Fantasme ou futur proche ? La maquette à l’échelle 1 du TF-X qui trône sur le parking de Turkish Aerospace, pendant le salon du Bourget, est un excellent résumé des ambitions aéronautiques de la Sublime Porte : un chasseur furtif de la taille du F-22, rien que ça…
La maquette taille réelle exposée sur le stand de Turkish Aerospace montre un appareil de la classe des 25-30 tonnes, bimoteur, bidérive, long comme un jour sans pain et sans grande imagination sur le plan aérodynamique… Un clone de F-22 mâtiné de J-20 chinois, mais peu importe en fait. Car la conception d’un avion de combat qui se chiffre en milliards de Dollars est avant tout un symbole de souveraineté et un message adressé à la face du monde : regardez notre puissance économique, regardez notre savoir-faire technique… Accessoirement, un avion qui vaut son poids en or peut servir à protéger un espace aérien ou bombarder des populations récalcitrantes.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la volonté turque de développer un chasseur indigène dit « de 5ème génération », avec l’ambition d’occuper une place de premier plan sur la scène aéronautique. Le projet TF-X arrive en outre à une époque troublée pour Ankara, la Turquie étant très proche de se faire éjecter du programme F-35 à la suite de son choix en faveur du système de défense anti-aérienne russe S400.
Le pays est pourtant très impliqué dans le programme américain, avec les sociétés locales fabriquant très exactement 937 pièces, dont environ 400 sont « made in Turkey » en simple source. Le pays devait également acheter une centaine d’avions.
L’éjection de la Turquie va donc poser un casse-tête industriel qui finira bien par être résolu côté américain avec du temps et de l’argent, les carburant et comburant habituels du programme F-35. Les choses risquent en revanche d’être plus compliquées pour Ankara qui a beaucoup à perdre dans le brouille actuelle avec Washington et nous revenons là au projet TF-X.
Si le bras de fer se poursuit avec la Maison Blanche, il est probable que la Turquie devra faire une croix sur une participation américaine. Tous les équipements comportant des pièces made in USA seront même bannies de l’avion au nom de la législation ITAR.
Turkish Aeropace a annoncé par le passé son choix en faveur du General Electric F110 pour la motorisation de son futur avion. Le réacteur équipe déjà les F-16 locaux et il est bien connu de l’industrie turque qui en assure l’entretien. Renoncer au F110 et concevoir localement un réacteur de cette catégorie serait un projet au moins aussi ambitieux que le développement de l’avion lui-même.
Au-delà de la motorisation, les Turcs devront également développer en local les commandes de vol électriques, l’avionique et l’optronique, le radar à antenne active et balayage électronique, les munitions, sans oublier la sacro-sainte furtivité. Pour recruter des compétences en dehors de ses frontières, Turkish Aerospace a créé une filiale en Grande-Bretagne.
Mais nul ne peut dire aujourd’hui jusqu’où ira la crise avec les Etats-Unis, quels en seront les impacts sur la coopération avec « l’Occident » et sur un éventuel renforcement des liens cette fois avec Moscou. Le calendrier annoncé par Turkish Aerospace est à la fois ambitieux et lointain : si la première présentation d’un prototype est évoquée pour les 100 ans de la république turque en 2023, une éventuelle mise en service n’est pas prévue avant 2030…
Frédéric Lert
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Ça a l'air jolie... sera t-il le meilleur avion de chasse furtif de l'UE ?
La Turquie ne fait pas partie de l'UE et je doute que les turcs soient en mesure de fabriquer un tel avion, surtout au nveau des américains et français.