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Défense

L’armée de l’air crée sa filière de formation « pilote de drone »

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Gil Roy

Pour faire face à des besoins croissants en équipages de drones, une filière supplémentaire de recrutement et de formation de pilotes est mise en place en France. Officiers sous contrat. Carrière courte. Recrutement au niveau Bac. Formation vol aux instruments (IR) sur avions légers.

L’escadron de drones 1/33 Belfort qui met en œuvre les MQ-9 Reaper dispose aujourd’hui de cinq appareils (un Reaper a été perdu sur accident en novembre 2018) et d’une vingtaine d’équipages qualifiés. Un équipage est constitué d’un « pilote à distance », d’un opérateur capteur, d’un coordinateur tactique (officier renseignement) et d’un analyste image.

Une filière de formation de pilotes de drone à part entière

Les plans actuels prévoyant la mise en œuvre de 24 drones MALE d’ici 2030, la règle de trois est vite vue : il va falloir former quatre fois plus d’équipages !  Le point dur, celui pour lequel l’urgence est la plus grande, c’est bien le pilote. Le Reaper est un véritable avion de quatre tonnes, motorisé par une turbine de 900 cv, une vitesse maximale de 240 kt et très bientôt, avant la fin de l’année, la capacité de tirer des bombes à guidage laser. Tout sauf un jouet donc.

Pour faire face à ce besoin en pilotes, l’armée de l’Air a donc fait le choix de créer une filière spécifique dans ses écoles de pilotages, à côté de celles déjà existantes pour la chasse, le transport ou les hélicoptères. Il s’agira d’officiers sous contrat, destinés à des carrières courtes d’une vingtaine d’année, avec un recrutement à partir du niveau BAC. Identique donc en tous points à ce qui se pratique déjà pour les autres aéronefs.

Un cursus ab initio sur Cirrus et Grob 120

La première phase de la formation pour ces « ab initio » (par opposition aux actuels pilotes de drones venus des forces, avec une expérience préalable) se fera à Salon de Provence et elle sera pilotée par le Centre d’Excellence Drone. L’organisme, qui était jusqu’à présent plutôt orienté vers la recherche, voit donc sa mission considérablement évoluer. Les élèves recevront une formation spécifique, mais ils apprendront également le pilotage sur les Cirrus du CFAMI. A la fin de cette première phase, ils auront gagné un PPL avec également une solide formation IFR.

La deuxième phase les emmènera ensuite au sein de l’Ecole de pilotage de l’armée de l’air de Cognac, où ils se perfectionneront sur Grob 120. Après cette première année consacrée à l’apprentissage du pilotage, la formation sera complétée par une deuxième année  qui se passera toujours à Cognac, mais cette fois au sein de l’Ecole de transformation opérationnelle sur drone (ETOD) puis de l’escadron de drones 1/33 Belfort pour acquérir le savoir-faire tactique.

L’augmentation spectaculaire des besoins pour les années à venir pousse l’armée de l’Air a créer un nouveau cursus spécifiquement conçu pour les futurs « pilote à distance ». © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr

Des pilotes à part entière

Une fois versés en unité, ces ab initio, frais émoulus des écoles, retrouveront d’autres pilotes plus expérimentés, issus cette fois des autres escadrons de l’armée de l’Air. L’institution envisage deux tiers d’ab initio pour un tiers en provenance des forces, et elle compte sur ce mélange des genres pour faciliter la transmission du savoir-faire.

Signe également de la volonté de former de vrais pilotes et de dynamiser leur carrière, l’armée de l’Air annonce par ailleurs que les pilotes à distance pratiqueront aussi une activité régulière de pilotage à bord d’appareils plus classiques. Elle songe notamment à leur confier le pilotage des futurs ALSR (appareil léger de surveillance et de reconnaissance) : des Beechcraft King Air 350 commandés à 8 exemplaires et porteurs de capteurs assez similaires à ceux du Reaper.

« Nous ne recherchons pas des geeks pour piloter nos appareils » insiste-t-on au sein du Belfort. « Nous voulons des gens sociables, capables d’apprendre en communauté et de travailler en équipage et qui seront immergés au cœur des opérations ». Avis aux amateurs !

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Bonjour,
    petite précision (personnelle?) sémantique.
    Il n´y a pas de "pilote" de drone mais un opérateur. Un pilote et encore mieux un aviateur vole dans/avec sa machine.

    Et pour détendre l´atmosphère rien de mieux que la chanson "The Predator Eulogy" de Dos Gringos et ce petit extrait :D
    ...
    Now I´m gonna have to ask ladies and gentlemen,
    What happens when you get you Predator/Reaper shot down?
    I don´t know? is that a sad moment?
    Or do you say, "f*** it, I´m gonna get a cup of coffee!"
    ... "my third one of the hour!"

    They shot down the predator
    I wonder how that feels
    For that operator who lost his set of wheels
    It must feel so defenseless
    Like clubbing baby seals
    They shot down the predator
    I wonder how that feels...

    Bonne semaine!
    Maxime "Vieux Bandit!"

    • Le mot pilote et le verbe piloter ne sont absolument pas réservés à l'aviation. Lorsqu'un gros bateau arrive en vue de sa destination, ou s'il doit franchir un passage difficile comme un canal, il demande l'assistance du pilote du port ou le pilote du canal. Un nouvel arrivant peut se faire piloter dans une ville, tout autant.

      • c´est bien pour cela que j´ai écrit "machine".
        Le pilote du bateau (par ex.) est présent sur le bateau... à contrario de l´opérateur de drone qui contrôle le drone (peut importe volant ou non) à distance.
        Nous sommes sur un site d´informations aéronautiques donc quoi de plus normal que de parler de ce domaine. ;)

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