La France officialise sa commande record d’hélicoptères militaires H160M

La Direction Générale de l’Armement (DGA) a notifié à Airbus Helicopters un contrat pour le développement et la production du H160M dans le cadre du programme d’Hélicoptère Interarmée Léger (HIL). Le contrat prévoit le développement de plusieurs prototypes ainsi que la livraison d’un premier lot de 30 appareils (21 pour l’armée de Terre, 8 pour la Marine Nationale et un pour l’Armée de l’Air et de l’Espace). Le ministère des armées prévoit de commander au total 169 H160M Guépard. Les livraisons débuteront en 2027 avec l’armée de Terre.

Lancé en phase de préparation en 2017 par la Direction générale de l’armement (DGA), le programme d’Hélicoptère interarmées léger (HIL) vise à équiper les trois armées d’un unique modèle d’hélicoptère, en remplacement de cinq modèles différents actuellement en service (Gazelle, Alouette III, Dauphin, Panther, Fennec). Baptisé « Guépard », il sera une version militaire du H160 d’Airbus Helicopters, choisi pour être la plateforme commune des armées françaises. Modulaire et polyvalent, il assurera ses missions aux côtés des hélicoptères spécialisés comme le Tigre, le Caïman Marine ou le Caracal.

Programme emblématique de la remontée en puissance des armées permise par la loi de programmation militaire 2019-2025, le programme HIL vise à remplacer cinq types d’hélicoptères contribuant à des missions de combat, de renseignement, de transport léger opérationnel, de soutien, de formation et de service public par un unique appareil, dérivé du H160.

La maîtrise d’ouvrage du programme est assurée par la DGA. Airbus Helicopters assure la maîtrise d’œuvre industrielle d’ensemble, accompagné de Safran pour la motorisation et le système électro-optique, et de Thales pour l’avionique, le système d’autoprotection, le radar aéroporté et les radios.

Selon le ministère des armées, le lancement en réalisation du programme HIL sécurise l’activité industrielle du site Airbus Helicopters de Marignane pour les 15 prochaines années. La commande prévue par la loi de programmation militaire 19-25 irriguera toute la filière aéronautique française, notamment ses PME sur l’ensemble du territoire avec 80% des fournisseurs du H160 installés en France, principalement dans le sud. Au total, ce sont plus de 2.000 emplois qui seront durablement alimentés en France par le Guépard et ses dérivés à l’export.

La ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé, en mai 2019, sa décision d’accélérer le programme. Les premières livraisons sont désormais prévues pour 2027.

« En assurant le remplacement progressif de 5 types d’appareils différents dont certains sont en service depuis plus de 40 ans, le Guépard fournira à nos armées les moyens de mener de manière plus efficace leurs missions pour les 40 prochaines années. Ce programme pérennise les savoir-faire et les emplois d’Airbus Helicopters, leader européen des hélicoptères civils et militaires ». Florence Parly, ministre des Armées.

La DGA a notifié le 30 décembre 2019, à Airbus Helicopters et Safran Helicopter Engines, le marché de pré-développement de la militarisation du H160. Ces travaux d’études ont permis de déterminer le niveau de militarisation nécessaire sur la plateforme d’origine du H160. Ils ont ainsi permis de retenir un concept de train unique pour les trois armées, permettant à la fois le poser sur des terrains sommaires et sur des bâtiments de la Marine nationale, notamment les frégates de défense et d’intervention dont le Guépard constituera une partie du système d’armes.

De même, les choix d’architecture avionique ont été figés, permettant de satisfaire à la fois les contraintes de la certification civile européenne EASA (Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne) et les exigences propres aux missions militaires.

« Le H160M sera prêt à opérer dans les milieux les plus sévères« . Airbus Helicopters

Les contraintes d’environnement sévères qui seront celles du Guépard en opération ont également été spécifiquement étudiées. Le H160 a ainsi été évalué dans un environnement représentatif de ses futures missions. Une campagne d’une semaine dans les sables du Maroc a ainsi permis aux différents acteurs du programme d’évaluer l’efficacité des protections contre le sable et la poussière, et de définir des procédures de maintenance adaptées aux contraintes rencontrées en opération extérieure.

Cette campagne d’essais a été réalisée à l’été 2021 par la DGA, l’armée de Terre et Airbus Helicopters. La réalisation de près de dix heures de vol a permis d’obtenir des données de vol suffisantes et constater l’efficacité des filtres anti-sable protégeant les moteurs. L’apport des différents systèmes d’aide au pilotage du H160 sur la sécurité des vols lors des phases de poser avec pertes de références visuelles a également pu être apprécié.

Le Guépard bénéficie directement du programme de protection contre la corrosion du H160. Fort du retour d’expérience acquis sur la version marine du NH90 et sur l’ensemble de sa flotte civile, Airbus Helicopters a lancé un programme de prise en compte des contraintes générées par la corrosion dès la conception du H160. Des spécialistes de la marine nationale ont pu faire part de leur retour d’expérience et de leurs recommandations dès la phase de conception du H160.

