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Défense

Feu vert pour les Airbus C295W en Inde

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Frédéric Lert

L’affaire durait depuis plus de six ans : l’offre remise par Airbus en 2015 pour 56 Airbus C295W  (ex Casa 295W), vient d’être validée par le gouvernement indien. Après le contrat Rafale et la vente de nombreux aéronefs américains, ce contrat est un jalon de plus dans le rapprochement de l’Inde avec l’Occident et son éloignement de la Russie.

A chaque salon Aero India, la vente des 56 C295 refaisait surface comme un crocodile descendant paresseusement le Gange. Et puis le 6 septembre dernier, une fois digéré l’achat des 36 Rafale qui avait pesé lourd dans le budget militaire, le gouvernement indien a finalement donné son accord pour l’achat des appareils. Les 16 premiers appareils seront fabriqués à Séville (Espagne) et les 40 autres le seront directement en Inde, par le consortium Tata pour répondre aux exigences du « make in India ».

Les appareils recevront des équipements d’auto-protection conçus et fabriqués localement. Le gouvernement indien estime que le programme pourrait conduire à la création de 600 emplois directs et 3.000 indirects.

Au titre des compensations industrielles, Airbus devra également installer un centre régional de maintenance pour les C295 (Bangladesh, Birmanie ou encore Indonésie comptent parmi les clients asiatiques de l’avion).

Les avions européens sont destinés à remplacer les Avro 748, solides biturbopropulseurs entrés en service dans les années 1960 et qui ne semblent pas être à l’agonie tant les délais de livraison de leurs remplaçants sont lointains : Airbus livrera les 16 premiers avions dans les quatre ans suivant la signature du contrat, et la flotte de 56 appareils ne sera complète que dans dix ans.

Qu’il soit vu depuis l’Inde ou depuis Séville et Toulouse, cet achat est extrêmement révélateur. Du point de vue indien, c’est la confirmation d’une rapide érosion des liens avec la Russie. L’Inde a renoncé ces dernières années à développer un chasseur avec Moscou, elle a opté pour des hélicoptères lourds américains et elle a choisi le C-17 pour remplacer les Iliouchine 76 et le P-8 Poseidon pour succéder à ses Tupolev Tu-142.

Il fut un temps question que les Avro 748 soient remplacés par l’Il112 qui aurait alors été co-développé avec Iliouchine. Il n’en fut rien et les Russes se retrouvent maintenant bien seuls dans le programme, avec en plus un prototype détruit. Il ne restera bientôt plus que les Antonov An32 dans le pays, une centaine sont en service, et ceux-ci doivent être modernisés. Mais qui sait si un jour les C295 ne les remplaceront pas également ?

Pour Airbus, le contrat indien est un très joli coup qui va lui permettre de consolider sa présence dans le pays tout en redonnant des couleurs à l’ex gamme Casa . Non pas que celle-ci ait démérité, avec une trentaine de pays clients, sous toutes les latitudes. Mais ces avions, et d’ailleurs les appareils de transport militaire d’une manière générale, répondent à un marché de niche qui pèse bien peu dans les activités de l’avionneur européen. Il se fabrique autant de C295 en un an que d’A320 en huit ou neuf jours.

Avec sa commande, l’Inde prend du jour au lendemain la première place des nations utilisatrices du C295 et elle pourrait à terme mettre en oeuvre à elle seule près d’un quart de la flotte mondiale.

Elle pourrait également élargir la gamme des missions qui étaient celles des Avro (entrainement, transport logistique léger…) pour confier aux C295W des missions de ravitaillement en vol, de patrouille maritime, de renseignement ou même de bombardement léger et d’appui-feu. Autant de missions pour lesquelles Airbus a déjà développé des équipements spécifiques, le C295W disposant notamment de six points d’emport sous la voilure. En 2009, Dirk Hoke (patron d’Airbus Defence & Space) avait alors estimé que le besoin indien pouvait aller au-delà de 150 avions. Le C295W est un guerrier discret mais polyvalent, qui peut rendre beaucoup de service dans un pays-continent comme l’Inde…

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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