Les britanniques débutent les essais à la mer du HMS Queen Elizabeth. Un étrange porte-avions doté d’un tremplin qui reflète d’étranges choix techniques. L’absence de catapulte limite le choix des avions embarqués au seul F-35B STOVL et restreint la coopération internationale au seul Marines Corps américain. So British ?
Le voilà donc : le plus gros, le plus grand navire de combat européen de tous les temps, le HMS Queen Elizabeth, 65.000 tonnes, 280m de long. Il navigue et commence ses essais à la mer. Dans deux ans il sera suivi par son sistership « Prince of Wales ». Le 6 juillet dernier, le Queen Elizabeth a reçu ses premiers aéronefs sur son pont d’envol. Deux hélicoptères Merlin. Les gros hélicoptères paraissaient perdus sur le pont d’envol de 1,6 hectares.
Le Queen Elizabeth c’est à la louche une fois et demi le Charles de Gaulle en déplacement. Et les britanniques s’en paient deux d’un coup donc. Eux qui rasaient les murs depuis 2010 et le retrait de service des Sea Harrier, les voilà qui bombent de nouveau le torse. L’aviation embarquée britannique est de retour, mais de quelle manière ?
Car derrière les 130.000 tonnes de ferraille des deux navires, que trouve-t-on ? Avant tout un immense paradoxe et des solutions techniques qui laissent perplexes.
Le Queen Elizabeth (le Prince of Wales sera identique) ne dispose ni d’un pont oblique, ni de brins d’arrêt et encore moins de catapultes. En somme aucun des attributs du porte-avions moderne. Le pont oblique (et on ne parle pas du tremplin qui fait effectivement une oblique mais dans le plan vertical…) permet de conduire simultanément appontages et catapultages ou bien, a minima, de sanctuariser les activités à l’avant du pont pendant le ramassage ou le catapultage des avions.
La catapulte et les brins d’arrêt permettent la mise en oeuvre d’avions classiques très lourds, jusqu’au Grumman Hawkeye de guet aérien. C’est du moins la logique suivi par les Etats-Unis et la France depuis soixante ans, et celle à laquelle aspirent la Chine, la Russie ou encore l’Inde, pour ne citer que ces pays majeurs. Or que font les Britanniques ? Ils font le choix de marier des navires de grande taille avec des avions à décollage court et atterrissage vertical (STOVL). Un choix baroque qui les prive de nombreuses options.
Et la première d’entre toutes est dans le choix des avions embarqués. En optant pour des appareils STOVL, les Britanniques sont obligés d’acheter le F-35B. Un porte-avions classique leur aurait offert le choix entre le F-35C, le F/A-18 Super Hornet ou encore, on peut rêver, le Rafale M. Sans entrer dans le détail, on rappellera simplement qu’un avion STOVL offre toujours des performances plus limitées qu’un appareil classique. Quoi que l’on fasse, il faut toujours loger une motorisation plus lourde et plus complexe. Comme l’explique un ancien commandant de porte-avions français, « un avion STOVL est nécessairement plus lourd parce qu’il emmène en vol avec lui sa catapulte et ses brins d’arrêts »
Ce faisant, les Britanniques se privent également de toute coopération avec la Marine française ou l’US Navy. On ne verra jamais d’avions de l’une ou de l’autre sur le pont du Queen Elizabeth. Bye bye les effusions torrides franco-britanniques du traité de Lancaster House signé en 2010, quand Londres promettait à Paris des niveaux de coopération inédits, notamment en matière d’aviation embarquée… En revanche, on continuera à voir des Rafale sur le pont des porte-avions américains, ce qui fera longtemps grincer des dents Outre-Manche !
Plus grave, la Royal Navy se prive également de la capacité de mise en œuvre d’un avion de guet aérien comme le Hawkeye. Ou même d’un ravitailleur en vol. Dans le premier cas, Londres fera usage d’hélicoptères Merlin équipés de radar. Dans le deuxième cas, on évoque la possibilité d’utiliser des V-22 gréés en citerne volante.
Autant de solutions palliatives chères, complexes et moins performantes que les solutions existantes sur les porte-avions français ou américains. A plus long terme, c’est l’option du drone de combat sur porte avions qui risque également d’échapper aux Britanniques.
Pour se consoler, ces derniers annoncent une collaboration étroite avec l’US Marines Corps américain, un autre utilisateur de F-35B STOVL. Et cela va même venir très vite : pour compenser le retard de livraison de ses propres avions, il est d’ores et déjà prévu que le Queen Elizabeth reçoive dès 2021 un groupe aérien partiellement composé d’avions US. Et c’est d’ailleurs au large de la côte est des Etats-Unis qu’il débutera ses essais avec des F-35B, fin 2018. Tout un symbole…
Les Britanniques justifient le choix d’un porte-aéronefs sans catapulte ni brin d’arrêt par les économies générées. C’est bien entendu oublier le surcoût de mise en œuvre des avions STOVL et surtout la fabrication de deux navires aussi massifs qui disposeront d’un groupe aérien embarqué seulement composé de 24 F-35B et une poignée d’hélicoptères.
La Russie, qui avait subi les moqueries sur son Kouznetsov en début d’année, a trouvé avec le Queen Elizabeth une cible facile, raillant les Britanniques sur leur supposé « manque de connaissances sur la science navale » et soulignant pour faire bonne mesure que le navire fera juste « une bonne grosse cible bien pratique ».
