La Patrouille de France passe sur Rafale en soutien à Dassault

Pour les deux saisons à venir, la PAF évoluera sur Rafale, au cours d’une grande tournée mondiale qui passera notamment par l’Inde et le Brésil. L’objectif est de démontrer la maniabilité de l’avion multirôle tricolore et de pousser les ventes à l’export de Dassault.

Depuis la récente volte-face des Emirats Arabes Unis (novembre 2011), Dassault sait, qu’à l’export, rien n’est jamais acquis tant que le contrat de vente n’est pas signé. Pour éviter d’aller au devant d’une nouvelle désillusion, le constructeur français a décidé, cette fois-ci, d’assurer le coup avec l’Inde. En coulisses, les négociations s’intensifient, assorties d’inévitables compensations (offsets). C’est de bonne guerre, mais dans le contexte de concurrence internationale exacerbée, cela ne suffit plus… Il faut désormais avoir les opinions publiques dans son camp !

Outre l’Inde, Dassault a dressé une liste d’une dizaine de nations susceptibles d’acquérir des Rafale. Dans le même temps, il a convaincu la Patrouille de France de passer sur Rafale. L’idée de l’avionneur est de financer une grande tournée mondiale de promotion de son avion. L’objectif est de séduire le grand public des pays visés. Pour l’Armée de l’air c’est évidemment tout bénéfice en cette période de restrictions budgétaires.

De l’Alphajet au Rafale, le saut peut paraître spectaculaire. Il l’est, mais il faut aussi avoir conscience que la Patrouille de France ne sera pas la première formation militaire à évoluer sur avion de chasse biréacteur. Les Blue Angels sont sur F/A18 Hornet depuis 1987. Les russes et même les malaysiens sont sur Mig29. En revanche, la formation tricolore, sera dans l’esprit, plus proche de la Breitling jet team que des Blue Angels. La PAF version 2012-2013 aura, en effet, une vocation promotionnelle voire commerciale assumée. Et c’est la raison pour laquelle, Serge Dassault a convaincu l’Etat-Major de confier la direction de la Patrouille de France, pour les deux années à venir, à Jacques Bothelin, le fondateur et le leader de la patrouille Breitling.

Compte tenu de ses engagements personnels et de la tournée asiatique que prépare la Breitling jet team, Jacques Bothelin ne pourra pas assurer les fonctions de leader de la PAF comme l’aurait souhaité Dassault. En revanche, il a accepté de conseiller les militaires, en particulier dans l’utilisation de la patrouille comme vecteur de communication et surtout de relations publiques. C’est donc un véritable transfert de savoir-faire marketing, auquel se prête actuellement le patron d’Apache Aviation qui fait la navette entre Dijon et Salon-de-Provence.

Sur les conseils avisés de Jacques Bothelin, la Patrouille de France organisera, en marge des présentations en vol, des vols VIP dans tous les pays susceptibles d’acheter des Rafale. Les chefs d’Etat-Major, les ministres de la défense, les présentateurs TV vedettes et d’une manière générale tous ceux qui peuvent influencer, à quelque niveau que ce soit, le processus de décision d’achat seront invités à faire un vol. A chaque avion sera affecté, en plus du mécanicien de piste, une hôtesse chargée de faciliter l’installation des personnalités dans le cockpit du chasseur. C’est elle aussi qui les accueillera, à leur retour, un verre de Champagne à la main.

Aucun détail n’a été laissé au hasard. L’uniforme des hôtesses a été dessiné par Romain Hugault. Un pins collector sera édité par la Monnaie de Paris. Il sera officiellement épinglé au buste de chaque « baptisé » en même temps qu’une photo dédicacée de la « pin up » qui assiste le mécano de piste. Il ne s’agit plus de vendre des montres de luxe à quelques milliers d’euros pièce, mais de signer des contrats qui se chiffrent en milliards de dollars. Chaque détail compte…

Si cette tournée promotionnelle autour de la planète permet de débloquer, enfin, les ventes à l’export du Rafale, les français devraient être les premiers à applaudir cette initiative qui tient de la mobilisation générale. Toutefois, le public français doit avoir conscience que pendant deux ans, il sera privé de la Patrouille de France. Espérons que l’opération soit couronnée de succès et que Dassault, fort des contrats engrangés, décide alors de prolonger d’un an son partenariat avec l’Armée de l’air, pour offrir aux spectateurs des meetings français, en guise de bonus, la part de rêve qui leur revient…

Gil Roy