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Défense

La Serbie achète douze Rafale

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Frédéric Lert

La vente de 12 Rafale à la Serbie revêt une dimension politique très forte. Elle est vue comme la clef de voûte d’un rapprochement stratégique en cours entre la France et le pays des Balkans. Pour Dassault et les 500 sous-traitants du programme Rafale, l’augmentation de la cadence de production n’est plus une option…

Et de neuf ! Et de quatre ! On compte désormais neuf pays clients du Rafale, dont quatre en Europe (France, Croatie, Grèce et Serbie). Dans le reste du monde, les clients sont l’Egypte, le Qatar, l’Inde, les Emirats Arabes Unis et l’Indonésie. Ce qui se traduit par un grand total de 273 avions exportés en comptant les douze appareils serbes.

Contrairement à la Grèce et à la Croatie, auxquelles un total de 24 avions ont été cédés d’occasion par la France, la Serbie a fait le choix d’acquérir des avions neufs : trois biplaces et neuf monoplaces. L’armée de l’Air et de l’Espace peut être soulagée, elle qui pouvait redouter d’avoir à se séparer d’avions supplémentaires pour assurer le succès de l’industrie française… Il lui reviendra toutefois sans doute une part du fardeau en matière de formation, aussi bien pour les pilotes que pour les mécaniciens.

La présence de seulement trois biplaces dans la commande peut être une indication sur le futur emploi de ces avions, avec sans doute un rôle d’avion d’entrainement confié aux biplaces et une prééminence de la mission de défense aérienne pour les monoplaces.

Quand ils sont utilisés avec un navigateur de combat en place arrière, les biplaces sont plus particulièrement adaptés aux missions complexes de pénétration, par exemple avec emploi de missiles de croisière. On ne sait d’ailleurs pas à cette heure quel sera l’armement fourni à Belgrade avec ces avions et si les missiles de croisière feront partie de la panoplie.

Il faut trois ans pour fabriquer un Rafale et l’annonce de la livraison des avions à la Serbie d’ici 2028 indique que le coup d’envoi de leur fabrication sera très vite donné, si ce n’est déjà fait. C’est un coup de pouce supplémentaire donné à la montée en cadence de la chaine d’assemblage installée à Mérignac. L’usine de Dassault Aviation a produit seulement treize avions en 2023 mais elle en sortira sept de plus cette année, soit une cadence de 1,5 avions par mois.

L’avionneur se dit prêt à passer à la cadence trois, c’est à dire trois avions par mois, « et même plus si nécessaire ».

Avec environ 200 avions dans son carnet de commandes, Dassault Aviation assure disposer d’une dizaine d’années de plan de charge au rythme actuel. Le passage à une cadence 3 permettrait de réduire le délai d’attente et d’honorer de nouvelles commandes dans un délai raisonnable.

La difficulté à tenir ce rythme se situe essentiellement chez les fournisseurs, Dassault étant de son côté en passe de régler le problème de place avec la création de nouveaux espaces industriels sur son site de Mérignac. La question du recrutement et de l’augmentation des effectifs se pose également dans toute la chaine de valeur et sa résolution est certes moins simple que l’ajout de mètres carrés couverts…

L’entrée de la Serbie dans le club Rafale s’inscrit dans le cadre d’un rapprochement du pays avec l’Union européenne et de sa distanciation, espérée par les Européens, d’avec la Russie de Vladimir Poutine. « La plupart de nos appareils aériens, pour ne pas dire la totalité, tous nos avions intercepteurs et l’ensemble de nos avions de combat venaient de Russie et nous devons évoluer, changer nos habitudes et tout le reste afin de préparer notre armée », avait déclaré le président serbe Aleksandar Vucic dans une interview accordée à l’Agence France-Presse à la veille de la visite d’Emmanuel Macron.

Certaines voix se sont élevées pour souligner le risque technologique posé par cette vente à un allié proche de la Russie. C’est une bonne question mais qui ne se pose pas que pour la Serbie, ni même que pour le Rafale. Les exportations d’avions de combat sont toujours une arme à double tranchant…

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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  • Concernant l'armement il semble que la Serbie souhaite pouvoir mettre en œuvre sur ses Rafale, les missile russes emportés actuellement sur ses Mig29.
    A cette fin Dassault aurait fait appel à Elbit qui a déjà développé des interfaces pour employer l'armement russe sur les Rafale indiens.

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