Dans la grande tradition de l’US Air Force, le best-seller F-16 va prochainement débuter une nouvelle carrière de cible volante sous la dénomination QF-16.
Jusqu’à présent, les avions cible en service Outre-Atlantique, où l’on ne saurait se contenter de banals engins cibles, étaient les QF-4, versions « dronisées » du célèbre Phantom II. Comme chacun sait, le « F » signifie « Fighter » dans la nomenclature américaine et le « Q » est synonyme de cible… Sur les quelque 5195 Phantom construits par McDonnell Douglas, 318 très exactement avaient été tirés des stocks de Davis Monthan à partir de 2001 et modifiés pour être pilotés à distance et se faire tirer dessus en toute quiétude. Il en coûtait pour chaque avion 9000 heures de travail et un peu plus de 800.000 dollars. Avant le QF-4, et dans un passé pas si lointain, l’US Air Force avait également mis en l’air des QF-100 et des QF-106.
Le métier dangereux des QF-4 s’est traduit par une attrition rapide et dès le début des années 2000, l’US Air Force et Boeing ont commencé à réfléchir à un successeur. Celui-ci devait être relativement bon marché et disponible en grand nombre. Ce fut le F-16, dont les chiffres de production sont en train de rattraper ceux de son glorieux ancêtre. A peine le dernier F-4 remis en état de vol (il s’agissait en fait du RF-4C numéro de série 68-0609), le 576th Aerospace Maintenance and Regeneration Squadron s’était mis au travail pour remettre en faire revivre un premier lot de F-16 sortis de stockage longue durée. Les essais en vol du premier « prototype » de QF-16 prirent place en mai 2012, dans un premier temps avec un pilote aux commandes.
Et jeudi dernier, mais le secret avait été bien gardé, un QF-16 vola pour la première fois sans pilote à bord. L’appareil était contrôlé depuis une station sol par une équipe du 82nd Aerial Target Squadron de la base aérienne de Tyndall. Il effectua une série de manœuvres en vol, un sprint supersonique et un atterrissage automatique, comme l’avait été d’ailleurs le décollage. Comme tous les avions « Q » l’ayant précédé, le QF-16 sera utilisé pour deux missions d’entrainement bien distinctes : le tir sol-air sous la férule de l’US Army depuis la base d’Holloman et le tir air-air pour l’US Air Force, depuis Tyndall cette fois.
Six QF-16 ont déjà été modifiés et les plans prévoient actuellement la conversion d’un total de 126 appareils. Pour les F-16 les plus anciens, sortis des chaines de Fort Worth à la fin des années 70 et au début de la décennie suivante, mourir en plein ciel sous les coups de missiles est une fin somme toute honorable. Cette fin aurait pu toutefois être encore plus glorieuse, puisque Lockheed Martin avait envisagé au tournant du siècle de faire du F-16 un véritable drone de combat (UCAV). L’idée de doter l’appareil d’une voilure agrandie avait même été évoquée : avec plus de dix tonnes de carburant à bord, le F-16 UCAV aurait affiché une autonomie de huit heures sans ravitaillement en vol. Ce projet comme tant d’autres tomba dans les oubliettes de l’histoire.
Frédéric Lert
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F-16 : une nouvelle histoire de Q
J'avais vu ailleurs une vidéo sans explication et je me demandais pourquoi les Etats Unis développaient un F16 drône... Je n'avais pas pensé au recyclage en avions-cibles pour des chasseurs en fin de vie... De fait, vous auriez pu titrer : " F-16 : une histoire de Q pour finir en beauté "... ou quelque chose du genre...