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Défense

La France commande six bombardiers d’eau Dash 8 Q400

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Fabrice Morlon

Le ministère de l’intérieur a confirmé, lundi 15 janvier 2018, la commande de six Q400 multimissions auprès de la société Conair. La décision fait suite à une annonce du gouvernement en date du 25 juillet 2017, qui souhaite renouveler la flotte vieillissante des bombardiers d’eau de la Sécurité Civile.

C’est un événement dont se réjouit la Sécurité Civile, en charge de la lutte contre les feux de forêt. Et pour cause : c’est la première fois en dix ans que sa flotte d’avions bombardiers d’eau est renouvelée, alors que les fameux et efficaces Canadair CL145 et Trakker vieillissent et représentent des coûts de maintenance élevés. Un rapport du Sénat précisait déjà en 2006 que, « en 2020, les 9 Tracker devront être mis hors service, ainsi qu’une grande partie des Canadair. »

Il aura fallu attendre 2017, année particulièrement marquée par les incendies qui auront dévasté 19.000 hectares de forêts, pour décider de l’achat de nouveaux bombardiers d’eau.

8.000 heures de vol et 10.000 largages

En 2017, l’activité de la flotte des bombardiers a connu une hausse de 120% en heures de vol (8.000 au total) et de 190% en termes de largages (10.000) par rapport à la moyenne décennale. Ces événements ont fini de convaincre le ministère de l’intérieur de signer une commande à 400 millions d’euros. Six Dash 8 Q400 multimissions viendront rejoindre les deux appareils similaires mis en service en 2003.

Le premier appareil devrait être livré à la Sécurité Civile « avant l’été 2019″ précise le communiqué de presse du ministère de l’intérieur.

Les Q400 modifiés seront doté d’un système de largage de produit ignifuge et pourront emporter des passagers et/ou du fret et permettront l’évacuation médicale © Ministère de l’intérieur

Six Q400 modifiés par Conair

La commande a été passée à la société Conair, qui exploite la plus importante flotte d’aéronefs à voilure fixe de lutte contre l’incendie dans le monde. Fondée au Canada il y a près de 50 ans, la société a développé plusieurs produits de lutte aérienne contre l’incendie et détient des certificats de type supplémentaires pour la modification d’appareils en avions de lutte contre l’incendie.

La société canadienne a commandé les avions auprès de Bombardier pour un montant de 206 millions de dollars (170 millions d’euros), puis va procéder à la modification des six Q400 de série, de manière à intégrer une version améliorée de son système de déversement de produit ignifuge.
La cabine sera également aménagée pour permettre le transport de passagers ou de marchandises ou des deux à la fois, ainsi que de l’évacuation médicale.

Un avion configuré en multimissions

Dans la configuration Q400 multimission, le réservoir de produit ignifuge peut être retiré et réinstallé sur le terrain en quelques heures. Ce système permet à l’avion de remplir d’autres rôles d’intervention d’urgence, de transport de passagers et de marchandises, d’évacuation médicale et de patrouille côtière sans compromettre ses capacités de lutte contre l’incendie.

Le Q400  de Bombardier peut être exploité sur des pistes non préparées, effectuer des approches à angle prononcé à l’atterrissage et des décollages sur piste courte, tout en pouvant atteindre une vitesse de croisière de 667 km/h et franchir 1.800 km. Il peut emporter 10.000 litres d’eau ou 9.000 litres de retardant, contre 6.000 litres d’eau pour le CL145.

Fabrice Morlon

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Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

View Comments

  • Pourquoi ne pas étudier une version bombardier d'eau de l'art 42 STOL
    Quelqu'un pourrait il souffler l'idée au fabricant et à la sécurité civile ?

    • Je crois que ça a été fait mais le marché potentiel était trop réduit pour les intéresser.

      La modification des ATR serait aussi plus compliquée que le Q400 en raison du positionnement des trains d'atterrissage. Pas impossible non plus, Conair y est parvenu sur les RJ-85 et Coulson sur les 737. Mais sur le Dash, le ventre est libre (les trains sont sous les nacelles moteurs) donc y placer une soute amovible est simple et logique.

