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Défense

La fin du Foch ou le naufrage d’un porte-avions !

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Frédéric Marsaly

Vendu au Brésil en 2000, l’ex porte-avions Foch, devenu le Sao Paulo, a été sabordé en plein océan Atlantique le 3 février 2023. Une triste fin pour un ancien fleuron de la Marine Nationale. Une suite de rocambolesques décisions ont empêché l’encombrante épave d’être déconstruite en Turquie comme cela avait été initialement prévu.

A l’instar du Clemenceau, dont la déconstruction avait entraîné également quelques mésaventures navales (en 2006 remorquage de la coque vers l’Inde via Suez et retour en France par le sud de l’Afrique après le refus de ce pays de l’accueillir finalement puis départ pour la Grande Bretagne où le chantier de déconstruction s’est déroulé de 2009 à 2010), la fin du Sao Paulo s’est aussi transformée en feuilleton tragi-comique.

Entré en service avec la Marine Française en 1963, le Foch est resté opérationnel jusqu’en 2000. En septembre de cette même année, il est cédé pour un prix modique au Brésil où il arrive en février 2001. Le prix consenti, 88,5 millions de FF (18 millions d’Euros de 2022) seulement, compensait la lourde charge financière inévitable qu’allait constituer la dépollution du navire prévue initialement dans un projet de modernisation.

En 2005 puis en 2012, il connaît deux incidents techniques graves qui réduisent fortement son activité opérationnelle. Après l’annulation d’un projet de modernisation, il est retiré du service en novembre 2018 après avoir passé seulement 206 jours en mer en 18 ans.

En 2021, un chantier de démolition Turc, SÖK Denizcilik à Izmir, emporte le contrat du chantier de déconstruction du porte-avions pour 1,9 millions $. La coque est donc remorquée en direction du bassin méditerranéen à partir du 4 août 2022. Là encore, alors que le convoi était au large des côtes marocaines, la Turquie signifie son refus de recevoir l’épave à la suite d’une action en justice d’un collectif d’associations environnementales inquiètes de la présence massive de substances encore dangereuses à bord, notamment d’amiante.

A partir d’octobre, la coque et son remorqueur se retrouvent au large de Recife et tournent en rond en attendant de pouvoir accoster ce qui ne leur est pas accordé, toujours pour des questions environnementales, situation pour le moins cocasse ! Or après des mois de navigation sans aucun entretien, l’ancien fleuron de la Marine Nationale française a commencé a montrer des signes inquiétant et à gîter fortement. La décision a donc été prise en urgence de le conduire au large et de le saborder au-dessus de grands fonds (5000 mètres de profondeur).

Cette gestion insensée du problème environnemental posé par le Sao Paulo ne manque pas de faire réagir à nouveau les associations de défense de l’environnement. Le débat fait alors rage sur l’impact réel de cette immersion non préparée.

A de nombreuses reprises des navires et même des avions, ont été immergés volontairement, ce fut le cas notamment pour l’USS Oriskany, vétéran de la Corée et du Vietnam, coulé au large de la Floride en 2006 et devenu depuis un récit artificiel à faible profondeur permettant un développement de la faune et de la flore sous-marine. Pour cela, il faut que l’épave soit préparée en amont et efficacement dépolluée ce qui n’a pas été le cas de la coque de l’ex-Foch.

Les charges installées à bord de l’USS Oriskany sont déclenchées pour l’envoyer par le fond le 17 mai 2006. US Navy

Cette histoire est donc un raté monumental dont les conséquences peinent à être définies précisément. Au Brésil, pour le nouveau gouvernement Lula, qui a pour vocation à faire oublier les errements environnementaux de son prédécesseur et adversaire Bolsorano, ce sont des débuts fort peu brillants.

Frédéric Marsaly






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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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