Stockholm prépare la livraison à l’Ukraine d’un et peut-être même deux avions radar ASC-890 (Saab 340). Conjuguée à d’autres annonces plus récentes, notamment la livraison de 30 F-16 belges à l’Ukraine, cette initiative suédoise promet de possibles bouleversements sur le champ de bataille.
L’histoire semble s’accélérer en Ukraine avec à l’horizon une probable intensification des combats dans la troisième dimension. L’avion radar ASC 890 promit par la Suède utilise un Saab 340 sur lequel a été greffé un puissant radar AESA « Erieye » à balayage électronique. Le radar est mis en oeuvre par un équipage de mission de trois spécialistes, ce qui fait du Saab peu ou prou l’équivalent d’un E-2C Hawkeye.
Le système Erieye a été développé à partir de 1985 et douze avions ont été fabriqués entre 1994 et 1998. Les avions servent ou ont servi dans les pays suivants : Suède, Thaïlande, Emirats Arabes Unis et Grèce. Depuis la fin 2023, la Pologne a reçu les deux appareils qui appartenaient autrefois aux EAU.
La suède disposait donc jusqu’à présent de deux avions entrés en service à la fin des années 1990 et principalement utilisés pour surveiller la mer Baltique et ses environs. Leur remplacement était d’ores et déjà prévu avec la commande en juin 2022 de deux S-106 GlobalEye. Il s’agit cette fois d’une version modernisée du radar Erieye montée sur un avion d’affaire Global 6000 de Bombardier.
Les Suédois viennent d’annoncer que la livraison de ces avions serait non seulement accélérée pour compenser le don à l’Ukraine, mais qu’en outre un troisième avion serait commandé. Avec le Global 6000, le radar est emporté plus haut et sa portée de détection est largement augmentée.
Même s’il ne représente pas le summum en matière de détection, le Saab 340 reste quand même une très bonne affaire pour l’Ukraine, d’autant que les avions suédois ont vu leur système de mission modernisé il y a une dizaine d’années. La Suède s’est engagée à fournir l’environnement technique de l’avion et sans doute aussi entrainer les équipages qui vont devoir acquérir très vite des savoir-faire complexes. Peut-être des synergies seront-elles trouvées avec la Pologne ?
Si les choses étaient bien faites on pourrait même penser que la formation a commencé avant l’annonce publique de la cession. Et dans un monde parfait, il n’y aurait eu aucune annonce du tout et les Ukrainiens auraient fait la surprise à la Russie d’un choc de simplification dans son ordre de bataille. Mais comme le monde n’est pas parfait et l’heure est à la communication, les Russes vont pouvoir se préparer à contrer ce nouvel outil…
Ce qui veut dire que les Ukrainiens devront être extrêmement prudent dans l’emploi de leurs avions, en les gardant suffisamment en retrait de la ligne de front pour les mettre à l’abri de toute tentative d’interception. Mais plus ils se mettront en retrait, plus leur efficacité sera réduite. L’équation est classique. Le plus grand danger se trouvera donc peut-être au sol, autant pour les avions que pour les installations de préparation et d’exploitation des missions. Satellites et services de renseignement russes se lanceront rapidement dans la chasse aux Saab et il est probable que le ou les avions devront changer très souvent de terrain pour ne pas se faire surprendre au nid.
L’ACS 890 pourra être utilisé pour les missions de surveillance et de contrôle de l’espace aérien. Il sera aussi et surtout un formidable multiplicateur de force pour les F-16 en optimisant leur emploi. Si la possibilité existe pour l’Ukraine d’avoir accès à la liaison 16 de l’OTAN, les uns et les autres pourront échanger des informations tactiques en toute discrétion, avec à la clef la possibilité de créer quelques mauvaises surprises à l’aviation russe.
De tels échanges permettraient également aux batteries de missiles sol-air fournies par les pays occidentaux de travailler en faisant encore moins usage de leurs propres radars. L’avion radar aura également un rôle à jouer en mer Noire en resserrant un peu plus encore l’étau sur la flotte russe. La détection et le suivi de raids de drones sera également facilitée, mais avec seulement deux avions, les Ukrainiens ne pourront pas assurer une surveillance permanente du champ de bataille.
Quoiqu’il en soit, la mise en service concomitante des avions radar et des F-16 promet de donner des ailes à l’aviation ukrainienne. La Belgique a confirmé très récemment qu’elle ne fournirait pas moins de 30 F-16 à Kiev. On en est maintenant à un peu plus de 80 appareils promis par les uns et les autres, avec des livraisons qui pourraient s’échelonner entre cette année et 2028.
Dernière pièce du puzzle qui se met en place, la campagne en cours de destruction des moyens de détection russes. Après les deux Beriev AEW abattus en début d’année, les Ukrainiens s’intéressent de près ces dernières semaines aux sites de missiles sol-air de leur adversaire. Faute d’avoir su acquérir une domination aérienne totale dans les premières heures du conflit, la Russie se retrouve aujourd’hui placée face à un adversaire qui va progressivement chercher à prendre l’initiative dans la troisième dimension.
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