Le ministre des armées s’est fait présenter le drone AAROK à Blois le 27 février 2025. Le ministère des armées veut voir voler un drone MALE 100% français dès l’an prochain ! Une ambition à la hauteur des errements du passé… © Turgis Gaillard
Après des années de passivité, la France se réveille sur la question des drones Moyenne Altitude Longue Endurance (MALE). La visite du ministre des armées Sébastien Lecornu à Blois, où est développé l’AAROK de Turgis Gaillard, est la manifestation la plus récente de cet intérêt retrouvé.
On reconnait, au ministère des armées, avoir pris conscience du retard français et du besoin de développer une filière nationale en… 2022. Mieux vaut tard que jamais ! Un effort financier considérable a été consenti dans la dernière loi de programmation militaire : 5 milliards d’euros pour les drones. Tout aussi importante, la signature en 2024 d’un « pacte drone » au cours du salon Eurosatory vise à développer la souveraineté française dans ce domaine, faciliter l’émergence d’acteurs nationaux et renforcer le dialogue entre les industriels et les utilisateurs finaux. Dans le même temps, un effort est fait pour simplifier la conduite des programmes d’armement de manière à stimuler l’innovation.
« Dans le cadre du développement d’un drone MALE « bas de spectre », nous demandons aux industriels qui sont sur la ligne de départ de mettre un appareil en vol dès 2026., explique-t-on au ministère des armées. Nous leur donnons nos attendus et c’est à eux de trouver le chemin pour y répondre ».
Une demande d’information a été formulée par le ministère des armées début 2024. La liste des soumissionnaires n’est pas publique pour le moment, « mais elle n’est pas surprenante » dit-on au cabinet du ministre. « On a les acteurs principaux des drones. On a même certains gros industriels de défense qui se sont positionnés » Mais à côté de ça, on reconnait avoir également reçu des copies d’industriels ou de petits acteurs qui sont de nouveaux entrants sur ce marché.
Les copies ont été examinées dans le courant de l’année 2024 et la prochaine étape se tiendra au salon du Bourget (16-22 juin 2025), avec la signature de conventions avec le ou les industriels sélectionnés. Etapes suivantes : premier vol d’un démonstrateur en 2026 et acquisition par les armées en 2027. « Plusieurs industriels pourront avoir démontré cette capacité à développer un drone MALE et on se permettra potentiellement de faire l’acquisition auprès de différents fournisseurs » souligne également le cabinet du ministre.
Des crédits de paiement à hauteur de 10 millions d’Euros, seront à partager entre les industriels sélectionnés pour accompagner le développement de leur projet. « Ces crédits de paiement n’étaient pas prévus en Loi de Programmation Militaire (LPM) souligne-t-on au ministère des Armées. Ils ont été récupérés par des provisions sur les retards des grands programmes, et en particulier l’Euromale ». Quoi qu’il en soit, ce chiffre de 10 millions semble pour l’instant dérisoire (0,2% des 5 milliards cités plus haut !), même s’il pourrait être revu à la hausse dans les mois à venir. Le programme MALE est pourtant considéré comme majeur dans le domaine des drones. Où passent donc les 5 milliards de la LPM ?
Dans ce tableau encore très mouvant, il est symptomatique que le ministre se soit rendu à Blois dans les locaux du groupe industriel Turgis Gaillard. La société travaille activement sur son projet AAROK depuis 2020, bien avant la prise de conscience du ministère, et les premières pièces de structure ont été fabriquées à l’été 2022. Le drone a entamé depuis quelques semaines ses essais de roulage et il est dans les starking blocks pour un premier vol avec un pilote à bord.
Turgis Gaillard annonce aujourd’hui un développement en deux temps : dans un premier temps, l’appareil évoluerait avec sa motorisation actuelle (turbine Pratt&Whitney Canada PT6), boule optronique Euroflir 410 et surtout ordinateur de vol non pleinement certifié, conformément au concept certifiable/non certifié de la DGA. Dans une deuxième phase, l’appareil pourrait recevoir une turbine Ardiden TP de Safran Helicopter Engines (SHE), une tourelle Euroflir 610 et un ordinateur de vol certifié. La motorisation made in France représente un enjeu essentiel pour un appareil qui devra être ITAR, c’est à dire affranchi de toute participation américaine pouvant bloquer son exportation.
L’Ardiden TP, dérivé d’une turbine d’hélicoptère de la classe des 2000cv, avait été en concurrence avec la turbine Catalyst de General Electric pour équiper le drone Euromale. Avec ces 11 tonnes sur la balance, ce mammouth franco-allemand exigera deux moteurs là où l’AAROK de 5 tonnes se contentera d’un seul. ll reste toutefois à développer cette Ardiden TP pour avion turbopropulsé, avec notamment l’adaptation aux altitudes et aux durées de fonctionnement en croisière, les unes comme les autres très supérieurs à celles des hélicoptères. La balle est dans le camp de Safran Helicopter Engines.
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