Le Dassault Mirage 2000 B501 tire sa révérence après 40 ans de service. L’avion, qui a fait toute sa carrière comme banc d’essais volant, a fait ses adieux officiels le mercredi 25 octobre au terme d’une carrière entièrement placée au service des programmes Mirage 2000 et Rafale. Un ultime vol d’essai devrait toutefois avoir lieu d’ici le 7 novembre 2023.
Le Mirage 2000B n°501 a été le premier biplace sorti de chaine, en novembre 1983. Il a aussi le seul biplace français à ne pas connaitre l’Armée de l’air, puisqu’il a immédiatement été affecté à ce qui était à l’époque le Centre d’Essais en Vol (aujourd’hui devenu DGA Essais en Vol), avec en ligne de mire la mise au point du SNA du Mirage 2000C, et en particulier du radar RDI. Après avoir été lourdement instrumenté, l’avion est donc utilisé à partir de 1984 au profit du Mirage 2000C.
Puis, dès 1990, il est choisi comme futur avion d’essai du programme Rafale. « A l’époque, le CEV avait même envisagé l’emploi d’un F-4 Phantom II ou d’un Mirage IV. Le choix du Mirage 2000B se révéla plus raisonnable… » se souvient Thierry Lacoste, ingénieur navigant d’essai dont la carrière fut étroitement associée à cet avion. Les carnets de vol de Thierry montrent au 25 octobre dernier 805 vols et près de 1.440 heures de vol en place arrière de cet avion. Un record !
Le Mirage 2000 B501 termine son travail au profit du Mirage 2000 en 1992 et, après un chantier d’un an, il est affecté au programme Rafale dont il devient l’ABE (avion banc d’essais) officiel. Dès lors, le biplace est facilement reconnaissable à sa pointe avant : une rhinoplastie rondement menée a permis la greffe d’un radar RBE2 et d’une OSF (Optronique de Secteur Frontal).
« La greffe de la pointe avant de Rafale a été un sujet complexe » se souvient Thierry Lacoste. « Le remplacement de l’anémométrie analogique (pitot) par des sondes pariétales (numérique), afin de se mettre en conformité avec le radome du Rafale, a modifié les profils d’écoulement de l’air aux parois. Cela a nécessité la modification des lois de commandes de vol (CDVE) et l’avion ayant été allongé de 40cm, il a fallu le lester à l’arrière pour rétablir le centrage ».
La particularité du B501 est en fait d’avoir emprunté bien des composants à une large gamme de Mirage : si le fuselage est bien celui d’un M2000B, la voilure a été renforcée comme celle d’un Mirage 2000N afin de réaliser des missions de suivi de terrain. Pour disposer de la puissance électrique exigée par le RBE2, les alternateurs ont été empruntés aux Mirage 2000D et Mirage 2000-5. Le bidon d’instrumentation, emporté sous le ventre, était un 1.300 litres auparavant utilisé sur Mirage III.
Sur la planche de bord figurait ces derniers mois une VTL (écran d’affichage vision tête latérale) de Rafale au standard F3. Celle-ci voisinait en place arrière avec un boitier de Mirage V ex-belge, utilisé pour commander le SNA propre au Rafale. L’avion disposait en outre de commandes de vol multiplexées et évolutives, reproduisant le concept « mains sur manche et manettes » du Rafale. « Nous avions même envisagé au début des années 1990 d’installer un CTH (collimateur tête haute) de Rafale raconte Thierry Lacoste, mais il avait fallu renoncer parce qu’il était trop large pour la casquette du Mirage ».
Pendant trente ans, évolutif et corvéable à merci, le B501 a donc accompagné le programme Rafale au gré de ses multiples évolutions. « C’était un avion très fiable, rarement en panne, et qui ne m’a jamais causé de frayeur » résume Thierry Lacoste.
Quarante ans jour pour jour après son premier vol, le B501 sera donc retiré du service le 7 novembre 2023, avec seulement 3.200 heures au compteur. Dommage, parce que le Mirage 2000B est une denrée rare et recherchée de nos jours. Mais la décision est doublement inéluctable : d’abord en raison de la butée calendaire des quarante ans, ensuite parce que l’avion a été bien trop modifié pour pouvoir servir à l’instruction.
Son retrait de service va impacter DGA EV, qui ne recevra son remplaçant, un Rafale B spécifiquement adapté pour servir de banc d’essais, qu’à l’horizon 2026. Une longue attente, en plein développement des standards F4.2, 4.3 et F5 du Rafale, conséquence d’une commande trop tardive ?
Quoi qu’il en soit, un avion d’intérim a été trouvé pour faire la jonction entre 2023 et 2026. Il s’agit du Rafale B n°348, prêté par l’Armée de l’air et de l’espace. Cet appareil devra être rendu aux forces dans l’état qui était le sien lors de son prêt. En d’autres termes, il sera compliqué de lui faire des trous dans la peau et de lui greffer des installations de mesure intrusives, ce qui limitera forcément le champ des possibilités en matière d’essais…
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