L’Europe de la Défense à l’épreuve du Mali

Alors que la première colonne de blindés français est en route vers le nord du Mali, la France se retrouvée isolée en première ligne. L’engagement de ses partenaires européens est compté.

Paris racle ses fonds de tiroir pour Serval parce que l’échec n’est pas une option. Comme l’a déclaré François Hollande, il s’agit de rétablir l’intégrité du Mali, quitte à détruire les terroristes. Une attitude saluée unanimement dans l’hexagone.
Pour ce faire, il faut mettre les moyens et ne pas rechigner à la dépense. Les 1700 militaires engagés dans cette guerre seront bientôt 2500….voire plus !

Du coup le dispositif s’étoffe. Côté moyens aériens Paris a basé à Ndjamena au Tchad 5 ravitailleurs, KC135FR, la moitié de la flotte de l’Armée de l’Air ! A cela s’ajoutent six avions d’attaque Mirage 2000D et 4 Rafale B/C. Ces avions de combat utilisent des bombes guidées laser/GPS GBU49 et des couteuses bombes guidées AASM.
Bamako abrite 2 avions de reconnaissance Mirage F1CR qui se transforment à l’occasion en avions d’attaque en utilisant des bombes lisses. Les appareils du dispositif se relaient jour et nuit pour frapper les bases et les concentrations de terroristes. Gao, Kidal, Tombouctou, Konna et Diabaly ont ainsi subi des attaques ciblées et dévastatrices.

Pendant ce temps, en France, les avions cargo Airbus, C130, C17, C160 et AN-124 russes (Volga Dnepr) multiplient les rotations pour acheminer des hommes mais aussi des blindés, des pièces de rechange, des munitions de tous types et des hélicoptères de combat Tigre. La bataille logistique qui se joue est cruciale. Mais elle est la clé de la réussite. Car l’Armée de Terre doit pouvoir compter en plus de ses 40 blindés actuellement en route vers Diabaly, de VAB et d’AMX 10RC.

Ces moyens impliquent l’appui de 20 hélicoptères de manœuvre et de combat de l’ALAT, dont des redoutables Tigre. Car les opérations récentes ont démontré la trop grande vulnérabilité des Gazelle, des machines agiles mais obsolètes et totalement dépourvues de blindage pour leurs occupants. A noter que le NH90 Caiman, appelé à devenir le fleuron de l’Armée de Terre et livré à cinq exemplaires seulement ne sera pas de la partie…

Pendant que les moyens font route vers le Mali, Paris met sur pied une force panafricaine et compte ses soutiens en Occident. Pour l’heure, le bilan est maigre et la déception, à la hauteur des enjeux, est… immense !

Malgré ses demandes d’aide, force est de constater qu’aujourd’hui, la France engagée au Mali, est seule à payer le prix du sang pour contrer les terroristes. Elle espère compter pour un temps indéterminé sur 1 gros porteur C17 canadien, 2 C17 britanniques, 1 C130 danois, 2 C130 et un hélicoptère A109 belges. Des renforts bienvenus cependant.

Les USA évoquent un vague soutien en matière de renseignement et un support pour le ravitaillement en vol mais rien de plus. Point de drones armés Reaper qui sont selon les dires du Pentagone trop sollicités par ailleurs… Washington joue la prudence, considérant que la situation est plus complexe qu’il n’y paraît. Selon Washington, le Mali n’est pas dirigé par un président élu démocratiquement ; un constat qui motive l’absence d’aide directe sur le terrain. Enfin l’Allemagne évoque un soutien logistique et médical avec notamment l’envoi de deux C160 Transall. L’Italie, pourtant dotée de drones, d’avions de transport et d’attaque performants est pour l’heure aux abonnés absents…

Quant à la possibilité d’envoyer des troupes au sol et des moyens de combat, inutile d’en parler. Bref tout se passe comme si le mot d’ordre des pays européens était, il faut sauver le Mali des terroristes, allez y vous avez tout notre soutien… moral de principe !

On le voit les belles coalitions rassemblées par les USA en ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Libye, et ailleurs ne sont plus de mise lorsqu’il s’agit de solidarité purement européenne. La principale victime de cette guerre au Mali risque d’être européenne. En effet vu la frilosité de nos voisins, comment croire à une Europe de la défense mutualisant ses moyens industriels, politiques et militaires pour faire jeu égal avec les USA, la Chine, la Russie et l’Inde, pour protéger les intérêts de ses membres, la paix et promouvoir la démocratie dans le monde ?

Rédaction