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La Belgique prépare la succession de ses F-16

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Pierre Sparaco

La Belgique a besoin de 35 à 55 avions de combat pour remplacer son parc de F-16. Quatre modèles sont en concurrence : F-35A Joint Strike Fighter, Eurofighter/Typhoon, Boeing F/A-18F Super Hornet et Saab Gripen. Le choix s’annonce politique.

Cette fois-ci, le gouvernement belge se prépare activement à passer de la théorie à la pratique. Il a adressé une « demande d’informations » aux principaux constructeurs d’avions de combat concernant des candidats potentiels à la succession de ses General Dynamics/Lockheed Martin F-16 Fighting Falcon. Sont inscrits sur cette liste les F-35A Joint Strike Fighter, Eurofighter/Typhoon, Boeing F/A-18F Super Hornet et Saab Gripen.

Il s’agit du coup d’envoi d’une enquête théoriquement technique et opérationnelle, mâtinée de considérations budgétaires, mais qui n’en sera pas moins très politique …et polémique. Ainsi, le vice premier Ministre et ministre de la Défense du gouvernement sortant d’Elio di Rupo, Pieter De Crem, mène ouvertement campagne pour le F-35A. Il est accusé par ses adversaires de chercher à plaire ainsi aux Américains, une attitude sensée soutenir sa candidature au secrétariat général de l’OTAN. Socialistes et Verts, pour leur part, s’interrogent sur le bien-fondé de cette dépense, non encore chiffrée dans la mesure où le nombre d’avions à commander, entre 35 et 55, n’est pas fixé.

La gauche belge a observé avec intérêt le dossier suisse qui a conduit, récemment, à renoncer à une commande de Gripen, à la suite d’une votation négative, plus de 53 % des votes exprimés ayant rejeté la commande d’avions de combat.

Un autre élément complique singulièrement cette première étape : la Belgique et les Pays-Bas ont décidé de parfaire leurs liens en matière de Défense. Or La Haye a déjà choisi le F-35 et souhaite logiquement que Bruxelles en fasse autant. Les deux capitales comptant dans leurs rangs nombre d’américanophiles inconditionnels, les chances de l’appareil américain sont bien réelles, le Super Hornet suscitant visiblement moins d’intérêt. Encore que Boeing soit sans doute disposé à déployer des efforts considérables pour tenter de remporter le marché belge, l’une des dernières opportunités de prolonger la carrière industrielle de son avion.

Le Rafale, du coup, fait figure d’outsider. La classe politique belge a déjà oublié que Dassault lui avait proposé, il y a plus de 20 ans, de devenir partenaire du programme. Mais, à l’époque, un engagement de ce type était apparu prématuré, le remplacement des F-16 n’étant pas encore d’actualité.

De plus, le Rafale affiche, vu de Bruxelles, un handicap lourd à porter mais jamais avoué sur la place publique, celui d’être produit… par un industriel francophone. Ce qui, a priori, ne peut que gêner la communauté flamande du ministère belge de la Défense, très influente, comme ce fut le cas, en 1975, quand le Mirage F1E remotorisé était opposé au F-16.

En 1975, la Belgique, les Pays-Bas, la Norvège et le Danemark s’étaient entendus pour choisir conjointement leur nouvel avion de combat et en commander ensemble 348 exemplaires. Cette manière de faire avait non seulement relancé General Dynamics mais, avec l’aide volontariste de Pratt & Whitney et la complicité du Pentagone, avait permis la mise sur pied d’un ambitieux programme de compensations économiques, à l’origine de liens forts et durables. Les F-16 ont bénéficié d’un « mid-life update », une mise à jour technique à mi-vie, ce qui explique la durée de leur vie opérationnelle, bientôt 40 ans.

Bruxelles, dans ce contexte, ne se préoccupe aucunement de la construction de l’Europe de la Défense. C’est un thème de réflexion qui n’est visiblement pas à l’agenda de Pieter De Crem, atlantiste inconditionnel. Au point de lui faire ignorer les incertitudes qui pèsent sur le F-35, notamment en matière de coût ou encore d’accès à certaines technologies de pointe que les Américains préfèrent ne pas partager, pas même avec leurs alliés proches. Dès lors, une fois de plus, l’histoire apparaît comme un éternel recommencement.

Pierre Sparaco

La Belgique a choisi le General Dynamics F-16 Fighting Falcon en 1975, en même temps que les Pays-Bas, la Norvège et le Danemark
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Pierre Sparaco

View Comments

  • La Belgique prépare la succession de ses F-16
    De Drem est ouvertement pro-américain et ferait tout pour s'attirer leurs bonnes grâces. Il ne pense qu'à sa carrière et a réduit l'armée à peau de chagrin.
    Le F35 est un gouffrre financier et a de gros problèmes de mise au point. Son prix est en constante inflation.

  • La Belgique prépare la succession de ses F-16
    GRIPEN DE SAAB.
    L´auteur de l´article a volontairement oublié de parler du Gripen suèdois...et pourtant JAS Gripen figure en bonne place sur la liste des Belges..et le parlement du Pays-bas continue á lorgner en direction de la Suède á cause des coûts d´exploitation du F-35.
    Ce que le Danemark, la Finlande, le Portugal, la Croatie regardent de plus en plus vers le Gripen.

