L’aviation légère de l’armée de terre annonce la création d’une Brigade d’Aérocombat (BAC). Une nouvelle organisation pour de nouveaux défis opérationnels.
Les plus anciens se souviennent qu’en 1985, l’Alat s’était organisée autour d’une division aéromobile, la 4ème DAM. Une unité puissante et hautement mobile, capable de bondir en une poignée d’heures de plusieurs centaines de kilomètres pour venir briser net une offensive blindée soviétique. On ne le savait pas encore, mais à l’époque les choses étaient d’une simplicité biblique… Depuis, la flotte de l’Alat a fondu comme neige au soleil, passant de 650 hélicoptères à un peu moins de 300. L’aéromobilité a fait place à l’aérocombat et les Gazelle et autres Tigre sont allés faire le coup de feu en Afghanistan, en Libye et au Mali. Le monde change et l’Alat s’adapte et redécouvre les vertus de la concentration des moyens…
La 4ème BAC sera officiellement créée le 1er juillet prochain. Elle regroupera sous un même commandement les 1er, 3ème et 5ème régiments d’hélicoptères de combat. Un peu moins de 150 hélicoptères servis par un millier d’hommes. Le 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales restera à part, organiquement rattaché au commandement des forces spéciales. A l’horizon 2018/2019, la brigade sera équipée à 50% d’appareils de nouvelle génération, Tigre, NH90 et Cougar rénovés. Cette proportion n’est encore que de 30% aujourd’hui. La montée en puissance des appareils modernes est lente, handicapée par le coût des appareils et les exigences de formation des équipages et des mécaniciens, sur fond d’opex ininterrompues.
Au sein de l’armée de Terre, la 4ème BAC sera une brigade parmi les autres, c’est à dire le rassemblement de plusieurs régiments dotés d’un état-major commun. Comme les autres brigades, la 4ème BAC aura vocation à coordonner l’action militaire de moyens provenant de l’Alat bien entendu, mais aussi de l’infanterie, de l’artillerie ou encore du génie. Cette vocation à intégrer les autres capacités opérationnelles de l’armée de terre sera soulignée par la composition de son état-major : stationné à Clermont-Ferrand, celui-ci reprendra une bonne partie du personnel de l’état-major de la 3ème Brigade Légère Blindée aujourd’hui dissoute.
Cette 4ème BAC formera aussi la colonne vertébrale de ce que les militaires appellent un « pilier Alat ». C’est à dire le regroupement sous un même commandement des écoles, de la préparation au combat, du soutien opérationnel et de la maintenance. Et avec ça un commandement renforcé, un chef unique, avec comme mission de faire tourner la boutique, de mettre de la cohérence, de la simplicité et de la visibilité dans le fonctionnement. En somme, c’est l’Alat du producteur au consommateur… Une force reconnue, « sanctuarisée » explique même le général de La Motte, actuel commandant de l’Alat, à la tête de 5.000 hommes et femmes et d’un budget de fonctionnement de 1,2 milliards d’Euros. Une belle PME.
Cette réorganisation doit permettre à l’Alat de mieux répondre à ses engagements opérationnels. On l’oublie un peu vite, mais la France est en guerre sans discontinuer depuis près de quinze ans. Parce qu’on est toujours tenté d’utiliser un bel outil, ou de rentabiliser un outil qui coûte cher, il n’est pas d’opération qui ne fasse appel aux hélicoptères. A l’heure où ces lignes sont publiées, 32 hélicoptères sont maintenus en opex.
Avec une multiplication des micro parcs, sur des emprises très éloignées les unes des autres, auxquelles il faut à chaque fois fournir des équipes de maintenance, des outillages et une logistique. Un beau casse-tête… A cela s’ajoute une vingtaine d’autres appareils maintenus en alerte en métropole, prêts à être projetés, avec les bons équipements et les bons potentiels. C’est bien connu, habiller Paul pour les opex revient forcément à déshabiller Pierre resté en métropole. Les pièces détachées et les heures de vol « cramées » au Mali ou en Centrafrique ne le sont pas à Pau ou à Phalsbourg. Une situation d’autant plus difficile à vivre que les opérations actuelles dans le Sahel, face à des menaces diffuses mais omniprésentes, se font sans aucune visibilité.
L’Alat, officiellement créée en 1954, est donc une sexagénaire qui s’entraine tous les jours pour rester souple et maîtriser à fond l’art du grand écart. Entre opérations de guerre dans le désert et préparation de l’avenir. Mais aussi entre recrutement, formation et fidélisation de ses spécialistes.
Frédéric Lert
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L’Alat crée une brigade d'aérocombat
bonjour , je me souviens du 4RHCMS dit le 4éme bololo ! les 40 hélicoptères étaient commandés depuis NANCY par un colonel du train .
J'ai peur que l'esprit cavalier DB de Clermont ferrand de cet état major écrase notre mentalité "alat" souple , rapide , faire avec "sans moyens" comme nous l'avons toujours exemple DC 10 UTA .
L’Alat crée une brigade d'aérocombat
Il serait normal que la charge des opex ,qui profitent à tous les européens ,soit partagée . Le chacun pour soi n'est pas rentable ...
L’Alat crée une brigade d'aérocombat
Et hop ! Un état-major de plus ! Les gars sur le terrain voudraient sûrement des hélicoptères en plus...