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Défense

Guyane (4/4) : Avec Ariane 6, les drones pourraient arriver sur le centre spatial guyanais

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Frédéric Lert

Quatrième partie – Pour assurer la protection du centre spatial guyanais, l’armée de l’air souhaite pouvoir mettre en œuvre de nouveaux moyens opérationnels. Les aviateurs regardent du côté du Casa 235-300 et des drones. Les drones qui sont aussi une nouvelle menace à prendre en compte…

Les actuels Casa 235 basés à Cayenne sont bien dimensionnés pour les missions qui leur sont confiées en Guyane, mais l’escadron de transport ET68 souhaiterait recevoir, et il en a fait plusieurs fois la demande auprès de Paris, des exemplaires de la version la plus aboutie, le -300.

Des Casa 235-300 espérés

Le Casa 235-300 apporterait de meilleurs performances par fortes chaleurs, une meilleure allonge et une plus grande sécurité d’emploi sur les pistes sommaires. Sur ce dernier point, le remplacement de la roue unique du -200 par un diabolo sur le train avant permettrait d’envisager plus sereinement un éclatement de pneu…

Les Casa 235-200 rendent d’immenses services en Guyane, mais l’escadron de transport se verrait bien avec la version -300, plus moderne et mieux adaptée au terrain guyanais. Avec notamment un train diabolo à l’avant, réduisant les risques en cas d’éclatement de pneu sur terrain sommaire. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

L’ET68 ferait également un bon usage d’une boule optronique sur ses Casa parfois employés comme appareils de surveillance au long cours. Le remplacement des Puma est également essentiel. Les appareils sont anciens et leur rusticité ne suffit plus aujourd’hui à masquer les inconvénients liés à leur âge… Il est prévu que Cayenne reçoive en 2025 deux H225M Caracal qui apporteront alors une autonomie et une charge payante largement augmentées. Peut-être même verra-t-on un jour un Caracal se ravitailler en vol sur un Casa au-dessus de la forêt amazonienne… Il est permis de rêver.

Les missiles Mistral sont utilisés pour la protection rapprochée du Centre Spatial Guyanais. Plusieurs postes de tir sont installés sur des tours métalliques hautes de 20 à 40m. La lutte contre les minidrones imposera toutefois une adaptation du dispositif. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Difficile enfin de ne pas parler de la Guyane sans évoquer les drones. Des études sont en cours à Cayenne et Kourou sur le niveau de menace représenté par ces appareils. « Les gros drones peuvent être traités par le dispositif actuel, mais nous étudions actuellement de très près la menace représentée par les minidrones, plus difficiles à intercepter » entend-on dire à Cayenne.

Des drones pour surveiller le CSG

Quant à utiliser des drones pour surveiller les milliers d’hectares du CSG, les militaires ne réfutent pas l’idée, mais ils ne se privent pas de souligner qu’une telle mise en œuvre pourrait être directement de la responsabilité du centre spatial.

Ils évoquent en revanche l’emploi possible de minidrones de reconnaissance par leurs forces au sol dans le cadre de la mission Harpie (lutte contre l’orpaillage clandestin). Un drone MALE ferait également un outil de surveillance efficace des 1250 km de frontières et des 80.000 km2 de forêt du département. Même si les conditions météo particulières poseraient sans doute quelques défis à leur emploi…

Pour rejoindre les postes isolés en forêt profonde, rien ne remplace la pirogue. Rustique et puissamment motorisée, c’est le 4×4 de l’Amazonie. Pour combattre efficacement les orpailleurs, l’armée française fait porter son effort sur la désorganisation de leur logistique qui utilise également les mêmes embarcations. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

« Nous avons déjà réfléchi à l’utilisation des drones Harfang aujourd’hui en fin de vie explique un officier supérieur de l’armée de l’Air. Mais nous nous heurtons au coût de la mise en œuvre ». C’est bien connu, l’appareil sans pilote coûte cher en personnel et exige un équipage (au sol) nombreux. Autre option, le MQ-9 Reaper. Mais il est encore bien trop tôt pour envisager utiliser ces appareils en Guyane.

Le MQ-9 Reaper trop occupé

L’armée de l’Air est toute entière tournée vers la formation de ses équipages et le déploiement dans le Sahel. Une deuxième base africaine de Reaper est d’ailleurs envisagée en Afrique, plus proche du théâtre d’opération libyen. Les cartes géographiques plaident en faveur de la Tunisie, où les Américains disposent déjà d’une base pour leurs propres appareils… Donc la Guyane attendra.

Et d’ici là la bataille de l’orpaillage et de l’immigration illégale se poursuivra dans un contexte légal permettant au mieux de gagner quelques escarmouches locales, mais sans pouvoir envisager de gagner la guerre. Tristes tropiques…

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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