L’Inde tient une place de premier choix dans la politique d’alliance française en région Indo-Pacifique. Une situation qui est favorisée et entretenue depuis bientôt 70 ans par la réussite des productions de Dassault Aviation et que le succès du Rafale vient à présent prolonger.
IndoPacifique : l’expression a la cote dans le cénacle militaro-industriel français. Depuis quelques années, Paris a fait une priorité de cette vaste zone qui va des côtes est-africaines aux rivages ouest-américains, de Zanzibar à la Californie. L’IndoPacifique est non seulement la première place marchande du monde, mais elle aussi le théâtre de la rivalité croissante entre Chine et ses voisins, au rang desquels on trouve les Etats-Unis. La France, toujours bravache, entend bien participer à ce bras de fer au prétexte qu’elle compte dans le Pacifique de nombreux espaces maritimes et territoires peuplés de 1,6 millions d’habitants.
Mais rien ne se fait sans alliés et sans politique sur le long terme, et l’Inde, en passe d’être plus peuplée que la Chine, en est sans doute le meilleur exemple. La coopération militaire entre Paris et New Delhi a connu des développements majeurs ces dernières années, mais elle est également bâtie sur une longue histoire commune dans laquelle les avions de combat tiennent une place majeure.
A partir de 1953, l’Inde achète à la France 104 MD450 Ouragan. Quelques années plus tard arrivent les Mystère IV puis en 1978 les Jaguar : il y en aurait encore une centaine en service, pour certains modernisés avec une nouvelle a avionique et notamment un radar à balayage électronique et antenne active. Un peu comme si on avait collé une dalle numérique et un GPS dans une Peugeot 504.
Pour assurer leurs arrières et faire vivre leur flotte, les Indiens ont raflé il y a quelques années tous les Jaguar français encore stockés à Châteaudun. Les Mirage 2000 forment également une part importante de l’arsenal de l’Indian Air Force, une cinquantaine d’appareils ont été achetés dans les années 1980 et le pays continue d’investir dans l’avion en le modernisant.
Dernier épisode en date de cette histoire commune, l’achat de 36 Rafale en 2016. Il avait fallu beaucoup de ténacité à Dassault Aviation pour conclure une affaire qui durait depuis une douzaine d’années au bas mot. Les négociations autour du Rafale avaient pris un tour très actif autour de 2012, à une époque où l’avion était encore dans l’attente de son premier contrat export. Le quotidien Libération présentait alors le Rafale comme l’avion « le plus presque vendu ». Un peu vachard mais pas faux.
En 2012 donc, le Rafale est annoncé vainqueur de la compétition MRCA, on parle alors de 126 avions. Le contrat du millénaire. Mais les discussions trainent en longueur. Ca s’éternise. « Plus c’est long moins c’est bon » résume alors Eric Trappier. Pierre d’achoppement, la fabrication de 108 des 126 avions en Inde.
Trois ans plus tard, pour faire face à l’urgence, l’Inde annonce finalement vouloir commander directement 36 avions fabriqués en France pour équiper deux escadrons. La signature intervient finalement le 23 septembre 2016 et les premiers avions sont livrés en juillet 2020. La commande indienne est aujourd’hui été totalement honorée.
Une certitude dans cette affaire : la réussite du Rafale en Inde s’est appuyée sur celle du Mirage 2000. Et dans l’aviation indienne, il y a aujourd’hui les escadrons made in France et il y a les autres.
Si les Indiens sont très discrets et communiquent peu sur le Rafale, c’est qu’ils en sont aujourd’hui pleinement satisfaits, tant au niveau des performances que de la fiabilité. Cette satisfaction va peser lourd dans les mois à venir pour une possible commande complémentaire, mais aussi dans le cadre de la compétition opposant l’avion français au Super Hornet pour l’équipement de la Marine indienne. Le besoin initialement exprimé par celle-ci était de 57 avions embarqués. Il ne serait plus aujourd’hui que de 36 avions et pourrait même être finalement inférieur. Tout juste de quoi équiper le porte-avions Vikrant, dont la capacité d’accueil est donnée pour une trentaine d’avions de combat.
Pendant l’exercice Garuda, le général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, a fait le déplacement de France pour rencontrer son homologue indien, l’Air Chief Marchal VR Chaudhari, mais aussi les chefs d’état-major des autres armées et le ministre de la défense indien. Un aller-retour express en avion de ligne et tout juste 48 heures passées sur place, dont une paire d’heures sur la base aérienne de Jodhpur.
Le temps pour lui de faire un vol en place arrière en Sukhoi 30 en patrouille avec l’Air Chief Marchal Chaudhari installé quant à lui dans un Rafale biplace indien. A l’issue de ce vol, les deux hommes ont tenu une conférence de presse commune en plein air.
La presse indienne en a retenu que l’Air Chief Marchal Chaudhari avait un besoin pressant pur plus d’avions de la génération 4.5 (sic) : « Il nous faudrait cinq à six escadrons supplémentaires pour satisfaire nos besoins immédiats ». Soit une bonne centaine d’appareils qui seraient des Rafale selon les journalistes indiens. Si l’affaire devait se faire, nul doute que la question de l’assemblage des avions en Inde reviendrait très vite au premier plan. Depuis le contrat MRCA et les premiers bras de fer sur cette question, l’eau du Gange a bien coulé et on peut imaginer qu’il sera plus simple de trouver un terrain d’entente.
Frédéric Lert
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