Airbus Helicopters garantira un haut niveau de disponibilité du Guépard à travers un contrat de maintenance innovant. « Le maintien en condition opérationnel du Guépard reposera sur une organisation dédiée qui a fait ses preuves. Celle-ci a déjà été mise en place suite à la signature, en 2020, des contrats globaux de soutien pour les Cougar et les Caracal des armées françaises. Contrats qui se sont traduit par un accroissement significatif des taux de disponibilité de ces appareils.«

Les règles de conception prennent en compte les protections à intégrer de façon systématique pour réduire de manière significative la sensibilité de l’hélicoptère à l’environnement salin (étanchéité, protection galvanique). L’application de ces mesures en production réduira le volume des inspections périodiques dédiées à la détection de corrosion qui sont des facteurs importants d’indisponibilité des hélicoptères actuellement en service.

La maîtrise de la charge du soutien en service est l’un des principaux enjeux du programme. Dès la phase de préparation des études, la DGA, la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé), les armées et Airbus Helicopters se sont associés pour définir la stratégie de soutien permettant de garantir une disponibilité optimale de la flotte HIL tout en maîtrisant le coût du soutien. Le choix d’un contrat unique responsabilisant le concepteur de l’hélicoptère dès sa première heure de vol permet de garantir que l’ensemble de la conception est mené en vue d’optimiser la charge de maintenance.

Par ailleurs, la visibilité sur 10 ans donnée à l’industriel dès la commande du soutien en tranche ferme lui permet de garantir un coût à l’heure de vol maîtrisé. Le programme HIL permet de mettre en application l’ensemble des bonnes pratiques héritées de la réforme du maintien en condition opérationnel (MCO) aéronautique lancée par la ministre des Armées en 2017.

« Avoir les armées françaises, une référence à l’échelle internationale, comme client de lancement du H160M est très important pour nous ». Bruno Even, président d’Airbus Helicopters.

Grâce à sa polyvalence, le Guépard permettra aux armées de réaliser une grande variété de missions dans un cadre national ou interallié. Le Guépard est en mesure de réaliser des missions transverses aux trois armées : évacuation sanitaire, transport de personnel et/ou de fret. Il peut également être adapté à chaque milieu pour réaliser des missions propres aux armées :

• Pour l’armée de Terre : reconnaissance armée, appui-feu, infiltrations de forces spéciales, poste de commandement embarqué ;
• Pour la Marine nationale : combat aéromaritime, protection et soutien de la force navale, actions spéciales navales, action de l’Etat en mer ;
• Pour l’armée de l’Air et de l’Espace : surveillance et défense de l’espace aérien national, recherche et sauvetage, appui-feu et renseignement.

Cette capacité à réaliser des missions à la fois transverses et spécifiques se retrouve dans la conception du Guépard. Construit autour d’une base commune aux trois armées, dérivée du H160 civil, il peut être muni, selon ses missions, d’équipements dédiés. Si la motorisation et les ensembles dynamiques du H160 ont été conservés, sa structure a été renforcée pour résister aux contraintes propres à une utilisation militaire. Les systèmes généraux de conduite de vol et de mission sont également communs aux armées, notamment l’avionique, le système de communication et l’assistant de mission.

Les équipements dédiés aux missions sont également majoritairement communs aux trois armées :

Le système électro-optique, le treuil et l’ensemble des systèmes d’aéro-cordage (cordes lisse, de descente en rappel, dispositif d’élingue), les bras d’armement, les réservoirs de carburant complémentaires, le système d’autoprotection, le blindage, l’aménagement cabine.

La particularisation par milieux est possible par l’ajout d’équipements plus spécialisés tels que :

• L’ensemble des équipements permettant le tir du missile ANL pour la mission de combat aéromaritime de la Marine nationale
• L’utilisation d’un radar tactique AESA 2D pour les missions de surveillance de la Marine nationale et de l’armée de l’Air et de l’Espace
• Un pod mitrailleuse axial pour les missions de reconnaissance armée de l’armée de Terre et d’appui-feu de l’armée de l’Air et de l’Espace

Les performances du Guépard lui garantissent un rayon d’action de 700 km et une autonomie de 4 heures. Sa vitesse maximum est de 260 km/h. En sus de son équipage (2 pilotes) il peut transporter 5 soldats équipés ou une civière avec équipe sanitaire. Il pourra également être ravitaillé en vol par un avion KC-130J dans un incrément ultérieur.

Répartition des 169 Guépard

• 80 pour l’armée de Terre
• 49 pour la Marine nationale
• 40 pour l’armée de l’Air et de l’Espace

Le premier Guépard sera livré à l’armée de Terre en 2027. La Marine nationale recevra quant à elle son premier hélicoptère en 2029, puis l’armée de l’Air et de l’Espace en 2030. La production doit s’échelonner sur une période de 10 ans.

Le marché notifié comprend également en plus :

• la commande de dix hélicoptères H160 pour la Gendarmerie nationale, décidée dans le cadre du plan de soutien à l’industrie aéronautique, pour un montant de plus de 200 millions d’euros ;
• la commande au centre d’expertise et d’essais DGA Essais en vol d’un H160 futur hélicoptère banc d’essai pour assurer les essais en vol de mise au point, de qualification des équipements et des futurs systèmes d’armes.

Prévue par la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, la commande des 169 Guépard, dont les 30 premiers en tranche ferme, s’inscrit dans un marché global de dix milliards d’euros.