L’A400M prend la PO !

La permanence opérationnelle participe à la protection du territoire en maintenant des chasseurs en alerte au sol H24. L’A400M est désormais intégré au dispositif pour fournir le ravitaillement en vol nécessaire.

Jusqu’à présent, le ravitaillement en vol était l’affaire des Airbus MRTT et des trois derniers KC-135 des forces aériennes stratégiques, tous basés à Istres.

La montée en puissance de la communauté A400M à Orléans permet d’ajouter une pion sur l’échiquier de l’armée de l’Air et de l’Espace. Celle-ci annonce que « les A400M de l’escadron de transport 4/61 Béarn sont désormais intégrés à la chaine de posture permanente de sécurité (PPS) ». Une situation qui s’est traduite début mars par la tenue de l’alerte par l’escadron de transport. Un avion équipé de nacelles de ravitaillement en vol et un équipage étaient ainsi maintenus disponibles avec un court préavis pour ravitailler en vol les Rafale ou Mirage 2000-5 de la permanence opérationnelle susceptibles de décoller au coup de sifflet bref.

L’A400M a la possibilité d’emporter des réservoirs supplémentaires en soute. Mais sans aller jusque-là et simplement en utilisant sa capacité propre, l’avion est déjà capable de livrer environ trente tonnes de carburant, tout en gardant l’usage de sa soute. A noter que l’Espagne, qui ne dispose pas d’avions spécialisés dans le ravitaillement en vol, a été une pionnière dans l’utilisation de l’A400M dans les missions de ravitaillement en vol, bien avant la France.

Si les chasseurs de la PO sont susceptibles de décoller en quelques minutes seulement, la mise en œuvre d’un ravitailleur exige un préavis plus important mais qui reste compatible avec les exigences de la police du ciel.

Un chasseur dispose d’une autonomie supérieure à une heure et il peut être rapidement relayé par le deuxième avion du plot de la PO, ce qui laisse quelques dizaines de minutes au ravitailleur pour intervenir. Le cas échéant, il serait également possible de détourner au profit de la PO un ravitailleur en mission d’entrainement dans le ciel français.

C’est d’ailleurs ce qui s’est produit au milieu des années 1980, quand l’interception des bombardiers stratégiques soviétiques au large de la Bretagne par des Mirage F1C avait exigé d’improviser en faisant appel à des C-135F en mission d’entrainement dans le ciel français. Par la suite la PO fut installée en Bretagne pour réduire les délais d’intervention sur la Manche et l’Atlantique et un ravitailleur fut maintenu en alerte à Istres pour cette mission de police du ciel. 

L’ajout des A400M dans le pool des avions mobilisables est donc une bonne chose pour la flexibilité des opérations, mais elle va se traduire par des contraintes supplémentaires à Orléans où la flotte des avions de transport est déjà très sollicitée.

La France ne dispose aujourd’hui que de 24 A400M, un 25^ème est attendu dans le courant 2025 et 35 devraient être livrés en 2035. A cela s’ajoute la question de la disponibilité des nacelles de ravitaillement en vol qui sont installées au coup par coup sur les avions. Leur emport pose des contraintes fortes sur les cellules ce qui empêche leur montage permanent.

Des contraintes que l’on retrouve également sur les équipages dont une partie seulement est formée à la mission. Autant de limitations avec lesquelles les escadrons d’Orléans devront jongler pour assurer les alertes de la permanence opérationnelle.