Le Harrier dans ses différentes versions entame la dernière ligne droite de sa carrière opérationnelle. L’avion a laissé sa marque dans l’histoire de l’aéronautique militaire, pour le meilleur et pour le pire.
Le meilleur, c’est une carrière opérationnelle de plus de quarante ans pour cet avion STOVL (Short Take Off and Vertical Landing – décollage court et atterrissage vertical) et sa descendance. Ayons une pensée émue pour l’ingénieur français Michel Wibault qui proposa la formule du réacteur utilisant des tuyères orientables pour obtenir cette capacité de vol vertical.
L’idée ne réussit pas à séduire la France mais les Américains et les Britanniques surent en faire bon usage. Parmi les innombrables tentatives de faire évoluer un chasseur à réaction à la verticale, le prototype P.1127 de Hawker représenta la solution la plus aboutie. Avec un bon moteur, largement financé par les Etats-Unis, le P.1127 donna naissance au Harrier porteur d’une capacité opérationnelle crédible. Une première pour un appareil STOVL.
La Royal Air Force acheta les premiers avions au standard GR1, chasseur-bombardier léger dépourvu de toute sophistication. L’avion aurait fait merveille pendant la bataille d’Angleterre. Sa version suivante, GR3, fut reprise par la Navy qui lui greffa un radar, lui offrit une protection contre la corrosion et en fit un chasseur embarqué : le Sea Harrier. Armé de missiles AIM-9L Sidewinder, l’avion arriva à temps pour sauver la Royal Navy d’une déroute probable pendant la guerre des Malouines, en 1982.
Les US Marines s’entichèrent également de l’avion, au point d’en devenir le principal utilisateur dans le monde. Après avoir acheté les premières versions en 1971, ils poussèrent à la roue pour le développement une deuxième génération, le Harrier II ou AV-8B, co-développée par British Aerospace et McDonnell Douglas. Une nouvelle voilure, une avionique proche de celle d’un F/A-18 Hornet, une capacité de combat nocturne et la mise en œuvre d’un missile AMRAAM à guidage radar : le Harrier II comblait son retard par rapport aux avions plus conventionnels, l’autonomie en moins.
Italie et Espagne achetèrent l’avion pour équiper leurs porte-aéronefs. L’avion se signala toutefois par un taux d’accident très élevé chez les Marines, avec une moyenne de 39 accidents pour 100.000 heures de vol et plusieurs dizaines de pilotes tués. Il fallut modifier la motorisation et une reprise en main sérieuse des procédures de maintenance pour que ce taux soit divisé par dix au début des années 2000.
Les appareils américains resteront sans doute en service jusqu’en 2025, date à laquelle ils seront remplacés par des F-35B, également STOVL. On touche là au paradoxe du Harrier, dont la réussite technique a paradoxalement conduit les Marines à s’accrocher à l’idée de l’avion STOVL. Pour perpétuer la mission d’appui-feu depuis des navires d’assaut, les Marines ont pesé de tout leur poids dans le programme F-35, plaçant les contraintes de l’atterrissage vertical au cœur du cahier des charges de l’avion. Il en est sorti le crapaud plaqué or et serti de rubis dont on a déjà longuement parlé sur ce site… Aux dernières nouvelles, et malgré les nombreux bisous déposés sur sa bouche, le crapaud ne s’est toujours pas transformé en prince charmant.
Il y a cinquante ans, les Britanniques avaient réussi à entrainer les Américains dans l’aventure du Harrier. Juste retour des choses, c’est aujourd’hui Washington qui embarque Londres dans la galère du F-35B. Le plus extraordinaire dans cette histoire brièvement résumée est que la Royal Navy s’apprête à mettre en service son nouveau porte aéronef, le Queen Elizabeth, qui pourra emporter une quarantaine de F-35B. Un navire magnifique, de 20m plus long que le Charles de Gaulle, avec deux fois plus de puissance installée et un tonnage 1 ,5 fois supérieur. Mais sans catapulte ni brins d’arrêt, donc incapable de mettre en œuvre des avions conventionnels. C’est le grand bond en arrière !
Quant aux indiens, ils remplaceront leurs Sea Harrier par des MiG29K opérant à partir d’un porte-avions dépourvu lui aussi de catapulte, mais équipé de brins d’arrêt…
Frédéric Lert
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L’Inde retire ses Sea Harrier.
Avion qui consommait 20% de son carburant sur un seul décollage (ou atterrissage) vertical il me semble. Ravitailleur en vol obligatoire.
L’Inde retire ses Sea Harrier.
En fait , est ce que ça a vraiment servi ( le stol ) ,à part dans un film célèbre ?
Le Dassault vertical était il bien conçu ?
L’Inde retire ses Sea Harrier.
Pour répondre à votre question, je ne peux que vous encourager à acquérir le livre que François Besse vient de consacrer à Jean-Marie Saget, pilote d'essais de Dassault. De nombreuses pages passionnantes sont consacrées au programme des Mirage VTOL (qui s'est soldé par trois accidents, dont deux mortels…). Pour mémoire, le Mirage Balzac emportait plus de réacteurs qu'un B-52...
L’Inde retire ses Sea Harrier.
Aux Falklands les Harriers a bien chassé les Mirages et les Etendards...
L’Inde retire ses Sea Harrier.
Donc, pour la Royal navy, c'est la marche harrier !
L’Inde retire ses Sea Harrier.
J'ai adoré le jeu de mots! Encore!!! Et merci à Gil d'avoir imposé cette "loi"!
L’Inde retire ses Sea Harrier.
Gil Roy, talentueux rédacteur en chef d'Aerobuzz, m'a fixé un quota de jeux de mots, bons ou mauvais, peu importe, à atteindre dans mes papiers. Je suis heureux que des lecteurs de talent aient le bon goût d'alléger mon fardeau en apportant leur petite pierre à cet édifice littéraire...
L’Inde retire ses Sea Harrier.
"Il en est sorti le crapaud plaqué or et serti de rubis dont on a déjà longuement parlé sur ce site… "
Oh il est beau ce F-35 non ? Non ... ? Il ne remplacera jamais l'emblématique Harrier c'est sûr, mais de la à le comparer à un crapaud ... Rire !
L’Inde retire ses Sea Harrier.
Insulte pour le crapaud ! C'est plutôt une grosse m...e
L’Inde retire ses Sea Harrier.
"en formation sur un Super Hornet de la Navy"; plutôt sous que sur, non?
L’Inde retire ses Sea Harrier.
Sous , sur la photo ,mais sur , pour la tenue de poste .à mon avis ...