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Défense

L’ALAT donne du relief à ses entraînements

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Frédéric Lert

Pour son grand exercice annuel Baccarat, l’ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre) a bousculé ses habitudes en allant s’entrainer dans les Alpes. Un choix délibéré de confronter les équipages aux pièges classiques liés à la météo et à l’aérologie. Le Covid-19 en plus…

C’est une tradition qui commence à s’installer : tous les ans, l’ALAT organise son exercice Baccarat permettant de réunir sur un même terrain, et dans un environnement interarmes très complet, les trois régiments d’hélicoptères de combat (RHC) appartenant à la 4ème brigade d’aérocombat (BAC) : le 1er RHC de Phalsbourg, le 3ème RHC d’Etain et le 5ème RHC de Pau.

Pour la quatrième édition de Baccarat, une trentaine d’appareils et 1.600 soldats de l’armée de terre ont été mobilisés.

Pour l’Alat, il s’agissait de jouer un combat de haute intensité sur un terrain de jeu couvrant quatre départements entre Valence, Grenoble, Gap et Briançon. Beaucoup de montagne donc, et un adversaire qui était voulu puissant et sophistiqué : tout l’inverse de ce à quoi les hélicoptères français font face dans le Sahel depuis bientôt  dix ans avec les opérations Sabre, Serval et Barkhane.

Renouer avec le vol en montagne

« Les trois premières éditions de Baccarat ont eu lieu entre Marne et Vosges avec de nombreux  champs de tir et quantité d’emprises militaires sur lesquelles nous pouvions nous reposer pour la logistique » explique le général Frédéric Gout, commandant la 4ème BAC. « Avec cette édition, je souhaitais bousculer les habitudes, sortir de la routine. Nous avons quitté l’Afghanistan depuis bientôt dix ans et la génération de pilotes qui avait participé à cette OPEX aura bientôt totalement quitté les régiments. Nous aurons très bientôt perdu l’expertise montagne que nous avions acquise là-bas ».

Bien évidemment, les opérations au Sahel font que la montagne n’est pas une priorité. Et le tempo de l’engagement opérationnel est tel que les occasions de tutoyer les sommets ne sont pas courantes.

Baccarat a ainsi représenté une opportunité de rattraper le retard en confrontant les équipages aux pièges classiques liés à la météo et à l’aérologie. « Il est très facile de se laisser enfermer dans une vallée par une météo qui change rapidement note le général Gout. Nous en avons une démonstration éclatante pendant la journée VIP, quand il a fallu écourter les présentations parce que le col du Lautaret était en train de se boucher. A contre-coeur, il fallait alors prendre la décision de ramener nos invités à Grenoble… »

Une vingtaine d’appareils étaient basés sur l’aérodrome du Versoud, avec une large proportion de Tigre, Caïman et Cougar. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Face au COVID-19

Au-delà de la météo, l’ALAT a dû faire face également cette année à un autre ennemi bien plus coriace encore, le COVID-19. « Trois jours avant la date programmée, je ne savais toujours pas si l’exercice allait pouvoir être joué » souligne le général Gout. Trois jours, c’est peu quand il s’agit de mobiliser 27 unités de toute l’armée de Terre, du service de santé des armées (SSA) et du service des essences des armées (SEA) !

« Tous les soirs, nous faisions le point sur la situation sanitaire avec la possibilité d’arrêter l’exercice sur le champ en cas d’alerte et donc de nécessité. »

« Nous étions en contact étroit avec les autorités sanitaires et préfectorales pour connaitre les conditions précises dans lesquelles nous pouvions quand même lancer l’exercice. Et in fine, nous avons eu le feu vert 72 heures avant le coup d’envoi avec la contrainte de mettre en place un système de suivi draconien : port du masque en permanence pour tous les acteurs et prise de température tous les matins. En cas de symptômes, nous avions la possibilité d’isoler le malade et de le tester immédiatement. Nous recevions les résultats de ces tests en 24 heures. Tous les soirs, nous faisions le point sur la situation sanitaire avec la possibilité d’arrêter l’exercice sur le champ en cas d’alerte et donc de nécessité. Avant le début de l’exercice, j’ai fait le tour de toutes les unités participantes pour bien faire passer le message. Nous avons finalement enregistré une douzaine de cas suspects qui se sont tous avérés négatifs ».

Malgré les contraintes posées par le COVID, les Britanniques ont tout de même tenu à participer à l’exercice Baccarat avec deux AH-64D Apache. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Le « go » a donc été donné le jeudi 10 septembre 2020 au soir. Mais la situation sanitaire a tout de même lourdement pesé sur la participation des unités étrangères invitées. Les Espagnols, qui étaient venus l’année précédente avec un régiment d’hélicoptères au complet et une compagnie d’infanterie, ont joué la prudence en déclinant l’invitation. « Un choix raisonnable que je comprends parfaitement » note le général Gout. Les Britanniques, également prévus, ont sauté le pas mais avec un contingent très réduits et seulement deux hélicoptères de combat. L’effort est d’autant plus méritoire que l’ensemble du détachement, une trentaine de personnes, aura l’obligation de se placer en quatorzaine de retour en Grande-Bretagne.

Plusieurs points de ravitaillement avancées avaient été installés sur le terrain d’exercice. Un mode opératoire maitrisé de longue date par l’ALAT. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

La mer après la montagne

La réussite de l’exercice et l’intérêt qu’ont pu y trouver les équipages (950 heures de vol enregistrées en dix jours) plaident pour la création de scénarios innovants pour les années à venir. Après la montagne, la 4ème BAC va d’ailleurs plancher pour l’année prochaine sur une édition à forte connotation amphibie, avec la participation à l’étude d’un ou deux Porte-Hélicoptères d’Assaut (PHA) de la marine nationale.

Frédéric Lert

 

 

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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  • L'ALAT retrouve avec l'hélicoptère la vocation première de l'appareil : privilégier la 3ème dimension...Corée, Indochine, Algérie, Vietnam ont validé cet emploi du fait de leurs reliefs difficilement accessibles et qui pourtant sont l'objectif militaire primordial car qui tient les crêtes tient les vallées...
    Puis la guerre froide en Europe en a fait un char canon (Alouette canon et missiles) et un VTT (Puma) volants...pour les vastes plaines du centre Europe, en priorité la trouée de Fulda...L'espoir du personnel sous officier était bien au sein de la cavalerie d'obtenir sa convertion poura appartenir à la cavalerie volante (A l'image de la First Air Cav' US déployée au Vietnam)...En 71 à Phalsbourg, cohabitaient camp La Horie, ex-base OTAN, le 1er RChasseurs (à cheval) et le GALCA...et le CRALAT !

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