  • La Belgique prépare la succession de ses F-16
    Comme il est si justement rappelé, lors du marché de 75, face au F16 (déja en service) et au F17 (proto du F 18) tous deux à commandes de vol électriques, la France n'avait à proposer qu'un Mirage remotorisé.
    Dans ce nouveau contexte que pouvons nous proposer qui soit à jour technologiquement parlant?
    Nos Mirage 2000 (premier français à commande de vol électrique avec l'Airbus - le militaire est il encore le moteur de l'industrie aéronautique française?) sont équivalents au F16 et notre Rafale au F17 / F18 du marché de 75.
    Le rapport qualité/prix va être l'élément de choix de nos voisins: Grippen ou F/A 18F contre F 35; dans ces conditions le Rafale n'est pas moins couteux que les premiers et pas au niveau technique du second.
    "Circulez y a rien à voir"

    • La Belgique prépare la succession de ses F-16
      Et si on demandait l'avis des pilotes? Leur réponse serait pour la plupart: on remplace un F16 par un F16! Et n'en parlons plus.

  • La Belgique prépare la succession de ses F-16
    Contrairement à l'affirmation de l'un de nos lecteurs, la demande d'information des Belges a bien été envoyée à la DGA française et le Rafale figure bien au nombre des candidats. Le contraire n'était évidemment pas pensable. Reste à savoir si les biréacteurs, plus coûteux, seront pris en considération. D'autant que Saab attend son heure depuis longtemps et a toujours considéré la Belgique comme un marché potentiel à sa portée.
    Pierre Sparaco

  • La Belgique prépare la succession de ses F-16
    Le Grippen n'a peut être pas les performances d'un Rafale, mais c'est un avion "bien né" , qui je trouve possède un beau design et qui a déjà remporté aussi de beaux succès à l'exportation !!! Contrairement (malheureusement) au Rafale ...

    • La Belgique prépare la succession de ses F-16
      ... mais c’est un avion "bien né"...
      Tellement que Saab est en train de sortir une version E qui a beaucoup grossi et différente p/r aux version précédentes, version qui devrait posséder une plus grande autonomie. Assez comparable au programme F-18 finalement.

  • La Belgique prépare la succession de ses F-16
    Le fait que Dassault est français n'est pas la seule difficulté du Rafale en Belgique ,il est aussi lié au scandale de corruption de la commande de l'ECM Carapace pour le F16 alors que le système Loral Rapport111(+performant) avait été développé par la Belgique et les USA;le Rapport 111 a été choisi après par les Israéliens pour leurs F16 preuve de sa qualité.
    Le suicide du Général Lefèvre ancien Chef d'Etats-Majors de la Force Aérienne belge a été aussi lié à ce scandale

  • La Belgique prépare la succession de ses F-16
    "Le Rafale, du coup, fait figure d’outsider"

    Je vous trouve optimiste, Dassault n'ayant visiblement même pas été contacté par la Belgique pour répondre à cette demande d'information...

  • La Belgique prépare la succession de ses F-16
    de toute façon l'unité militaire ne serait ce que pour l'équipement, de manière à mettre en avant un produit made in europe n'est qu'une vaste farce...
    comme dit plus haut ce n'est malheureusement plus qu'une affaire de lobbing.

    dès lors on voit clairement les limites de ce que peux faire l'europe.
    ils n'ont qu'a faire comme en suisse, consultation du peuple, car après tout c'est le peuple qui va payer la facture... mais ils risque de ne pas être dessus du voyage ^^

  • La Belgique prépare la succession de ses F-16
    "Bruxelles, dans ce contexte, ne se préoccupe aucunement de la construction de l’Europe de la Défense".

    Lisant ceci le lecteur européen ne peut que s'offusquer ... Car nous payons nos élus de Bruxelles .

    Rappel à toutes fins utiles que des entités américaines siègent juste devant le parlement Bruxellois. Cela n'est pas le fruit du hasard et facilite grandement le lobbying...

    • La Belgique prépare la succession de ses F-16
      Je pense qu'il y a confusion de votre part.
      Dans l'article, lorsqu'il est indiqué Bruxelles, l'auteur parle du gouvernement belge, et non de la commission européenne, dont les élus sont effectivement payés par une partie des impôts français.

  • La Belgique prépare la succession de ses F-16
    Un pays européen ne devrait-il pas, pour des raisons économiques et de cohésion, choisir le Typhoon ou le Rafale (excluons le Grippen, pas assez performant) plutôt qu'un avion américain ?
    Pauvre Europe ...

    • La Belgique prépare la succession de ses F-16
      la Belgique n a pas besoin d avions a gros budgets ? faut voir . la belgique a envoyé ces f16 dans pas mal de missions et ce depuis longtemps. afghanistan , lybie , police de l air dans les pays baltes et j en passe. le gouvernement est , pour le moment encore , pros européen . quand on lui demande de l aide militaire, il prefère , quand cela est possible , envoyer des avions de combats plutôt que des hommes de troupe. moins de danger de perdre des pilotes de chasse que des bidasses. donc le remplacement des avions de combat permettra a la belgique de continuer a fournir une aide militaire a l otan ou a l europe sans prendre trop de risque de renvoyer des soldats a la maison dans une boite . politiquement , ca fais mauvais genre. le massacre des paras belges en afrique est , chez nous , encore dans toutes les mémoires

    • La Belgique prépare la succession de ses F-16
      Le gripen pas assez performant ?
      Ça dépend pour quoi.

      Pour affronter quelques Su-30, oui, il fait pas le poids. Mais casser la gueule aux russes n'est pas a l'ordre du jour (heureusement d'ailleurs)

      Pour chasser le dr400 qui a oublié de remplir un plan de vol pour passer la frontière ? Certainement plus qu'assez

      Tout dépend du type de mission, et j'ai pas le sentiment qu'il y ait des missions pour l'armee de l'air belge qui justifient des avions a gros budget....

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