Ce n’est pas faux, mais l’honnêteté oblige de dire que c’est le cas de tous les porte-avions. Parce qu’on ne sait pas trop aujourd’hui si ces navires hors de prix seraient considérés comme des atouts ou des handicaps dans le scénario d’une guerre de haute intensité, contre un adversaire équipé de sous-marins et/ou de missiles anti-navires…
Frédéric Lert
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Les Britanniques, outre avoir coulé leur rivaux français avec une redoutable régularité, ont aussi innové dans beaucoup de domaines. Le cuirassé Dreadnought, le premier porte avions etc etc... Je pense que le porte avions à catapulte fait partie du passé et que l'avenir va aux drones, aux avions à décollage vertical, aux missiles. On peut bien sûr catapulter de plus gros avions mais est-ce bien nécessaire ? Quant aux F-35, son succès à l'exportation doit sans nul doute agacer Dassault, eux qui ne parviennent à placer leur Rafale qu'au prix de somptueux cadeaux fiscaux aux décideurs étrangers... Mais l'article est franco-français. Cocorico...
### mb : avec BAe, c'est quasi €5Mds par bateau
"C’est deja le Brexit, les appareils europeen, ne pourrons pas utiliser cette plateforme anglo-anglaise"
>>>> En fait, en ajoutant des brins d'arrêt, ça peut utiliser du Rafale.
Pas si anglo-anglais : c'est conçu par Thalès et DCNS, ça nous a couté €200M en R&D. 3 devaient être construits mais Blair a suivi les oredres de Condoleeza de punir la France en 2003 ainsi, le tiers de chacun des 3 bateaux, dont 1 à catapultes; que la DCNS/STX devait faire, hé bien la Perfide Albion l'a transféré à BAe et avec un tel cas, hors de question de faire les pigeons, donc ils nous l'ont mis bien profond de 200M€ mais pas de 4,7Md€ quand même
De +, comme on pouvait être certain que les rosbeefs allaient nous la faire à l'envers... On ne leur a pas refilé le plan définitif que voilà :
https://www.youtube.com/watch?v=DWYg-VUAi7I
L'ascenseur entre les 2 ilôts va pourrir les opérations sur le pont, le secret de l'efficacité d'un PA. Le DEAC définitif, ce serait donc 2 catapultes et un seul ilot.
Par contre, ça a été proposé à Sarko pour €2,3Mds! Et si 3 avaient été construits, €2Mds.
En fait, en utilisant les nlles turbines Siemens et un réacteur K15 150MWt, on a 90MWe, de quoi utiliser 2/3/4 Mermaids de 21,5MW et ça ne devrait pas dépasser €2,5Mds, 7 fois moins que l'USS G.Ford.
"Si ça marche pas avec le F 35 , ils pourront toujours acheter des Sukhoi , eux c’est sûr que ça marche !!"
>>>> Le Rafale et le Tejas sont STOBAR-OK, comme le Mig-29K. Ajouter des brins d'arrêt et c'est OK.
'Ce n’est pas si idiot".
>>>> Ils regrettent déjà d'avoir pas fait un CATOBAR. Ils ont étudié pour finalement claquer des EMALS mais c'est trop cher.
Par contre, une boite US a proposé au MoD de refaire des C14 à air comprimé (devaient être montées sur l"USS entreprise, elles étaient 4x plus puissantes que des EMALS et à seulement $25M la 1ère puis $5M les suivantes mais le MoD a repoussé l'offre sous prétexte que pas prouvées or... Elles marchaient super tant qu'un vice animal ne fut pas en charge des tests et ne sabote ça volontairement (il l'avoua dans ses mémoires).
Mais bon, c'eut été une telle humiliation, dixit les fofos brittons d'avoir du Rafale sur PA anglais, surtout avec ce ue BAe a fait pour pourrir le Rafale... C'est sur que de l'avion US, c'est pas humliant.
Le pilote d'essai anglais du F-35B s'est essayé au Rafale et en a dis que c'était le meilleur chasseur au monde (!)
"Avec ses deux ilots, le Queen Elizabeth sera facile à reconnaître dans un périscope d’attaque…"
>>>> On devrait vendre des Rafales à l'Argentine et un bon nombre d'Exocet cette fois. 4 Typhoons à cartonner à Port Stanley, des F-35 et rééquilibrage car si on a pas deux PA, pourquoi autoriser la Perfide Albion à avoir +.et puis, on profiterait de la distraction pour reprendre Gibraltar ;-) (je plaisante, quoi que ce ferait de la pub)
"L’avenir dira si l’idée d’une séparation aussi grande entre la conduite du navire (ilot avant) et celle des opérations aériennes (ilot arrière) est judicieuse…"
>>>> Le double îlot n'est pas bon pour parquer sur le pont et la place de l'ascenseur n'aide guère les échanges... Etant au XXIe siècle, pas d'îlot du tout mais du/des mâts genre FREMM avec des optroniques. ça aurait autorisé un + large pont symétrique, une constru bien + simple, + de place dans les coursive.
Ce n'est pas si idiot. Poussons le principe à l'extrême d'un porte avions avec des avions STOVL ainsi que des hélicoptères et drones adaptés. Cela donne un vecteur projetable rapide à construire et pas cher à opérer.
C'est deja le Brexit, les appareils europeen, ne pourrons pas utiliser cette plateforme anglo-anglaise...
Si ça marche pas avec le F 35 , ils pourront toujours acheter des Sukhoi , eux c'est sûr que ça marche !!
Ou ils commanderont des Harriers à Boeing... :)