Britanniques et Américains sont également bien placés pour fournir des avions de combat à l’Ukraine. On pense en premier lieu à l’Eurofighter très répandu en Europe, mais aussi au F-16 omniprésent aux Etats-Unis et chez ses alliés. D’autres options peuvent être envisagées, de la plus raisonnable à la plus improbable, tant l’arsenal occidental est riche.
Les Britanniques sont aussi dans les starting blocks pour fournir des avions et investir sur le long terme en formant pilotes et personnel technique. Début février, le premier ministre britannique Rishi Sunak expliquait que son pays commencerait à former les Ukrainiens sur des appareils de l’OTAN dès le printemps 2023. La Royal Air Force fait déjà face toutefois à des goulets d’étranglement dans la formation de ses propres pilotes de combat. Comme pour la France, l’injection de quelques dizaines d’ukrainiens ne serait pas indolore.
Les Britanniques pourraient toutefois compter sur la communauté d’utilisateurs d’Eurofighter en Europe, puisque c’est bien la fourniture de cet avion aux Ukrainiens qui est évoquée actuellement. Anglais, Italiens, Espagnols et Allemands pourraient partager le fardeau de l’entrainement, par exemple en confiant aux uns la formation des pilotes, aux autres celle des techniciens. Les italiens sont bien affutés en matière de formation, ayant mis sur pieds en Sardaigne une International Flight Training School, fruit d’une collaboration entre l’Aeronautica Militare et Leonardo.
Les Eurofighter Typhoon tranche 1 de la Royal Air Force figurent parmi les premiers mis en service et ils sont destinés à être remplacés par des F-35. Ce sont avant tout des intercepteurs équipés du radar Captor et d’un capteur infrarouge, avec comme armement principal le missile AMRAAM. Les capacités air-sol sont limitées, mais l’avion pourrait tout de même accepter le missile de croisière Storm Shadow. Un « game changer » comme on dit Outre-Manche.
Mais attention : comme pour la plupart des autres appareils proposés par les Occidentaux, les Typhoon « tranche 1 » sont des avions en fin de vie dont l’entretien promet d’être complexe, avec de réels problèmes d’obsolescence de certains composants. Ben Wallace, ministre britannique de la défense, a quant à lui précisé que l’Ukraine pourrait ne recevoir ces avions qu’après la fin de la guerre. « Aucune livraison rapide d’avions de combat ne peut être espérée à ce stade, et certainement pas dans les six mois à venir » a-t-il précisé au cours d’une interview.
L’autre avion dont on parle beaucoup, c’est bien entendu le F-16. Le chasseur-bombardier de Lockheed Martin coche beaucoup de cases : polyvalent, performant, disponible en grand nombre, avec une base industrielle solide pour assurer son entretien et son suivi technique. Avec le F-16 viendrait également le savoir-faire et les ressources (immenses) des Américains en matière de formation.
Pour un pilote sortant d’école de pilotage, le cursus de formation sur F-16 dure 9 mois (cours au sol, simulateur et vols). Pour des pilotes américains déjà qualifiés sur jets, la formation est inférieure à trois mois, avec à la clef l’apprentissage du combat air-air et air-sol à bord du F-16. Ce serait là la partie facile pour les Ukrainiens.
Après débuteraient les choses sérieuses : la survie aux premiers vols opérationnels et l’accumulation progressive de l’expérience directement sur le champ de bataille. Pour mettre tout le monde à l’aise, les Ukrainiens ont déjà annoncé disposer d’au moins 30 pilotes expérimentés parlant anglais prêts à partir Outre Atlantique.
Les autorités américaines ont toutefois précisé qu’elles ne donneraient pas de F-16 aux Ukrainiens dans l’immédiat. Mais s’opposeraient-elles à ce que d’autres pays le fassent à leur place ? Probablement pas… Le F-16 est en service dans neuf pays de l’OTAN (et de nombreux alliés de Washington en dehors de l’OTAN) et son remplacement progressif par le F-35 a déjà commencé à libérer plusieurs flottes.
Terminons ce tour d’horizon en évoquant quelques outsiders américains. Le A-10 ? Avion puissant certes, mais compliqué à utiliser dans un environnement placé sous la menace de la chasse ennemie. La consommation d’obus de son canon en fait également un avion pour pays riche.
Polyvalence de bon aloi, attrait du bimoteur, capacité air-air séduisante avec le missile AMRAAM, capacité anti-surface avec le missile Harpoon, utilisation possible comme ravitailleur en vol, le F/A-18 Hornet, coche lui aussi beaucoup de case. Et puis, si l’on rentre dans le détail, empreinte au sol réduite avec sa voilure repliable, maintenance optimisée pour un emploi sur porte-avions, ce qui est un atout quand on cherche à se faire discret au sol.
Et si l’imagination devait être la seule contrainte, citons pour finir l’AV-8B Harrier II. Les US Marines utilisent encore, et pour quelques mois seulement, deux escadrons de l’appareil dans sa version « II+ ». Le chasseur à décollage court et atterrissage vertical sera remplacé par des F-35 au plus tard en 2028.
L’AV-8BII+ est polyvalent, avec radar, nacelle de désignation laser, liaison de données L16, compatibilité JVN, capacité de mettre en œuvre aussi bien les missiles AMRAAM en air-air qu’une large gamme d’armements guidés en air-sol.
Dans sa dernière version, il ne lui manque rien par rapport à un avion « classique ». Il est aussi et surtout idéal pour mener une guerre d’embuscade et d’innovations tactiques comme savent si bien le faire les Ukrainiens. Des détachements mobiles, au plus près du front, installés pour quelques heures sur des terrains improbables, avec seulement quelques véhicules terrestres en soutien. Indétectables, insaisissables.
Au début des années 1970, lors la mise en service des premiers Harrier, les Britanniques avaient poussé très loin la notion de desserrement, de mobilité et d’attaques coups de poing contre l’ennemi du moment. Un demi-siècle ans plus tard, cet ennemi est de retour et les leçons apprises en 1970 sont toujours valables.
Il y a pourtant peu de chance que l’on signale des AV-8B aux couleurs ukrainiennes. L’avion a quelques défauts rédhibitoires, comme celui de ne plus être en production depuis 1995. Surtout, les Marines reconnaissent aujourd’hui que l’entretien de l’appareil est très compliqué. Venant des Américains, cette appréciation n’est pas anodine.
En 2011, les Britanniques ont décidé abruptement d’arrêter leur flotte, cédant 72 de leurs appareils aux Américains qui ont depuis « cannibalisé » toutes les pièces qui pouvaient l’être. La complexité ne vient pas seulement de l’approvisionnement en rechanges mais aussi de l’entretien courant de l’avion : celui-ci a été conçu autour de son réacteur. Rolls Royce Pegasus
D’accord, le Harrier est très compact, puissant, il décolle en 200m et se pose à la verticale. Mais il faut démonter l’aile pour changer le moteur. Deux jours de travail… L’avion est aussi compliqué à maitriser pour les pilotes. Les Marines, qui continuent de former de nouveaux pilotes, ont un cursus qui ne prévoit pas moins d’une trentaine de vols en biplace avant le lâcher sur monoplace. Un record de plus à mettre au crédit de l’avion ! Et un handicap certain quand on veut aller vite…
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