Un voyage officiel du premier ministre Edouard Philippe, entre Nouméa et Paris, met en lumière les exigences de confort du gouvernement, et accessoirement le vieillissement des deux A340-200 de l’escadron de transport Esterel.
Et c’est ainsi que l’A340 est devenu du jour au lendemain l’avion le plus célèbre de l’armée de l’Air. Mais ce ne durera pas, on prend le pari que le Rafale reprendra très rapidement sa place en tête de peloton.
A l’origine de cette notoriété soudaine, le choix du premier ministre de rentrer de Tokyo, accompagné d’une délégation d’une soixantaine de personnes, à bord d’un vol affrété, de préférence à un Airbus militaire.
Le rôle d’Aerobuzz.fr n’est pas juger du bien fondé de cette décision qui agite le Landerneau mais de rappeler quelques éléments sur ces avions blancs au discret liseré tricolore mis en œuvre par l’Escadron de transport 3/60 Esterel.
Les deux Airbus A340-200, MSN 75 et 81, ont volé tous les deux pour la première fois en février 1995. Ils ont connu une première carrière sous les couleurs d’Austrian Airlines avant d’être rachetés par une filiale de la Caisse d’Epargne adossée à la compagnie aérienne TAP, dans le cadre d’un appel d’offre lancé par la France pour la fourniture d’heures de vol.
Dans la vie courante, cela pourrait s’appeler une location longue durée. Dans le langage technocratique, c’est un « financement innovant ». Nettement plus joli. Ces avions, F-RAJA et F-RAJB, sont destinés à être remplacés à terme par les premiers Airbus A330 MRTT. Les bimoteurs porteurs de la cocarde serviront simultanément de ravitailleurs et de transporteurs stratégiques.
Les A340-200 ont pour mission principale le transport de militaires et de fret dans le cadre des opex, sur les théâtres d’opération les plus éloignés. Le mot important dans la phrase qui précède, c’est « militaires », synonyme de « rusticité », « frugalité » ou encore « discipline ». Ponctuellement, les avions peuvent également être sollicités pour le transport des autorités gouvernementales et de leurs accompagnants. Mais c’est une mission secondaire.
F-RAJA et F-RAJB ont donc bientôt 23 ans et la beauté de la chose, c’est qu’ils n’ont pas évolué. Le temps s’est figé à bord avec un aménagement cabine comme il s’en faisait au temps du Franc et de la Renault 21. Ce qui change peu de chose finalement pour la classe éco, mais bouleverse en revanche les habitués des classe affaires et même des « first ».
Contrairement au propos prêtés à Matignon par l’AFP, les deux A340 disposent bien de sièges « business ». Pour être précis, l’aménagement de la cabine est modulable et peut être configuré totalement « éco », en 2+4+2, ou bien avec une partie de la cabine en « business », en 2+2+2.
Le hic, c’est que si les sièges de la classe affaires sont profonds et larges, ils sont loin d’offrir le niveau de confort des équipements actuellement installés sur les meilleures compagnies aériennes. Pas de possibilité d’obtenir un lit plat, pas de cloisonnement pour préserver l’intimité du passager, pas de prise électrique ou USB…
Pour la première partie de sa tournée, le premier ministre a donc volé en première classe sur un vol commercial entre Paris et Noumea. Une partie de la délégation suivait avec l’Airbus de l’armée de l’Air.
Sur le chemin du retour, le premier segment entre Noumea et Tokyo s’est fait pour tout le monde à bord de l’avion militaire. Puis, à Tokyo, une grande partie de la délégation a embarqué dans un vol affrété par Aero Vision : un A340-300 de la compagnie maltaise Air-X Charter au confort nettement supérieur, avec seulement une centaine de sièges de première classe et un salon dans la cabine.
L’A340 de l’Esterel est rentré pratiquement à vide rapportent les médias. Confort du premier ministre, confort de la délégation, exigence de rapidité… chacun se fera son avis sur l’opportunité du choix qui a été fait par les services de l’état.
On ne perdra pas de vue toutefois que l’armée de l’Air utilise les moyens qu’on lui donne et qu’on ne saurait lui tenir rigueur de l’austérité de certains de ses équipements. Du militaire du rang au général largement étoilé, quelques dizaines de milliers de militaires ont passé la nuit à bord des A340 de l’Esterel avant d’aller crever de chaud ou mourir de froid dans les contrées les plus lointaines.
Les happy few qui ont eu le plaisir de voyager à bord de l’appareil affrété par Aero Vision s’en sont-ils souvenus ? S’en est-il même trouvé un pour se rappeler que les équipages français font la guerre et traversent parfois les océans pour des vols de 8, 9 ou 10 heures à bord de KC-135R construits il y a plus de cinquante ans, rachetés d’occasion par la France en 1997 et simplement équipés d’un urinoir parce qu’installer de véritables toilettes aurait fait trop mal au budget de l’état ?
Frédéric Lert
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Voilà qui est bien dit. avec pudeur et délicatesse. Ces gens là, m'sieur.... sont bien tous les mêmes !