  • Beaucoup de commentaires sur l'opposition CL-415/Q400MR mais personne ne parle du fait principal : ces avions sont complémentaires des amphibies et sont les successeurs désignés des Turbo-Firecat dont la mission, le guet aérien armé (GAAr) est essentiel dans la doctrine française de lutte contre les feux, mission que peut effectuer le CL-415, mais pour lequel il n'est pas vraiment taillé.

    Pour cette mission les Q400MR sont largement plus performants (en termes de vitesse et de charge utile) que les vénérables Grumman. D'autre part, ils sont plus polyvalents et seront utilisés tout au long de l'année. C'est donc un choix rationnel qui est fait.

    Est-ce que d'autres appareils auraient pu être sélectionnés, je pense en particulier au C-130H/L-100, c'est un autre débat, mais la comparaison avec le CL-415 est un faux problème. La Sécurité Civile utilise des gros porteurs chargés au retardant depuis 1977 ou 1978 (ça a commencé avec un DC-6), il n'y a pas de hasard...

  • Le Q400 a plueisurs inconvénients, le premier est qu'il n'est pas conçu pour ca, c'est du bricolage.
    Le second est que ses capacities de resource sont limitées, sa résisitance structurelle est assez faible, le troisième enfin ,ses temps de rotation, sont très longs compares au CL415, or en matière de feu de foret, les seconds comptent.....
    je pense que le Beriev ou le CL415 auraient été un bien meilleur choix ....car ils ont été conçus pour cette mission particulière.
    mais une fois de plus on se trompe..

  • 1/Les canadairs n'écopent pas qu'en mer mais aussi sur les fleuves et les lacs intérieurs.
    2/Depuis le début de l'année 2018, les Canadairs sont intervenus en Corses par 2 fois (1 période de 72 heures et une de 48 heures).
    3/ l'hiver les pélicandromes sont fermés.... ils sont hors gel.
    4/ il va falloir augmenter le nombre de pélicandrome et leur approvisionnement en produit retardant bien à l'intérieur des terres. Ainsi que le nombre de servant.
    5/Le canadair est très autonome. Pas besoin de pélicandrome (étranger, partie nord de la France).
    6/il est un peu lent mais c'est un véritable avion tous terrain dans le relief.
    7/ il y a quelques années, sur un feu dans la région de Bordeaux, les Canadairs tournaient à 18 largages heures chacun....le Dash : 3.
    8/ ce qu'il est important de retenir: c'est que les deux avions sont complémentaires dans la stratégie française de lutte.
    8/ effectivement, no news pour un remplaçant du Canadair dans 10 ans environ. Le Japonnais est très cher à l'achat et certainement à l'entretien (4 moteurs + 1 pour le soufflage de l'aile)...mais multirôle aussi.
    Cordialement
    Christian

  • CL-415 les Canadairs, pas 145... Oups...
    Quel est le retour d'utilisation des 2 Q-400 déjà en service ? Ces avions civils et optimisés pour faire de manière rentable du transport public sont-ils assez robustes pour l'utilisation "agricole" qu'en fait la sécurité civile ? Disponibilité ?

    • Peut-être comme il y a quelques années, à reconduire les immigrés en situation clandestine dans leurs pays d'origine.

  • 1) Avec le rechauffement climatique les zones de feux vont s'éloigner des côtes pour l'intérieur des terres, écoper sera de toute façon difficile.
    2) Un Canadair l'hiver ne sert pas à grand chose, le fait de ne pas avoir un hydravion doit être le prix de la polyvalence.
    3) La ligne des Canadair est stoppée depuis belle lurette. La sécu civile avait étudié un hydravion japonais, sans suite.

    • Pour ce qui est des CL-415, Viking Air attend que des clients se manifestent pour relancer la production, selon leur propre communiqué de presse.

      Il y a aussi le Beriev Be-200, qui avait été évalué (et même loué) en Europe, qui offre de bons résultats, de la polyvalence (lutte contre les incendies, SAR/RS, Medevac, cargo, pax...)
      Son inconvénient principal est la vitesse d'écopage, proche du double de celle du CL-415 -il lui faut un lac de 2,5km de long vs 500m pour un CL-415 - et sa consommation

    • ayant été avec UTA à l'origine de l'introduction des produits retardants en France
      , l'écopage n' a pas de raison d'être puisque le produit doit être chargé au sol depuis une station dédiée

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