des états-majors.

Rien ne serait plus dommageable pour l’Ukraine de gâcher cet atout dans une utilisation contre-productive. Pour des gens qui n’ont connu que des avions russes, avec des procédures et des tactiques d’emploi russes, l’obstacle est de taille et demandera du temps pour être surmonté à tous les niveaux hiérarchiques. On l’a vu dans le domaine terrestre où tous les commandants d’unités ukrainiens n’ont pas su exploiter au mieux les matériels occidentaux.

Cette difficulté et ce scénario ont déjà été rencontrés par les pays d’Europe de l’Est, par exemple la Pologne ou Roumanie pour ne citer que des utilisateurs de F-16. Mais cet apprentissage, cette « occidentalisation » s’est faite progressivement, en plusieurs années et en temps de paix.

Du côté russe et ukrainien, l’arme aérienne ne joue en ce moment qu’un rôle assez secondaire sur le champ de bataille relativement figé, les avions ne s’aventurant que très rarement dans le camp d’en face. Or tout l’intérêt d’une force aérienne tactique bien utilisée est de pouvoir débloquer une situation en faisant sauter des verrous. Il faudrait à l’Ukraine plusieurs dizaines de F-16 très bien employés pour obtenir ce résultat et nous sommes encore loin de cette situation !

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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