Publicité
Défense

La Russie vendra-t-elle des chasseurs Sukhoi à la Turquie ?

Published by
François Brevot

Moscou se déclare disposée à négocier avec Ankara, pour la livraison de Sukhoi Su-35, et de Su-57, et pour une coopération sur le futur TF-X de Turkish Aerospace, annonce l’agence de presse russe Tass.

Valeria Reshetnikova, porte-parole du Service fédéral pour la coopération militaire et technique, a déclaré, via Tass, vendredi 12 mars, que « la partie turque a été informée des spécifications techniques des avions dans leur intégralité » et que si la demande est formalisée par Ankara, la Russie est disposée à entrer dans la phase concrète des négociations.

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait manifesté son enthousiasme pour le Su-35 et le Su-57, à l’occasion d’une visite du salon aéronautique et spatial MAKS, de Moscou Zhukovsky, le 27 août 2019. Puis, à Dubai, en novembre 2019, Sergei Chemezov, président de Rostec, confirmait que la Russie était disposée à livrer de tels systèmes d’armes aux turcs, une offre que Mevlut Cavusoglu, ministre des affaires étrangères turc, s’est alors empressé d’accepter, le 11 décembre 2019, lors d’une déclaration faite à la presse turque. Le quotidien turc Daily Sabah prétendait que la discussion portait sur un hypothétique achat de 36 exemplaires du Su-35 pour les forces turques.

A l’heure qu’il est, un autre marché portant sur un mix de bombardiers tactiques Su-34 ( en bas à droite sur la photo ) et de Su-35 ( en haut à gauche ) est en cours de négociation avec l’Algérie. © Sukhoi

Un déficit capacitaire face aux futurs Rafale et F-35 grecs

Suite à la livraison de systèmes sol-air S-400 par la Russie, la Turquie a été évincée du programme F-35, le 18 juillet 2019, puis frappée par les sanctions CAATSA, le 14 décembre 2020. Le Pentagone considérait le S-400 comme un cheval de Troie russe au sein du dispositif militaire de l’OTAN ( dont la Turquie est membre ), capable de recueillir des données sensibles sur les contre-mesures et la RCS du F-35. La défense aérienne turque se trouve donc handicapée par un trou capacitaire causé par l’annulation des 100 F-35 qui auraient dû lui être livrés.

Face aux futurs Rafale et probables F-35 grecs, le Türk Hava Kuvvetleri se trouve donc affaiblie, avec 270 F-16 C/D Block 50, et 120 F-4E Phantom II. Ne pouvant s’approvisionner en Europe, en raison de différents politiques majeurs, la proposition russe devient la seule issue logique à ce problème. Mobilisées pour l’assemblage de 76 Su-57 pour les VKS russes, les chaînes de Komsomolsk-sur-Amour pourraient honorer une livraison à l’export, dans quelques années seulement. Une dotation de Su-35 S pourrait dans l’intervalle, remplacer les F-4E âgés, et aussi une partie des F-16 dont la maintenance – et la disponibilité – sont menacées par les sanctions CAATSA.

 

Une maquette du Turkish Aerospace Industries (TAI) TF-X présentée au salon Eurasia 2018, à Antalya. © François Brévot / Aerobuzz.fr

Des avions de combat co-produits entre la Russie et la Turquie ?

Depuis deux ans, une hypothétique coopération industrielle entre Turkish Aerospace (TAI) et Rostec a été régulièrement évoquée pour la co-production de Su-35 S, et de Su-57 , mais Valeria Reshetnikova s’est montrée plus explicite, en envisageant une coopération russe au développement du chasseur turc TF-X de 5e génération, même si, dit-elle, Ankara n’en a pas encore formalisé sa demande. La partie russe pourrait fournir le moteur, suite au retrait de Rolls Royce. Doté d’une antenne active AESA, le TF-X serait d’architecture furtive, de classe Mach 2, et monterait à 55.000 pieds, pour un rayon d’action de 600 km. 

François Brévot

Publicité
François Brevot

François Brévot est un reporter globe-trotter, chroniqueur, et photographe, passionné d’histoire contemporaine, aéronautique et spatiale, et de géopolitique. Il écrit en particulier, sur l’aviation militaire moderne ou ancienne, française ou internationale, et de nombreux récits de voyages sur des destinations et musées à caractère aéronautique. Spécialisé sur les nouvelles puissances aériennes, il visite très régulièrement les salons aéronautiques émergents du nouveau Siècle, que ce soit en Russie, en Chine, en Asie, en Turquie, et se passionne pour les nations d’Europe centrale.

Recent Posts

Le radar de la tour de contrôle de CDG héliporté

La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More

21 novembre 2024

Service prolongé jusqu’en 2040 pour les PC-7 suisses

Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More

21 novembre 2024

Spirit Airlines se place sous la protection du chapitre 11

On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More

21 novembre 2024

Biblio – Cavalier du ciel

Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More

20 novembre 2024

Le Pérou reçoit un Beechcraft King Air 360CHW équipé evasan

Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More

20 novembre 2024

Le SB-1 Defiant entre au musée

Il était le candidat malheureux de Sikorsky et Boeing face au V-280 Valor de Bell… Read More

20 novembre 2024
Publicité