Sous la contrainte du COVID 19, l’aéronautique navale fait désormais appel à la visioconférence pour la phase de présélection de ses futurs pilotes. Et ça marche !
Sur la base aéronavale Lanvéoc-Poulmic, l’Ecole d’Initiation au Pilotage escadrille 50S (EIP 50S) a comme mission la sélection des futurs pilotes de la marine. Un travail qui se fait depuis plusieurs décennies d’abord par une étude des dossiers des candidats, puis par des entretiens individuels avant de se clore par une phase de sélection en vol à bord de Cap 10. Cette façon de faire est unique en France, puisque l’Armée de l’air et de l’espace et l’Armée de Terre sélectionnent leurs futurs pilotes uniquement par des phases à terre. Les vols ne débutent qu’avec les premières phases d’instruction, une fois la sélection initiale passée.
« La mission de l’EIP-50S n’est pas d’apprendre à voler aux EOPAN (Elèves Officiers Pilotes de l’Aéronautique Navale) explique son commandant, le capitaine de corvette Johann Szychowiak. Nous sommes là pour évaluer leurs réactions en vol, leurs capacités de progression face à des missions qui vont s’enchainer rapidement, avec des exigences croissantes ».
Au sein de l’EIP-50S, un EOPAN accumule une vingtaine d’heures de vol en 14 missions. Le cursus est conçu pour évaluer la capacité du candidat à apprendre et à restituer ce qui est montré par l’instructeur. Une première expérience du vol en aéroclub est toujours bienvenue, mais attention de ne pas trop en faire : une expérience trop ancrée dans le monde civil pourrait être un obstacle à l’apprentissage des modes opératoires démontrés à Lanvéoc…
Ces dernières années, la phase des entretiens individuels préalable aux vols de sélection se faisait directement dans les locaux de la flottille, avec comme point d’orgue le passage devant un jury de quatre ou cinq officiers. Une étape stressante, mais ô combien révélatrice sur les motivations des jeunes gens. Depuis 2020 et l’irruption du COVID19, cette étape se fait désormais par visioconférence.
« Malgré les blocages induits par la pandémie, nous devions continuer les recrutements souligne le capitaine de corvette Johann Szychowiak. Nous avons donc choisi de décentraliser le processus de présélection et nous avons organisé ces sessions de visioconférence, avec à la clef de très bons résultats. Jusque là, le déplacement à Lanvéoc était très contraignant pour des jeunes qui étaient souvent étudiants ou même déjà entrés dans la vie active. Bloquer une dizaine de jours pour suivre les phases de présélection était souvent compliqué pour eux. La flexibilité apportée par la visioconférence a permis de doubler le nombre de candidats : nous sommes passés de 200 par an en 2019 à près de 500 aujourd’hui ! »
Avec la nouvelle procédure, les tests de connaissances générales se font dans un CIRFA (Centre d’information et de recrutement des forces armées). Il y en a 104 en France, dont une cinquantaine où la Marine est représentée. L’évaluation du niveau d’anglais se fait ensuite par visioconférence avec un professeur de l’EIP. Si les étapes précédentes ont été satisfaisantes, le candidat rencontre ensuite en visioconférence le jury de l’école.
« Nous évaluons chaque semaine cinq ou six candidats » précise le capitaine de corvette Johann Szychowiak. Tous les visioconférences se font depuis un CIRFA, ce qui permet de placer le candidat dans un environnement militaire. Certes nous perdons avec l’écran le contact direct et une partie de la communication non verbale. Mais nous nous sommes rendus compte que l’on comprenait tout de même beaucoup de choses sur le candidat… Si les résultats nous plaisent, le dossier est validé et le candidat est ensuite envoyé à Toulon pour y passer une visite médicale ».
Cette façon de procéder apporte certes une plus grande flexibilité, ce qui se traduit par une hausse spectaculaire du nombre de candidats, mais elle se traduit notamment par l’abandon de la sélection sportive préalable. « Ce n’est pas gênant plaide le capitaine de corvette Johann Szychowiak. D’abord parce que la plupart des candidats sont très affutés physiquement. Ensuite parce que les élèves s’entrainent régulièrement pendant la phase de sélection pour améliorer leur résistance physique en vol. Nous les conseillons sur le niveau de performances à obtenir pour réussir la sélection. Car il y a toujours des épreuves sportives, la différence étant que ce n’est plus une barrière d’entrée pour la sélection en vol, mais c’est devenu une barrière de sortie pour réussir cette sélection ».
Cette réforme de la sélection arrive à une époque où l’aéronautique navale augmente sensiblement son flux de formation. Elle prévoit le recrutement de 45 pilotes en 2023, soit une quinzaine d’officiers issus de l’Ecole Navale (accessible sur concours après les classes préparatoires) et une trentaine d’officiers pilotes recrutés après le bac, destinés à des carrières courtes. Sur ce total, une douzaine de pilotes seront orientés vers la chasse embarquée, les autres se partageant entre les hélicoptères et la patrouille maritime.
Frédéric Lert
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